On n’a pas fini, -en fait on ne fait que commencer-, de parler de la Chine du péril jaune, de la Chine atelier du monde, de la Chine pieuvre économique, de la Chine dumping des salaires, de la Chine future et très prochaine puissance mondiale, de la Chine adversaire pas pacifique du tout des Etats-Unis qui le sont encore moins, bref, de la Chine qui nous a avalés non pas tout crus mais à feu doux, sans même qu’on s’en rende compte.
Ce qui est, ma foi, une des multiples variantes des raffineries coutumières dans l’Empire du Milieu et qui allie, ici, les charmes de la gastronomie et de la cuisson vapeur et les douces fantaisies des supplices de la dégustation de la cervelle des singes vivants.
L’ennui c’est que c’est nous qui avons la place du singe.
Trêve de niaiseries.
Les Chinois ont donc expédié, fuso militari, leurs deux acrobates dans les airs pour expérimenter on ne sait trop quoi, mais aussi, (surtout ?), pour démontrer au monde en général et au monde anglo-saxon en particulier, qu’en Chine, n’est-ce pas, patience et mémoile sont nécessailes quand on veut vivle vieux.
Car nos amis de là-bas n’ont pas oublié, comment pourraient-ils le faire, les délicates attentions commerciales des anglo-saxons qui les contraignaient, il y a tout juste un siècle, et manu militari, à acheter et à consommer l’opium produit en Inde par les Anglais.
Contrainte renforcée, d’ailleurs, par non seulement les British, pasteurs en tête, mais également par les puissances occidentales qui s’appelaient, et s’appellent toujours, Etats-Unis, Allemagne, France, bref, celles-là mêmes qui, aujourd’hui, la main sur le cœur, se pressent au portillon et font antichambre au Ministère Chinois du Développement Economique.
Vieille civilisation la Chine comme la France, comme dirait Deubeliou, mais bonne vieille patience et bonne vieille mémoire aussi.
D’autant que parmi tous ces dangers qui nous menacent, nous en avons, nous, oublié quelques uns.
Notamment celui de la colonisation dont les cités interdites de la région parisienne ne sont qu’un avant-goût.
Et puis l’autre colonisation, l’économique qui fait que la Chine est désormais le premier investisseur, voire même, le premier prêteur des pays en développement.
Pas n’importe lesquels certes.
Pas le Bengla Desh, pas le Malawi, pas le Zanzibar, pas le Mozambique, encore moins la Namibie mais le Brésil, l’Argentine, voire le Mexique, enfin, les pays pauvres mais en passe de ne plus l’être complètement, qui ont du répondant si tant est qu’on leur prête une main secourable pour leur donner…et reprendre, avec intérêts, les fonds prêtés.
Danger de voir, donc, les investissements chinois concurrencer directement les européens et anglo-saxons sur leur propre terrain où ils auront su peut-être se risquer mais sans grands risques eu égard aux retours sur ces investissements plus lourds que ceux dont les Chinois, moins gourmands et plus politiques, auront eux, su se contenter ;
ARME SECRET BIEN VISIBLE
Et puis, arme secrète parmi bien d’autres, outre leur yen d’une valeur destructrice pour les économies occidentales, outre leur force militaire qui, tout doucettement, monte en puissance, outre leur maîtrise et bientôt mainmise politico-économique sur tout l’est et le sud est asiatiques, outre leur compétitivité, désormais, en matière de Recherche et Développement, outre, enfin, leur confiscation possible des ressources pétrolières et gazières de la mer méridionale de Chine, les Chinois disposent d’un atout maître, la langue.
Arme secrète bien visible, audible.
Pas de la leur, celle de leurs ennemis de toujours. Militaires, religieux et commerçants.
En effet, retournant contre les anglo-saxons leur première arme de conquête mondiale, l’anglo-américain, les Chinois le parlent, en foule et aussi bien que leurs anciens oppresseurs alors que ces derniers…ne connaissent qu’infiniment peu le chinois.
Si les Fils du Ciel sont à l’aise aux Etats-Unis et dans tous les pays où l’anglais constitue la langue des affaires, ils sont peu nombreux les occidentaux maîtrisant bien le parler, les parlers de l’Empire du Milieu, mandarin, wu ou cantonais.
Ce qui les met en état d’infériorité patente face à des Chinois qui, obéissants et soumis comme les occidentaux les voulaient, ont mis à profit cette servilité apparente pour s’armer ainsi en masse.
Juste retour des choses ?
Maîtres dans l’art de compter plus vite avec leurs bouliers qu’avec des calculettes, champions de l’adaptation à l’économie, à la culture, à la langue de leurs occupants, les Chinois n’ont pas fini de nous rappeler que nous avons fait de notre monde un lieu clos où pour survivre il faut, avant tout, savoir parler…argent.