Voilà voilà voilà…On arrive. On vous ouvre...
Ne vous impatientez pas. On est là.
Pas pour longtemps mais chez nous on fait dans la fidélité.
D’autant que nous n’en sommes pas revenus.
De quoi?
Mais du fait que vous nous êtes fidèles vous aussi… !!!
Même que vous ne vous êtes même pas fâchés de nous savoir esbignés dans la verte Nature haute varoise sans écrire une ligne durant quinze jours.
Heureusement que nous avions oublié les jumelles, les chaussettes pour la nuit, parce qu’il y faisait frisquet et, surtout, les fruits et légumes qu’on ne trouve pas en haut. Exemple les sardines qu’il n’y a pas dans les clairs torrents de montagne.
-Quoi les sardines ne sont pas des fruits ni des légumes ?
-Comment ça nous reprend les délires ?
-Eh oh. On est juste revenus faire le plein vu que dans les montagnes qu’on a choisies, les jardiniers ne sont pas partageux, les vergers ne sont pas légion et les épiceries subséquentes moins encore. Quant aux poissonneries, les routes depuis la Côte, voire depuis Boulogne sur Mer, sont longues et chaudes. Vous voyez ?
Bref….
Alors tant qu’à faire, en une heure et demie de route et on est là.
Mais pour une journée seulement.
Après, silence radio durant sept jours.
Ouai ouai, on sait, sept longs jours.
Plus longs pour nous que pour vous.
Parce qu’on brûle de vous conter, pas par le menu mais on va essayer, nos délirantes aventures vacancières auprès desquelles les vaticinations héroïco-écolo-aventurières et nettement cabriolantes de notre Hulot planétaire ne sont que roupie de chat et pipi de sansonnet, ou l’inverse.
Ca a commencé, évidemment, par l’autoroute.
5 euros et trente centimes d’euros pour une poignée de kilomètres, et nous avons touché du doigt, au fond du portefeuille - et à la tempe droite du péagiste auprès de qui nous avons confié notre stupeur indignée – comment, à défaut de pourquoi, les autoroutes du Sud de la France, et plus spécialement celle de Toulon-Nice, sont les plus chères de France.
On a compris comment en raquant.
Et, en lisant et écoutant les infos nationales, on a compris pourquoi.
Tout simplement parce que les autoroutes qui représentaient un juteux bien national grâce aux bénéfices duquel les infrastructures hexagonales allaient enfin pouvoir être auto-financées et améliorées, ne serviront plus à ça, vu qu’elles sont désormais dans les mains, sans appel d’offres pourquoi se gêner par ordonnances quasiment, des pros du BTP qui vont te me rentabiliser encore deux ou trois fois plus ce juteux bijou de famille mais pour leur bénéfice à eux.
Dans les années 50, on se souvient, enfin quelques uns d’entre nous, dans quelles conditions apparurent les autoroutes.
A l’époque, on dirait qu’on parle de 1870, on nous a promis-juré-craché, que ‘’d’ici dix ans, au pire vingt, vous verrez, une fois payées, les autoroutes seront gratuites.’’
Gratuites ? Miséricorde !
Et pour l’entretien alors ?
Pas de problème, il y a le budget routes et autoroutes de l’Etat.
Ah bon !
Vous verrez qu’ils ont dit?
On a vu.
Si l’on peut dire.
Car il fallait bien suivre des yeux les augmentations de tarifs qui sont allés aussi vite que les explications savantes pour les expliquer.
C’est-à-dire qu’on n’a rien compris.
Comme d’hab.
Tout doucettement, tout de même, les autoroutes sont devenus juteux au possible, comme un melon de l’été.
Période d’ailleurs hautement favorable pour en annoncer la privatisation vu que tout le monde a les mirettes pleines de soleil, la tête sous l’eau et les oreilles pleines de sable.
