On entend depuis quelques jours, voire semaines, des appels pressants des élus, de tous bords d'ailleurs, rappelant aux Français qu'ils ne doivent pas confondre politique intérieure et scrutin pour ou contre la Constitution Européenne.
Désolés, mais on ne saisit pas parfaitement bien la justification de ces appels. De ces incitations. Voire de cette quasi obligation qui est faite aux citoyens de dire OUI, une fois pour toutes.
En effet, si la République et la Constitution, - la nôtre -, ont depuis belle lurette reconnu, à ces citoyens, le droit de dire OUI...ou NON, on ne comprend pas très bien pourquoi il faut absolument leur faire dire OUI.
D'autant qu'entre ceux qui diront OUI et ceux qui diront NON, nous sommes prêts à prendre les paris sur le très haut (?) degré de leurs connaissances et a fortiori de leurs compréhensions non seulement des articles de la-dite Constitution mais surtout des situations que vont impliquer l'un ou l'autre de leurs choix, à court et long termes.
Question: les scrutins consisteraient-ils donc, aujourd'hui, à pousser les électeurs à adopter une attitude qui paraît préférable à ceux qu'ils ont élus?
Mais si d'autres, qu'ils ont élus aussi , affirment le contraire?
Que devient, dès lors, le respect et la confiance dues à ces élus du peuple?
Et puis, deuxième question: si le mécontentement vis-à-vis de la situation économico-politique actuelle semble, lui, augmenter de jour en jour, ne signifie-t-il pas, justement, une perte de confiance, non pas nécessairement dans les élus, de tous bords, mais dans les choix qu'ils font et que les électeurs craignent de voir se renouveler?
Si mauvais choix hier, qu'en sera-t-il de ceux de demain?
Sans oublier que ces choix frappent, invariablement, au niveau du... porte-monnaie.
Vulgaire le niveau? Vulgaire la préoccupation?
Oui mais c'est bien pour résoudre ce genre de problèmes, vulgaires, que les électeurs ont donné mandats à leurs élus. Et de tous bords.
Quadrature du cercle hein?
Voyons...: si nombre de citoyens, et pas seulement des Français, craignent la libéralisation économico-démocratique semée, de force, à tous les vents de la planète par l'Oncle Sam (1), comment s'étonner qu'ils renâclent à être les dindons d'une farce dont vont se nourrir, se délecter les cadres et les actionnaires des multinationales en majorité étatsuniennes et pour tout dire, ignorant les frontières (2)?
Tout le monde le sait. Même si on tâche de ne pas le dire: en période de crise, et nous y sommes, les riches deviennent plus riches et les pauvres plus pauvres. Et les classes moyennes dégringolent vers les...plus pauvres.
Rappelez-vous Audiard:
"Le fric? Comment tu veux être riche si tu le partages?"
(1): Allons, allons... Qui y-a-t-il derrière nombre de problèmes européens, et par Grande-Bretagne interposée en plus, entrée en Europe comme le coucou dans le nid de ses voisins?
(2): L'argent n'a pas plus d'odeur que de patries. Ce fut un des arguments populistes de l'immédiat avant-guerre. Mais ce n'est pas parce qu'il fut utilisé, alors, à des fins politiques honteuses qu'il est sans valeur.