Jean-Paul II. Rainier III. Même combat?
Non. Ne vous indignez pas.
Il n'est pas dans notre intention de prendre à la légère ou de manquer de respect à ces deux hommes qui nous sont proches, simplement d'ailleurs, parce que la fin qui les menace nous menace aussi. A plus ou moins long terme, évidemment. Mais seule la proximité change. Il n'est pas mauvais de le rappeler.
Non. Ce même combat que nous évoquons est, en premier lieu, ce qui les rapproche et qui nous les rend plus proches aussi.
Au dernier, ou aux derniers, moments de leur vie, quel bilan peuvent-ils en faire?
Non pour ce qui est de leur réussite. Ils semblent bien avoir atteint un niveau plus qu'honorable, si l'on s'en tient à des valeurs purement matérielles.
Mais encore? Pour ce qui est de ce qu'ils auront bien pu, grâce à leurs pouvoirs respectifs, apporter de mieux-être à leurs semblables. A leur génération.
Certes, ils sont l'objet d'un culte, religieux dans les deux cas. Pour preuve? Leur départ, pas très élégamment annoncé, voudrait être repoussé à grands renforts de prières et de cierges brûlés.
Justement, les prières et les cierges, les leurs et celles et ceux des masses qui les révèrent, les adulent, ont-ils, à ce jour, dans le temps et l'espace, empêché quoi que ce soit pour ce qui est des massacres, des catastrophes, des misères individuelles et collectives que nos deux éminents personnages combattaient ou étaient censés combattre. Par l'exemple pour commencer.
La pauvreté a-t-elle regressé? La cruauté a-t-elle diminué? L'avidité est-elle disparu? L'enrichissement des dominants aux dépens des dominés n'existe-t-il plus? La compassion des gouvernants est-elle devenue la règle? Les petits sont-ils mieux écoutés, exaucés? Le culte de l'homme, des puissants en particulier s'est-il éteint? L'amour des humains, entre eux, du prochain, est-il désormais la règle?
Certes, leurs efforts n'ont pas manqué. Les gazettes journalo-radio-télévisées n'ont, elles non plus, pas manqué de le souligner. Sans pouvoir, évidemment, en mesurer les effets. Mais quelle importance?
Ces mêmes gazettes ont alimenté, jusqu'à l'indécence cette appétence des petites gens pour le culte des demi-dieux. Pas innocent: cela permet d'engranger les recettes de pub attachées à l'Audimat et au tirage.
Jusqu'à l'indécence? Jusqu'à l'obscénité: les numéros spéciaux des nécrologies sont paufinés depuis belle lurette. Et l'atelier et la régie n'attendent plus que les bons à tirer: les pages spéciales vont pleuvoir, les heures d'écoute nous envahir, on ne boulottera que ''çà'' durant, oh allez, une semaine, voire deux. Guère plus. Il faudra, bien sûr et très vite, aller presto chercher sa pitance ailleurs. Le public est versatile allez...
Aaaahhh! Au fait! Si seulement ils pouvaient ne pas mourir en même temps!Imaginez le problème! Double évènement dramatique. Confusion des genres. Oh certes, la ''malheureuse'' coïncidence serait soulignée, à grands traits, pour rendre l'évènement plus "extraordinaire", plus chargé de sens. Mais dans les rédactions le surcroit de boulot tournerait quasiment au cauchemar.
Et puis la perte de pub, imaginez! Alors qu'"on" pourrait faire deux fois le même bon coup, il faudra compresser le tout en une seule fois.
Catastrophe!
Enfin.
Il ne reste plus qu'à prier. Et à brûler des cierges.
Bof! Vous rigolez non?
Mais non, voyons. On sait jamais. Des fois que çà serve.
Combat contre la Mort? Combat contre l'abrutissement des masses?
Deux combats perdus d'avance.