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journalisme

  • HAITI : CULPABILITE JOURNALISTIQUE

    Haïti : la misère, le malheur, la mort.

    On ne peut dire plus.

    Faire plus?

    On peut essayer.

    Devant ces horreurs répétées, qui ne sont, en rien, des ’’coups du sort’’, un ‘’sort’’, un peu facile à désigner comme la seule cause des douleurs dont seuls les hommes, fussent seulement certains d’entre eux, sont responsables, devant cette catastrophe donc, la meilleure chose qu’à mon sens des journalistes pourraient faire, est bien d’en chercher et d’en trouver les vrais de responsables, les coupables en fait… et de les nommer.

    Or, qu’en est-il ?

    Nous avons droit aux sempiternels décomptes, si possible arrondis aux chiffres supérieurs, du nombre des victimes.

    Nous avons droit, à tort ou à raison, aux interviewes des responsables, voire de tous ceux qui, de près ou de loin, on eu ou ont quelque rapport avec le désastre ou, simplement, le pays.

    Nous avons droit, inévitablement, aux traditionnels appels aux dons des particuliers d’autant plus utiles que, comme pour le Téléthon, ils vont tâcher de combler les besoins criants auxquels les gouvernements devraient face mais qui ont d’autres priorités qu’ils sont les seuls à estimer telles.

    Nous avons droit à tous cela, bien sûr.

    Par contre, toutes les questions, tous les rappels et commentaires qui devraient s’imposer à la conscience, (si tant est…), de nos journalistes, et nous aideraient à comprendre les pourquoi et comment de l’horreur, sont lamentablement absents des programmes spéciaux à longueur d’antennes et de pages.

    Quelles questions ? Quels rappels ? Quels commentaires ?

    Inventaire.

     

    FRANCE, ESPAGNE, ETATS-UNIS

    Pourquoi ne pas rappeler, que le pays doit sa pauvreté crasse à son exploitation ‘’purement’’ coloniale, quasi conjointe, par l’Espagne et la France qui ont fait du pays une chasse soigneusement gardée par leurs colons exploiteurs des esclaves noirs ?

    Pourquoi ne pas rappeler la responsabilité des Etats-Unis, aussi,  qui ont éradiqué l’élevage du cochon noir local pour le remplacer par le cochon rose apprécié par les consommateurs…américains et, substitué le riz américain largement subventionné par Washington, au riz local quasiment suffisant?

    Pourquoi ne pas rappeler que la démocratie américaine, sauveuse des opprimés de la planète, a été jusqu’à rejeter à la mer les malheureux boat people qui tentaient de fuir la mort quotidiennement annoncée à Haïti?

    Pourquoi ne pas évoquer le fait que, depuis quatre siècles, et par potentats interposés, les nations dites civilisées ont mis ce pays à sac et l’ont empêché de se doter d’une économie solide qui, soutenue par ses richesses naturelles, lui auraient permis d’accéder à un niveau de vie tout simplement humain.

    ET LES DEUX MILLIARDS DES DUVALIER ?

    Dans cet ordre d’idées, que dire des soutiens directs ou occultes de ces ‘’grandes’’ nations, aux multiples dictateurs qui se sont impunément enrichis en assassinant, dans tous les sens du terme, les Haïtiens éternellement voués à l’esclavage ?

    Détail : que dire des deux milliards et demi de dollars de la famille Duvalier dont un des derniers rejetons coule des jours paisibles sur la Côte d’Azur ? En un temps où l’on parle de levée du secret des comptes bancaires suisses, où sont donc passés ces milliards, ou une partie d’entre eux, qui y avaient été un temps bloqués ?

    Ne serait-il pas utile, positif, constructif, de retrouver ce trésor ? Et, surtout, de le chercher ? Et de l'utiliser pour le bien du peuple à qui il appartient?

    Pourquoi ? Comment ?

    Il suffit de lire et relire l’Histoire, ancienne ou actuelle pour se rendre compte que les réponses sont dans les questions.

    A cette liste de non-dits complaisants, de réponses sans questions et de commentaires convenus, nous nous permettrons d’en ajouter un de commentaire, à propos d’une remarque faite par une ‘’journaliste’’ de France Info, une certaine madame Duchemin, qui a dit, évoquant la douleur des survivants et leur recours, faute de mieux, à Dieu lui-même: ‘’…dans la nuit, des prières s’élèvent vers le ciel qui semble bien les avoir abandonnés…’’(1)

    Notre commentaire à nous ?

    On est consternés par celui de notre consoeur.

    Soit elle est incroyante et sa remarque est nulle : on ne peut évoquer l’existence de ce qui n’existe pas.

    Soit elle est croyante et c’est pire : elle croit ou dit croire à un dieu qui a créé ceux qu’il fait ou laisse souffrir, alors qu’ils lui font confiance.

    Au-delà du caractère incroyablement stupide de ce commentaire, on reconnaît bien là la complaisance de nombre de journalistes qui préfèrent rejeter la douleur du monde sur la fatalité plutôt que de désigner, de mettre en accusation, tous ceux que l’Humanité entière sait bien qu’ils sont ses vrais persécuteurs.

    Petits rappels de la fin : les 500 personnages les plus riches de la terre sont propriétaires d’un patrimoine équivalent à celui des 500 millions de plus pauvres.

    Chez nous : le pays est dirigé par 98 patrons des conseils d’administration des plus grosses entreprises. Face à ce pouvoir écrasant, même les politiques ne peuvent rien…si tant est qu’ils le veuillent.

    Alors ?

    Les catas, de toutes formes, nous aussi on peut s’y attendre.

    Bon.

    Puisqu’on en est bientôt au sauve-qui-peut, moi, déjà, je vais acheter mes sardines.

    En matière de poisson, c’est encore ce qui se fait de moins cher.

    Mais que c’est dur à écailler…

     

    (1) Que dire aussi de l’attitude du clergé qui a longtemps soutenu les régimes les plus durs. Une visite, fugitive, du pape, il y a une vingtaine d’années, n’a pas changé grand’chose. Sinon à inciter les fidèles à supporter avec patience…manière très papale de gagner son Paradis au ciel...en vivant l'enfer...