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  • ''HOME'': exploit ou esbrouffe?

    Surtout, ne vous fâchez pas .

    Il n’est pas dans notre intention de démolir le film que le monde entier, ne nous envie plus puisqu’il a été diffusé le même soir dans 120 pays différents.

    Non.

    Notre propos est, par contre, de raison garder à propos d’une œuvre qui n’a pas fait l’unanimité, tant s’en faut et pour de multiples raisons.

     

    UN PEU PAGAILLE…

    Primo, monsieur Arhus Bertrand est un photographe, pas un réalisateur de cinéma.

    ‘’Home ‘’ est un joli diaporama, pas un film. Le photographe l’a, d’ailleurs, reconnu, ‘’Nous n’avions pas de scénario, il s’est fait au fur et à mesure…’’ ;

    S’il le dit...

    Pour quelqu’un qui a des idées bien arrêtées sur l’art et la manière bien précis de sauver la planète, ça fait un peu pagaille…

    Mais pas amateur, tout de même, côté bénéfices de l’opération : tout est réglé pile poil.

    Par contre, côté professionnalisme journalistique et idéal écologiste, là, oui, ça sent un peu l’amateurisme, voire le bon prétexte vert à la mode, pour concocter un joli machin propre à faire rentrer des sous.

    C’est dommage mais évident dès les premières images.

    Car, pour ce qui est de l’art de tirer de fort belles photographies de la planète, Yann Arthus Bertrand est un expert. Il l’a démontré dans ses nombreux recueils de photos, comme ‘’Vu du ciel’’ ou ‘‘La terre vue du ciel’’

    Mais de film, de rythme, d’histoire à suivre, de schéma directeur, de colonne vertébrale avec les repères et pistes à emprunter, rien de rien.

    Il s’est donc contenté de transposer la plupart des images de ses bouquins en une suite de vues, sinon fixes, du moins guère mobiles, de ses précédentes oeuvres avec des vues en plus,

    C’est çà ‘’Home’’.

    Belles photos, saisissantes, impressionnantes certes, sur toute la ligne, mais une fois encore, suite interrompue de photographies ou de courtes séquences qui se suivent avec, au mieux, des commentaires d’une évidence d’une navrante fulgurance du genre, ‘’plus d’un milliard d’humains ont faim’’, ‘’deux milliards n’ont pas d’eau courante’’, ‘’la planète est en péril’’, ‘’nous n’avons plus que dix ans pour changer’’, ‘’nous pouvons changer mais il faut nous décider’’, ‘’prenons nous par la main’’, voire, ‘‘armons-nous et partez camarades’’ puisque le conseil qu’il répète désormais consiste non pas à aller corner aux oreilles des dirigeants qu’ils DOIVENT NOUS changer LEUR système, mais plutôt à culpabiliser les foules, en prenant quelques bénéfices au passage.

    Bref, il nous fait des constats horribles, affligeants, de l’état de la planète, mais qui ont été tellement entendus, lus et vus, qu’ils en sont devenus d’une consternante banalité.

    Il est vrai qu’il ne faut jamais cesser d’en parler.

    Néanmoins, il eut fallu apporter des preuves, expliquer par le détail, user d’images parlantes plus significatives, établir des relations de causes à effets, plutôt que d’asséner des évidences maintes fois répétées: tout cela aurait nettement plus enrichi le débat.

    ‘’Home’’ ? Un assez pâle remake du film d’Al Gore...dont, d’ailleurs, plus personne ne parle (Vous vous souvenez seulement du titre ?)…comme plus personne ne parle, déjà, de ‘’Home’’…

    Affirmer est bien, mais à quoi cela peut-il servir si les preuves manquent, si les solutions bien concrètes sont absentes.

    DEBAT CONSTERNANT

    Après le ‘’film’’, un débat a suivi, in fine, lui aussi, d’une affligeante banalité. Consternant même. Dirigé par Yves Calvi…c’est dire.

    Se sont affrontés des penseurs, à lunette ou pas mais tous du même tonneau, rabachant les mêmes litanies : ‘’la planète est en danger’’, ‘’dépêchons-nous’’, ‘’ayons les gestes salvateurs’’, ‘’préparons-nous à payer cher un nouveau mode de vie’’…d’ailleurs et sous-entendu, ’’en plus de la crise pour laquelle nous ne faisons que commencer à casquer.’’

