Voilà voilà. Nos crânes d’oeuf vont nous sortir de là.
Nos rêves les plus fous vont se réaliser.
Désormais, et la crise va nous y aider, tout va aller on ne peut mieux.
Oh, bien sûr, les pauvres ne vont pas devenir riches mais, promis juré, et pas seulement par le nouveau président américain, les pauvres, eh bien, il n’y en aura plus.
Ou quasiment.
Après, certes, un dégraissage indispensable des revenus de nos smicards nantis, sans oublier ceux des classes moyennes, tellement gavées et repues qu’on se demande comment elles font pour ne plus alimenter un marché intérieur qui est en train de se racornir en creusant la vraie de vraie récession de 2009.
GROS BONNET D’ANE
Mais bon ! Passée la crise, vous allez voir ce que vous allez voir : le vilain méchant capitalisme qui nourrit les riches aux dépens des pauvres va changer. Il va devenir, promis-juré, le gentillet capitalisme qui nourrira les …riches au dépens des…pauvres.
Comment c’est tout pareil ?
Mais non Gaston.
Désormais des règles toutes différentes vont être édictées, La gentille patronne des patrons, Laurence Parisot l’a promis : si les inégalités dans l’entreprise persistent, et surtout si les grands patrons osent encore se gaver, eh bien elle les grondera très très très fort. Elle leur fera honte devant tout le monde. Voire les menacera de leur mettre un gros, mais alors très très gros bonnet d’âne.
Et leur criera bien fort : ‘’Hou les vilains méchants !’’
Peut-être, direz-vous, ce sera bien fait car auparavant, tout se passait dans l’honnêteté et la fraternité les plus pures mais, depuis quelques années, les malfaiteurs, les profiteurs, en un mot les escrocs ont pris les commandes de la planète?
Et bien, manifestement vous n’avez pas tout compris.
CONFORTABLES PRIMES
En effet, comme nous le serinent, à chaque coin de discours, nos responsables en chefs, la crise leur a, désormais, fait comprendre qu’il ne fallait plus faire de bêtises, en un mot, qu’il ne fallait plus être méchants avec leurs semblables.
En particulier, à l’égard des moins riches qu’eux mais surtout, parce qu’ils sont nettement plus nombreux, vis-à-vis des petits, des sans-grade, des faibles, les pauvres.
On vous le dit avec un viril mouvement du menton : désormais, tout ça c’est du passé, nos riches et super riches vont te nous concocter une refondation du capitalisme en tous points…identique au précédent.
Une preuve, parmi des milliers d’autres ?
Juste avant de percevoir une vingtaine de milliards de dollars de l’Etat US, les patrons de City Bank, de Wall Street et de leurs copains des banques américaines bénéficiaires des impôts payés par les contribuables, ont alloué, à toute vitesse, de confortables primes à tous leurs employés, en commençant par les PDG, et directeurs cela va de soi.
Probablement pour avoir mis le monde à genoux.
En France ? En France mon bon, après avoir promis juré (les promesses n’engagent que ceux qui y croient) que ‘’tout le monde allait participer à l’effort commun’’, les salaires et autres stock options sont aussi complaisamment distribués qu’avant la crise, les patrons du secteur automobile, bénéficiaires eux aussi, des subsides payés par les citoyens, continuent à licencier après avoir promis le contraire, les délocalisations vont bon train aussi allègrement qu’auparavant malgré les menaces spectaculairement terrifiantes que le monde politique a proférées à l’encontre des ‘’patrons voyous’’, bref, tout continue non seulement comme avant mais, en fait, le capitalisme n’aura pas connu d’avant ni d’après puisqu’il n’y aura pas eu, et il ne saurait y avoir, de changement compte tenu du fait que ce sont les mêmes principes qui sous tendent la machine à faire du fric.
PLUS CA CHANGE…
Un exemple ?
Celui de Total prêterait à rire s’il n’était aussi sinistre.
Parce que ses 14 milliards d’euros de bénéfice sont peu de chose, en somme, à côté des…85 milliards d’euros de bénéfices nets qu’ont accumulé les 40 entreprises du CAC 40 en 2008.
Evidemment, les actionnaires ont bien le droit de voir leur argent leur rapporter quelque peu et ce ne sont pas les quidams de notre genre avec leur minable livret A à 2,5% qui diront le contraire.
Cependant, lorsqu’un homme politique promet que ‘’tout le monde devra faire des efforts pour sortir de la crise’’, il serait, même pas moral mais simplement mathématiquement logique, que, véritablement, les actionnaires comme les salariés acceptent de ’’faire un effort’’.
En réalité, l’effort est fait par tout le monde sauf les actionnaires et le petit monde politico-médiatico-financier qui nous gouverne.
Une autre preuve ? En dix ans, les entreprises françaises ont accumulé une dette de plus de…200 milliards d’euros en ne payant pas leurs cotisations santé ce qui, entre autres résultats, de faire du trou de la sécu, un vrai tonneau des Danaïdes.
En clair : tous les discours qui veulent nous convaincre que les entreprises n’ont aucune responsabilité dans la crise, ne servent qu’à masquer soit l’impuissance, au mieux, soit, au pire, l’incompétence voire la tromperie, l’escroquerie pour dire le mot, qui est faite aux bons petits peuples qui continuent à croire que les promesses vont être suivies d’effets et que bientôt, vont se réaliser celles qui lui ont été faites il y a 220 ans, savoir que désormais, allait enfin régner en France, voire dans le monde, ces trois mots inscrits sur tous les documents et palais de la république ‘’liberté, égalité, fraternité’’.
Pendant une crise, ce serait pourtant bien le moment de les mettre en pratique non ?
Hélas !
Depuis lors, c’est fou que plus ça change et plus c’est pareil.
Je vous raconterai dans quelques jours, (1) comment, face à la crise, les pauvres s’en sortiront.
Enfin ceux qui pourront.
M. CARON
(1) …quand je trouverai la petite demi-heure pour…avec mes excuses pour ma lenteur à bosser depuis deux mois. Ce n’est pas le temps qui me manque mais l’accroissement exponentiel de la quantité de tâches à accomplir tous les jours…dans le même temps…