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Baiser volé.

La jeune femme qui avait posé pour la fameux portrait de Doisneau vient de vendre la photo que l’auteur lui avait envoyé en signe de reconnaissance. Un bon prix : dans les un million et demi de francs environ.
Largement mérité. Surtout après un demi-siècle d’attente.
Car il faut qu’on vous dise.
Cette photo, tout le monde l’a déjà écrit mais on explique, était ‘’montée’’.
En clair : le photographe demande à deux acteurs de mimer la scène et hop, il immortalise. Il fait et refait jusqu’à ce que le cliché soit bon.
On ne va pas chinoiser. Il a eu une très bonne idée. Il a pensé son truc et il l’a mis en oeuvre.
Bon bon…il n’a pas écrit dans la légende que c’était un peu fabriqué. D’autant que le style, - et l’envie des admirateurs du chef d’oeuvre que ce soit vraiment vrai -, font que l’ambiance, le résultat obtenu, enfin bref, tout va bien, le monde est content et le photographe surtout.
Ben parce qu’il a la gloire, normal, mais, en plus, il palpe.
Ben oui quoi ?
Vous croyez qu’il en a fait cadeau à tous ceux qui l’ont reproduite cette photo ?
Certes, certes, il a ‘’payé’’ les amoureux en leur envoyant un tirage. Pour deux bien sûr. En effet, pourquoi gaspiller d’autant qu’à l’époque ‘’on’’ ne se séparait pas aussi prestement qu’aujourd’hui. On se mariait pour la vie.
Donc, une pour les deux et ça va comme ça.
Bref. La photo rapportant pas mal, on le suppose, n’a jamais donné lieu à, sinon quelques droits d’auteur voire à l’image tout de même, du moins à.. .disons quelque chose, ou quelques choses, un petit peu quoi.
Ben non !
Rien du tout.
Alors que les artistes, quel que soit leur statut, ont droit à rétribution.
C’est quand même eux qui ont bossé. C’est quand même LEUR image qui sert à faire du commerce et à rapporter des fafiots non ?
Ca rappelle d’ailleurs l’histoire du film ‘’Etre et avoir’’. Si l’instit et les enfants ont touché des bricoles pour leurs prestations, ils n’ont jamais bénéficié des coquettes sommes qu’a rapporté le film. Bien réalisé d’ailleurs mais les acteurs y étaient, tout de même, AUSSI, pour quelque chose.
Oh bien sûr, la loi, la justice, tout ça, ont tranché.
Mais nous ça nous gêne bougrement.
Rendez à César vous connaissez non ?
Derrière ces oeuvres d’art, il y a tout de même quelques notions d’ordre moral qui passent non, et qui font une partie du succès ?
A l"époque, le baiser en question a-t-il été le seul à avoir été volé?
Et l’avoir dans tout cela ?
Qui l’a palpé ?
Pas joli joli tout ça.
C’est évident: on ne va pas payer tous les ouvriers de l’usine qui ont figuré dans un reportage sur les activités industrielles de la région mosellane, ni les Mongols ou les Papous qu’on voit dans les documentaires de notre écologiste bulot explorateur.
Mais pour les amoureux et les élèves cités plus haut, c’était eux, tout de même, les acteurs centraux. Ils n’ont pas été filmés en foule, mais bien en tant que personnages uniques et indispensable, vitaux, de l’œuvre photographiée ou filmée.
Alors ?
Oh rien.
On croyait seulement que les artistes c’était, avant tout, des gens de cœur, d’esprit, de sensibilité, des gens qui savaient avoir des gestes, LE geste, et pas seulement des caisses enregistreuses.
Eh oui.
Le monde n’est pas si fou allez.
Enfin pas tout le monde.

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