    En fin de film, le photographe est donc allé rendre visite aux quelques 20.000 spectateurs du Champ de Mars et n’a eu cesse de répondre aux questions qu’à l’aide de son maître mot : ‘’C’est vous les responsables de l’avenir de la planète, c’est à vous d’agir.’’…

    Il s’est bien gardé de conseiller aux spectateurs d’aller camper devant l’Assemblée Nationale ou la permanence de leurs députés, ou encore, de manifester devant les sièges des multinationales, véritables pilleuses et dévoreuses, elles, de notre planète…celles, en particulier, qui ont financé le film à hauteur de 90% des 12 millions d’euros.

    OPACITé TRES RENTABLE

    Car, et afin que nul ne l’ignore, le groupe Pinault-Printemps-Redoute, avec ses produits de luxe et de grande diffusion, y a été de son écot.

    L’ennui, que l’on sache, est que les poids lourds de PPR, Conforama, la Fnac et la Redoute, entre autres, font dans la pollution grave, en commercialisant et important de fort loin, des produits dévoreurs de ressources, non renouvelables en premier lieu. Et la politique des dites entreprises côté respect des Droits de l'Homme, des citoyens, et plus simplement des travailleurs...bernique.

    Et que dire encore de tous les produits de luxe et super luxe dont les moindres ne sont pas les bois, tissus, produits high-tech issus du pétrole et de métaux rares, arrachés à des terres et à des populations exotiques dans des conditions d’une opacité très rentable.

    Il est vrai que parmi ces sponsors du film, certains ont juré, promis, craché qu’elles allaient changer leurs manières de faire…dans un avenir proche.

    On attend ces mesures dont les plus importantes produiront, paraît-il, leurs effets d’ici 2,3, 5 à 20 ans…

    En attendant, le retour sur investissement de ce groupe PPR tout nouvellement converti au vert écolo est immédiat. Comme il y a eu, rien qu’en France, environ 10 millions de téléspectateurs, la pub dont toutes les marques citées dès de la début du film lui aura coûté…UN euro par famille française.

    Quant à la diffusion dans 120 pays représentant, au grand minimum, 200 à 400 millions de téléspectateurs, elle aura permis aux marques du groupe de se faire connaître et de se donner une belle image bien verte pour à peu près... 1 à 5 centimes par famille…

    Pas mal pour un retour sur investissement en publicité planétaire.

    Il n’aurait peut-être pas été inconvenant de demander plutôt des subventions publiques aux 120 gouvernements concernés lesquels, pour…un geste de 100.000 euros, se seraient ainsi donné une jolie image de protecteur de la Nature à peu de frais, mais qui aurait signifié un engagement de fait des états donnant l’exemple et enjoignant aux grands groupes de faire de même.

    Mais bon : la mode est à la sanctification, sans contreparties, des finances privées, invitées de plus en plus fréquemment à venir ‘’au secours’’ du secteur public.

    HOME A FAIT VOTER VERT ?

    Autre petit problème : ‘’Home’’ a-t-il influencé le choix écologique aux élections européennes. A-t-il fait voter Vert ?

    La réponse est Oui. En partie tout du moins. Yann Arthus-Bertrand l’a reconnu. Sans gêne aucune. En soulignant qu’au fond ce ne pouvait être que bénéfique puisque allant dans le sens de la faveur grandissante du grand public pour la cause écologique.

    Sans gêne et sans honte. A la question du choix de la date, le photographe a répondu qu’elle avait été choisie bien avant que celle des élections européennes ne soit fixée.

    En oubliant au passage, qu’il aurait, peut-être, été un brin décent de projeter ‘’Home‘’ le lendemain des résultats, ce qui n’aurait aucunement nui au taux d’audience, mais aurait au moins prouvé qu’on peut se poser en pur défenseur de la planète et, en même temps, faire preuve d’un minimum de savoir vivre, d’éducation, de délicatesse, voire d’élémentaire politesse.

    Mais on ne peut pas tout avoir.

    Notons, enfin, que les DVD, eux, ne seront pas gratuits, on le comprend, et que les bénéfices iront, du moins en grande partie, dans la poche de l’auteur.

    Normal, mais dans ces opérations humanitaires quasi ‘’bénévoles’’ de sauvetage de la planète, l’on ne saurait être totalement désintéressé. Les affaires c’est les affaires.

