On est en 2005, bientôt en 2006 ?
Eh bien il y a, maintenant,…104 ans que l’Académie de Médecine, pas particulièrement connue pour ses prises de positions révolutionnaires, avait constaté la nocivité de l’amiante.
C’est en effet dans les années 1901-1902 que ces doctes chercheurs de cette docte institution, ont donné l’alerte.
Car, déjà à l’époque, les merveilles de la Science, alliées au merveilleux savoir faire de la Technique, allaient tout doucettement, mais à grande vitesse, amener le monde des humains non pas aux portes, mais en plein Paradis.
LE PIEGE
Mais, comme certains crânes d’œufs à lunettes se méfiaient déjà un peu de ces merveilles qui promettaient aux humains de travailler en n’en foutant pas une rame et de vivre à l’oeil, ils cherchaient à trouver le piège.
Ils ont cherché, et trouvé, tout bêtement.
Parmi les travailleurs de l’amiante. Les mineurs. Qui, après 5,6 ans de dur labeur, dans des conditions difficiles même à imaginer aujourd’hui, se mettaient à cracher leurs poumons et à passer l’arme à gauche de cancers de toutes sortes mais qu’ils étaient seuls à développer.
Il était facile, dès lors, d’extrapoler les risques encourus par les producteurs, à leurs acheteurs, puis à tous les utilisateurs ainsi qu’à tout le reste de la société.
Donc, vos ancêtres et les miens.
Et mêmes vous et moi, à la queue leu leu.
Mais voilà !
Il aurait fallu fermer les mines.
Et avec elles tous les petits et grands commerces diffusant cette petite merveille d’isolant thermique si utile dans une civilisation qui passait et continue à passer son temps à brûler, calciner, flamber, rôtir, griller, incendier, exploser, incinérer aussi, eh oui !
Vous ne vous rendez pas compte du chiffre d’affaires ?
Enorme !
Néanmoins, la notion de maladie professionnelle, qui ne datait d’ailleurs pas d’hier, a refait surface, avec les idées genre Front Popu.
Mais comme ce dernier il n’a vécu que ce que vivent les roses, on a remis la question à plus tard.
Jusqu’à après la guerre où, Trente Glorieuses obligent, la nocivité de l’amiante a cédé le pas à la ruée sur les investissements industriels.
Encore un coup pour rien !
Mais l’écologie a fait surface.
Et voilà !
Et pendant ce temps direz-vous ?
Eh bien pendant tout ce temps les industriels n’ont pas cessé de s’en mettre plein la musette et les producteurs et utilisateurs divers et nombreux aussi.
Mais chez les uns c’était de l’oseille dans le portefeuille, chez les autres, des fibres d’amiante dans les poumons, la foie, l’estomac, dans la carcasse quoi.
Et même ceux qui ne fréquentaient pas de près ce triste minéral, en respiraient tout plein dans les locaux isolés avec, voire dans la rue où les plaquettes de frein en dispersaient des milliards de poussières.
Alors ?
POLLUEUR PAYEUR ?
Eh bien c’est l’Etat qui va payer !
Pourquoi l’Etat ?
Et les industriels alors ? Qui en ont profité tant qu’ils ont pu ? Et le concept pollueur-payeur alors ?
Ah non cher ami !
La loi était muette. To-ta-le-ment muette.
Donc , pas de loi, pas d’obligation, pas de paiement!
L’ Académie de Médecine alors ? L’ Etat ?
Tiens donc !
Comme si la solennelle maison n’avait jamais subi de pressions, politiques ou économiques de la part de quiconque, hmmm ?
Ce silence assourdissant n’est-il que le fait du hasard ? De multiples coïncidences ?
Pour rester muette durant un siècle, ça fait tout de même beaucoup de coïncidences non ?
Académie de Médecine comme l’Armée. Muette. Grande muette.
Drôle de notion tout de même pour une institution censée crier haut et fort tous les dangers qui menacent la Santé Publique.
Tous n’est pas un vain mot : non seulement ils sont nombreux, ces dangers, mais ils se multiplient.
En fait de notion et de principes, l’on en connaît un, que connaissent bien aussi, les industriels, et qui les conforte dans leur position de guides dynamiques et virginaux, protecteurs de la société et dispensateurs de richesses populaires.
C’est celui qui consiste à privatiser les gains et à collectiviser les pertes.
Dans une période où ils s’acharnent à prêcher le moins d’Etat, (Ohé Laurence Parisot!) on n’en a pas entendu un seul qui ait, pour la circonstance, rappelé ce maître mot en insistant sur les devoirs des entreprises citoyennes.
Au contraire, quel bonheur, lorsqu’il s’agit de payer leurs inconséquences et leurs monstruosités, d’avoir à portée de main sur le cœur et de portefeuille, un état, tout prêt à payer pour eux.
Les victimes le seront donc quatre fois : une fois en se laissant pourrir la vie, une seconde fois en payant leurs propres indemnisations, une troisième en cotisant à la Sécu qui continuera à les prendre en charge et une quatrième en finissant par y laisser leur peau.
Tiens ?
On croyait que les châtiments collectifs étaient interdits en République !