Ce qui était, quasiment, un impôt permanent sur la circulation, un péage qui nous ramenait nostalgiquement aux beau temps de la circulation payante d’avant 89 (1700 pas 1900…), vient d’être donc donné en cadeau à ceux-là même qui seront chargés de les entretenir et qui auraient normalement dû ne pas être à la fois les exploitants et les entreteneurs vu que ce montage ressemble fort à une intégration horizontale voisine d’un trust que l’Etat se devrait de tenir loin du service dit public.
Ne serait-ce que pour la morale. Excusez du gros mot.
Par ailleurs, pour ce qui est des augmentations de prix de ce qui est, justement un service ô combien public compte tenu de l’obligation des citoyens d’en user, on peut croire les concessionnaires sur parole. Elles n’auront pas lieu.
Quant au contrôle a posteriori des justifications, on ne peut que faire confiance à l’opacité des conditions de la récente opération de cession pour avoir une petite idée de celles qui prévaudront dans les comptes à l’avenir.
Procès d’intention ?
Dans la forme sûrement.
Pour le fond, aussi puisque nous ne savons pas encore lire l’avenir dans les lignes blanches continues et surtout discontinues.
Néanmoins, on vous donne rendez-vous dans tout juste pas longtemps.
Or donc, il paraît qu’au bout de la durée, 30, 50, 90 ans, le toujours juteux bijou de famille reviendra, promis-juré-craché dans l’escarcelle de l’Etat.
Vu le délai, ça donne le temps de voir venir.
Vu le caractère de durée relative et aléatoire des gouvernements, ça donne pas mal de temps aussi.
Vu enfin le réchauffement de la planète et la prochaine raréfaction des ressources pétrolières conjuguée à la virtualité des énergies renouvelables, on se dirige plus vers la civilisation vélocipédique, voire piétonnière, que vers un système véhiculé par l’automobile et ses dérivés.
Ce qui permet donc de penser que les décennies à venir seront largement mises à profit pour que le patrimoine de l’Etat lui sera rendu probablement lorsqu’il n’en aura plus besoin.
Et puis hein ?Après nous le déluge !
Voire l’inondation qui menace.
-Inondation ? Qu’est-ce que vous avez dit ?
Mais alors, dites donc, et si les autoroutes pouvaient, des fois, être converties en canaux ? Ca remettrait tout en question non ?
-Ah…Pas bête. On déclarerait les canaux propriété de l’Etat, puis on les aménagerait à l’aide des deniers publics, enfin, une fois rentables, on n’aurait plus qu’à les privatiser non? Et les donner en cadeau aux pros du BTP et, pour faire bonne mesure, aux compagnies de navigation
Ce serait-y pas une idée qu’elle serait bonne ça?
Vous voyez que vous n’aurez pas perdu de temps à venir consulter notre réservoir à idées neuves.
UN, vous aurez appris que écolos et proprios d’autoroute comptent déjà avec et sur la prochaine disparition des combustibles fossiles et tous avec la même satisfaction anticipée. Les premiers, parce que la pollution va ralentir - on peut rêver - les seconds parce que la transformation des routes en canaux de navigation va relancer la machine.
Il faudra juste réinventer les galères et les bateaux à pédales.
Mais on compte sur les medias pour nous encenser - on en salive déjà -les merveilles de cette spectaculaire mutation de notre civilisation qui aura su, si triomphalement, vaincre l’adversité et opérer un redressement spectaculaire qui va faire faire au Progrès un nouveau bond en avant.
Tsaoing !
Ce qui nous rappelle le discours inspiré de ce fameux parlementaire qui, en une période critique assez récente, proclamait à la tribune que ‘’face à ce gouffre insondable de l’adversité, nous devons prendre, tous ensemble, la ferme résolution de faire un grand pas en avant’’.
On est loin des ouacances ?
Mais non. On est en plein dedans.
Ce-n’est-qu’un-début-le-combat-con-ti-nue.
Allez. On se revoit en fin de semaine.
On vous racontera la suite.
Il y en a plein plein...
Et des pas tristes.
En attendant, pendant qu’on a le dos tourné, farfouillez dans les archives.
Elles ne sont pas si poussiéreuses que ça.