Judith Miller est en taule.
Et alors ?
Eh bien, Judith est la journaliste du New York Times qui a refusé de révéler ses sources au procureur Fitzgerald qui enquête sur d’éventuelles, voire même de vraies fuites, ayant concouru à révéler l’appartenance de Mme Plame à la CIA.
Grave ?
Très.
Révéler l’identité d’un agent secret revient à le désigner à la vindicte d’un tas d’individus et en particulier d’agents adverses et puissances étrangères ayant, selon les fluctuations de ce monde souterrain, travaillé ‘’avec’’ ou ‘’contre’’ lui ou elle dans ce cas.Par ailleurs et désormais, tous les contacts, toutes les personnes ayant frayé avec elle sont, de facto mis à découvert et, eux aussi en danger.
Bref, la faire connaître revient à la condamner à mort.
C’est ce qui lui est arrivé après que son mari, Joseph Wilson, ait été convié, par la CIA, à aller voir au Niger si Sadam Hussein y avait bien acheté de l’uranium à destination militaire.
Because M.D.W et autres A.D.M.
N’y trouvant rien, et probablement irrité d’avoir été roulé dans la farine puisque ses conclusions avaient été rendues publiques par l’entourage du président,…après avoir été ‘’corrigées’’ par l’administration Bush, M. Wilson s’en est ouvert au NYT qui a publié ses rouspétances sans barguigner...sauf que le même NYT, sous la plume d’un dénommé Charles Novak, révélait l’identité et l’appartenance secrète de l’épouse de M. Wilson !
A l’époque, on avait accusé la Maison Blanche ou son entourage d’avoir laissé ‘’fuiter’’ l’information pour déstabiliser, décrédibiliser, en fait gravement léser et punir M. Wilson.
S’en est suivi une enquête qui débouche non pas sur l’origine des fuites qu’on pourrait imaginer du côté de l’entourage présidentiel, voire de la CIA elle-même, ou de la nuée de néo et faucons qui ont la rancune solide, les moyens expéditifs et une morale chrétienne très spécifique.
L’enquête n’a même pas débouché, étonnant non ?, sur une mise en cause de M. Novak qui lui est libre comme l’air, mais sur une autre protagoniste de cette histoire, Mme Miller qui, elle, a refusé de communiquer ses sources.
Et se retrouve aujourd’hui en prison.
Entre parenthèses, le fait qu'elle soit une femme, de surcroît, n'a pas l'air de gêner beaucoup la morale chrétienne et la délicatesse de sentiments bien connues de l'administration américaine.
En prison donc.
Et pour un bon bout de temps probablement et en tous cas dans pas mal d'ennuis, vue la hargne du proc et l’empressement relatif du New York Times à la faire sortir de sa geôle.
Sans oublier le manque de témérité - pour le moins – de tous ses copains journalistes américains qui semblent avoir oublié les combats de leurs grands anciens pour la liberté de la presse et d’expression pourtant garantie par le premier amendement de la Constitution US.
Au fait, et RSF là-dedans ?
RSF veut bien dire Reporters Sans Frontières non ?
Oublié le combat pour la libération des journalistes prisonniers ?
Parce qu’aux Etats-Unis restreindre la liberté d’expression est moins urgent qu’en Irak ?
Parce que Mme Miller n’est pas menacée d’y laisser la peau ?
Parce qu’elle est supposée riche et pas pauvre ?
Parce qu’aux Etats-Unis, au fond, la vraie liberté d’écrire et de penser n’est pas vraiment menacée ?
Parce que les USA sont une démocratie ?
Et qu’en démocratie la liberté d’expression est garantie ?
La preuve!