La liste noire des compagnies de navigation aérienne à risques, liste noire vaguement grise , devrait-on dire, vu les avis plus que mitigés qui ont été émis à son égard, n’a, évidemment, pas satisfait tout son monde.
En réalité, c'est bien tout le monde qu'elle mécontente, sauf, on s’en doute, ceux qui ont décidé de sa composition.
Mais on en doute même aussi, compte tenu des conditions dans lesquelles elle a été établie et des pressions de toutes sortes qui ont accompagné voire présidé à son élaboration.
Because ?
Eh bien pour les raisons que nous évoquions récemment et notamment politiques au niveau des relations d’états à états, lesquelles ne manqueront pas d’en souffrir, quand bien même des efforts pourront, rien n’est moins sûr, être accomplis pour rapprocher les points de vue.
Il ne faudra pas peiner les sud américains, les Russes, les Africains, les asiatiques, bref, chose ou machin avec qui nous entretenons de bonnes relations pour des raisons politiciennes, voire politicardes que vous savez ou que, plus certainement, vous ignorez.
Sans oublier les relations commerciales basiques : nous leur vendons ou voulons leur vendre, nous leur achetons ou allons le faire, nous désirons leur appui pour des visées à terme, nous y avons délocalisé ou allons le faire aussi…
Sans oublier, en outre, le fait que si un pays ferme ses portes aux compagnies d’un autre, cet autre fermera les siennes de n’importe quelle manière. Rétorsion quand tu nous tiens….
Il faudrait bien en sortir.
Car la liste publiée prêterait à rire si le sujet n’était aussi grave.
Dès sa création, elle ne servira à rien.
Ne serait-ce qu’en raison de la diversité des points de vue et mesures prises dans la communauté internationale.
Les anglo-saxons ont leur manière à eux d’établir LEUR liste, les Européens font de même, mais à leur façon à eux, les asiatiques, eh bien…pourquoi voulez-vous qu’ils fassent à la manière des autres ?
Les uns visent les charters, les autres les régulières nationales de prestige à bas prix (pas vus pas pris?), les autres encore les low cost dites normales, les autres enfin les compagnies nationales bien établies,
A la fois tout et rien pour s’entendre en parlant des langues différentes.
Quant aux africains, eux, sont plus que directement concernés par la liste des petites compagnies aériennes à risques, mais il y a gros à parier qu’en établir une soit vraiment leur problème.
Leur problème à eux, mais très mineur, c’est d’avoir une compagnie, qui permette de figurer noblement sur la scène internationale, et de gagner des sous par la même occasion.
Problème mineur car, de toutes manières ils auraient probablement trop à faire s’ils devaient se consacrer à débusquer les lacunes techniques, aux problèmes de management, de maintenance, de respect des conventions dinternationales...sans oublier ceux découlant de la corruption, partie intégrante de l’occidental way of life que nous leur avons mis dans le crâne.
J’ai volé sur une de ces compagnies il y a déjà pas mal d’années et même à l’époque, il fallait pour le faire soit avoir, disons le, du courage, soit, se rendre à l’évidence que Dakar-Nairobi à VTT était évidemment plus long mais bien plus sûr, soit apprécier revivre à chaque voyage les aventures d’Indiana Jones dans ‘’Le temple maudit’’.
La compagnie en question, poussait la fantaisie jusqu'à nous débarquer, une vingtaine de passagers et moi-même et juste avant le décollage, afin de céder nos places à...une cargaison entière de drogue en partance pour les pays arabes. On a les priorités qu'on peut...
Aujourd’hui ?
C’est pas mal non plus.
On a entendu, ces temps derniers, les commentaires de certains passagers à propos des avions des compagnies dans lesquels ils ont refusé de monter.
Un membre de ma famille, lui, a fait une expérience similaire : Moscou-Djakarta en Iliouchine des années 70.
Fils de fer pour tenir les sièges, pilote pas rasé, nettement somnolent, et en tongs pour cause de canicule. En prime, des mégots plein les cendriers et les allées, et les feuillées fleurant fort la vodka…et les résultats des abus qui en avaient été faits. Plus des ratés plein les réacteurs au départ et à l’arrivée…et pour toute hôtesse, un seul mâle maousse genre OMON du Ministère de l’Intérieur soviétique dont la meilleure manière de s’attirer les bonne grâces consistait à ne pas le regarder dans les yeux, à ne rien lui demander mais à lui filer des clopes américaines si possible.
Tout ceci pour dire qu’on ne peut, cependant, pas vraiment en vouloir aux compagnies et états émergeants en général, et africains en particulier, de l’état de nombre de leurs zincs et de leur perception si particulière des risques que la modernité des aéronefs d'aujourd'hui engendre.
Vu les bonnes manières que nous leur avons enseignées et surtout les bons exemples que nous avons donnés, en allant gaiement les coloniser, ils n’ont gardé de tout ça que le plus mauvais.
Et ont intégré, à leur façon, non seulement, vaille que vaille, les techniques mais, surtout, les philosophies, les modes de pensée et les valeurs..morales, de ceux qui les ont colonisés.
Nous avons voulu en faire des Occidentaux, alors qu’ils n’en avaient nul besoin et que leurs systèmes s’étaient développés à des années lumières des nôtres?
Eh bien ils nous renvoient notre vilaine image sous forme de caricature.
Notre caricature.
On en veut pour preuve la dilapidation totalement incontrôlable des aides financières et alimentaires de certains de ces états selon un système clientéliste bien enraciné que l’effacement de la dette ne contribuera nullement à faire disparaître.
On est loin de la sécurité aérienne ?
En plein dedans au contraire.
Développer l’outil industriel des pays en développement est l’objectif principal du FMI et de la Banque Mondiale.
Déjà que ces organismes s’y entendent fort bien pour faire suer le burnous aux emprunteurs, l’on ne pense pas que les deux mesures prises hier pour remédier aux problèmes sus évoqués vont changer quelque chose.
Un euro de plus sur les billets d’avion pour les empêcher de crever de faim et une liste noire à la godille pour faire voler normalement leurs avions à la Dubout ?
Une liste noire à un euro quoi ?
On en reparlera.