Etonnante la situation allemande ?
En tous cas nouvelle, du moins relativement.
En effet, l’Histoire nous avait appris que depuis Bismarck, la foi des Allemands dans la nécessité d’une unité nationale, et leur volonté affichée d’y parvenir, constituaient l’épine dorsale de leur politique intérieure et extérieure.
Jusqu’à y adhérer alors qu’elle leur était imposée par un des plus grands criminels de l’Histoire de la Terre.
Imposition volontiers acceptée, d’ailleurs : le petit caporal, l’autre le moustachu, fut tout de même élu avec une trentaine de millions de voix…
Et alla même jusqu’à étendre cette unité, manu militari, à l’Autriche voisine, qui l’appelait, en partie tout du moins, des ses voeux, et tenta de l’imposer à l’Europe, en attendant de le faire à la planète entière.
Heureusement pour nous, le nazisme trouva ses limites lorsque communisme et capitalisme lui imposèrent les leurs.
Pas uniquement, d’ailleurs, pour les beaux yeux de la liberté et du bien-être de l’Humanité souffrante.
Mais aussi, et peut-être surtout, par crainte d’une mise à mal de leurs propres hégémonies qui dévoilèrent vite leurs objectifs réels à Yalta : le pouvoir sur la moitié du monde à défaut de la Terre entière.
FEDERALISME ET CENTRALISATION
Après la guerre, l’unité allemande qui se traduisit par une co-habitation aussi sérieuse et active que fructueuse, du patronat et des travailleurs, montra bien ce qu’elle pouvait générer en fait de prospérité et de cohésion dans un pays qui, paradoxalement, trouvait la voie de la rédemption dans le fédéralisme.
Au contraire, d’ailleurs, du jacobinisme français générant lui, un fonctionnariat centralisateur, destiné à contenir tant bien que mal une société contestataire, compensant son manque de cohésion, camouflé en individualisme, par une inventivité assez prétentieuse.
Cette volonté d’unité, la RFA d’Helmut Kohl la poussa, et la pousse plus loin encore, avec l’intégration de la RDA dont la difficile digestion la met , d’ailleurs, toujours à mal, mais sûrement moins que les exigences mondialisantes anglo-saxonnes.
Au regard de son histoire, on s’attendrait donc à voir que cette exigence, cette obligation vitale d’unité promue par tous les Allemands qui y retrouvent leurs racines, produise ses effets fédérateurs dans une solution logique de large union entre chrétiens démocrates et démocrates sociaux.
Ils semblent, tout de même ou alors les mots qu’ils emploient ne veulent plus rien dire, avoir en commun un même désir d’une réelle démocratie.
Avouez que ce serait là une première que d’assister à un mariage, fut-il contre nature, de la carpe et du lapin qui s’apercevraient que, obligés de vivre ensemble, mieux vaut le faire en rognant un peu sur leurs prétentions de part et d’autre.
C’est ce qui se passe dans toute société civilisée, en commençant par les couples, les familles, les entreprises.
On y pratique une relative acceptation mutuelle sous peine de s’exclure mutuellement.
L’actuel refus crispé que l’on constate donc, et que les protagonistes de chaque camp, disent nécessairement idéologique voire philosophique pour ne pas dire religieux, ne fait hélas, qu’ajouter à la pagaille ambiante et au désarroi des électeurs qui ont pourtant lancé un appel très clair aux deux leaders qui ne sont que des belligérants.
L’appel du 50-50 n’était rien d’autre que le même SOS du NON à l’Europe lancé par les électeurs Français.
‘’Nos élus, ont-ils dit dans les deux cas de figure, n’ont-ils pas compris que nous voudrions, une fois enfin, être informés, consultés, entendus et peut-être exaucés, satisfaits ? Et qu’ils pourraient en rabattre de leur prétention à la vérité ultime, en apprenant à vivre ensemble, comme nous, citoyens de base, le faisons journellement ? Serait-ce trop demander que cela puisse arriver dans une classe dirigeante, au moins une fois dans notre vie, dans l’Histoire nationale, voire dans celle de l’Humanité…?’’
Les élus en question, là-bas comme chez nous, comme ailleurs aussi, sont-ils donc tous atteints de surdité, de cécité, de mutisme tout à la fois à l’égard de ce questionnement si simple : les dirigeants adverses ne pourraient-ils pas enfin s’entendre alors que les citoyens le font au quotidien ?
Regardons chez nous : l’exemple du PS serait risible s’il n’était triste.
Ses responsables semblent même ne plus se rendre compte que le capital de confiance, de crédit, qu’ils pourraient se constituer, auprès d’un électorat qui en appelle à l’alternance, s’effiloche au même rythme que l’accroissement de leur querelles de chiffonniers se disputant ce qu’ils considèrent comme LE trésor de leur vie : le pouvoir ?
Et en face ?
La dispute pour le même objectif existe aussi dans un camp où les sourires de convenance annoncent des déchirements proches d’opportunité et de circonstances.
Et les citoyens là-dedans ?
Eh bien ils donnent eux, tant bien que mal, l’exemple d’une unité…vitale.
On ne peut pas vivre dans la mésentente et le déchirement permanents.
Alors on s’entend.
Comme on peut.
Pour le bien commun.
Dans la France d’en bas.
Dans le peuple de base.
Mais pas dans la classe politique…
Drôle d’exemple chez ceux qui sont censés le donner.