    SERREZ VOUS LA CEINTURE

    Dernière délicatesse, on le rappelle, pour la fin : LA solution préconisée par le photographe aux quelques 20.000 spectateurs réunis sur le Champ de Mars à Paris pour voir son œuvre.

    Aux questions, ‘’comment faire’’, ‘’que faire’’, ‘’par quoi commencer,’’ notre brave sauveteur universel a très finement répondu, ‘’C’est à vous d’agir maintenant.’’

    En clair, c’est vous qui devrez bosser et apprendre à vous serrer la ceinture, à vivre avec moins de besoins, etc. etc.

    Monsieur Pinault, qui ne vit pas avec le SMIC, a même eu ce joli mot :’’Il va falloir apprendre à vivre autrement.’’

    Suivez le raisonnement de ce brave homme sauveur de la planète et éminemment social :’’Braves gens vous allez devoir modérer vos appétits.’’

    Ce qui signifie entre les lignes et pour le moment, le raisonnement qui en découle dans l’esprit d’un grand patron :’’Comme vous allez avoir moins de besoins, vous aurez, également et de ce fait, moins besoin… d’argent. Donc, de moins en moins de salaire élevés et déraisonnables, donc moins d’augmentations, donc moins de revalorisations de retraites, donc nul besoin de SMIC somptuaire comme l’actuel, etc. etc..’’

    Vous pigez ?

    Apprenez à vous serrer la ceinture, profiteurs que vous êtes.

    Et commencez à apprendre que votre nouveau principe de vie dévoilé par monsieur Pinault, ami intime de notre président de la République, sera, très bientôt : ‘’Travaillez plus pour gagner moins.’’ Ce qui se pratique déjà largement.

    Regardez British Airways : les 40.000 membres du personnel sont invités à travailler sans être payés, durant un mois…pour commencer. Le patron donne l’exemple…en gagnant…860.000 euros par an, soit, 72.000 euros par mois.

    On mesure la grandeur de son énorme sacrifice.

    Nous vous l’avions dit en long, en large et en travers : le but ultime de l’ultralibéralisme est la prime, le salaire, au moins disant.

    En clair, l’objectif final du patronat international est d’arriver à l’équilibre des salaires internationaux.

    En plus clair encore, payer le même salaire à tous les travailleurs et employés dans le monde entier, le même salaire le plus bas, ce qui permettra aux patrons d’engranger le maximum de profits.

    Seul hic : ça coincera quelque part lorsque un marché, puis deux, puis plusieurs par effet domino, se casseront la margoulette ce qui fera chuter illico le taux de croissance si tant est qu’il aura pu reprendre des couleurs…

    Patience, patience...

    Mais pour ce qui est de la confiance…

    D’autant que tous les discours solennels sur l’avenir nous promettent tout et son contraire alors que les actes qui suivent font l’inverse…et vice versa…

    Pour ‘’Home’’, on a eu droit à un simple oubli dans cette dialectique d’un capitaliste refondé : notre gentil conseilleur milliardaire mécène ne nous a pas dit, ‘’Suivez mon exemple.’’.

    On croit savoir pourquoi.

    C’est encore et toujours la même histoire : NOUS allons payer LEUR crise mais, aussi, NOUS allons payer LEUR saccage de la planète et, en fin de compte, NOUS allons financer les réparations d’une planète qu’ILS ont démolie et continuent à démolir.

    UN ‘’HOME’’ PROVIDENTIEL ?

    On a parlé d’un poste de ministre pour Y.A.B ?

    Sera-t-il l’homme providentiel par qui l’Environnement français et planétaire va être sauvé ?

    Pas question. Pas fou le gars. Il préfère vendre sa camelote aux couleurs de la vertu écologique salvatrice.

    Tout comme son copain Nicolas Hulot, lui aussi un temps pressenti mais qui continue à vendre la sienne, à base de produits d’hygiène corporelle, concoctés avec force produits chimiques. Rhône Poulenc, un des leaders mondiaux de la chimie et premier gros sponsor de N.H, a laissé des traces et des habitudes…

    Ah oui ! C'est vrai! Dans la gamme des produits vient d'apparaître un machin...bio. Si si, c'est marqué dessus;

    Il était temps!

    Maurice CARON

     

    (1) C’est le ‘’Canard enchaîné’’ de cette semaine qui nous le rappelle.