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Airbus: made in China?

Victoire !

On a vendu plus de cent avions aux Chinois !

Enfoncé Boeing !

On est les plus forts !

Victoire ?

Euh…vict….

Enfin presque…

A bien y réfléchir, il était temps, la vente de 120 Airbus à la Chine est loin d’être ce qu’il paraît.

Pessimistes nous ? Grincheux ?

Attendez un peu.

UN MILLIARD ET DEMI DE BOUCHES A NOURRIR

Si les commentaires laudateurs ne sauraient, comme à l’accoutumée, manquer dans le concert des histrions assermentés, empressés à chanter les louanges de nos grandissimes entrepreneurs français, il serait bon de leur rappeler deux choses.

Un : qu’il faudrait déjà, wait and see pour mesurer tous les effets des victoires trop brillantes.

Deux : qu’avec les Chinois en plus…

Parce que vous croyez qu’ils vont nous faire le plaisir de regonfler un petite partie de notre économie faiblarde sans contrepartie ?

Parce que vous pensez que la nomenklatura financière dirigeante, plus retorse que les plus pervers piliers de Wall Street, va se priver des délices occidentaux dont elle a été privée pendant deux siècles ?

Et qu’elle va oublier qu’un milliard bientôt et demi de bouches affamées qui les assiègent, vont ne plus le faire tant qu’elles ne seront pas rassasiées à leur tour ?

Dites voir : côté délices, ce sont bien les nouveaux riches chinois qui assurent, aux côtés des Saoudiens et des Ruskofs, les réjouissantes fins de mois des vitrines plaquées or de la place Vendôme non ?

Et côté crève la faim, ce n’est pas par hasard qu’une vingtaine de capitales de provinces chinoises sont devenues, comme par enchantement, des villes de garnison abritant autant de bataillons de troupes spécialisées dans les tactiques anti-émeutes non ?

Et que les bagarres voire émeutes, justement, contre les cadres corrompus du Parti, les fonctionnaires avides et mafieux, et les petits et moyens chefs sont systématiquement passées sous silence par la censure officielle et officieuse.

UN AIRBUS CONTRE 800 MILLIONS DE T-SHIRTS

Oh certes !

Les Chinois ont leurs problèmes.

Ils ont fort à faire et se démènent comme de beaux diables pour les résoudre.

Mais justement, c’est cette immense bouche à nourrir, impossible à apaiser, qui devrait inquiéter.

Elle va rester démesurément ouverte tant qu’elle ne sera pas rassasiée.

On rigole un brin en lisant ou écoutant les experts auto rassurants qui, sans rire, comptent sur le fait que la ‘‘croissance prévisible des salaires des ouvriers chinois, va petit à petit affaiblir la menace économique pour l’Occident, que représente aujourd’hui leur actuelle et exceptionnelle compétitivité’’.

T’as qu’à croire…

Et quand bien même.

Il va falloir en attendre des années, des décennies, voire des siècles, avant qu’un prolo chinois en arrive à prétendre au mirifique niveau de vie du smicard français, pour qui la fin du mois arrive inéluctablement le 15.

D’autant que cette tendance hexagonale s’aggrave de jour en jour.

D’autant que parmi les responsables de cet état de fait, on compte, justement et entre autres mais au premier rang, les Chinois eux-mêmes.

Il ne faut donc pas être grand clerc pour se rendre compte que le rehaussement du niveau de vie des Fils du Ciel, ne pourra passer que par l’abaissement du nôtre qui s’amenuise à vue d’oeil.

Compter, pour maintenir notre ‘’avance’’, sur notre prestesse à vendre et sur la qualité de nos produits alors?

‘’Un Airbus vaut, selon le calcul chinois du ministre du commerce de là-bas, environ huit cents millions de T-shirts’’.

Qu’ils peuvent, évidemment, fabriquer en une semaine alors que pour faire un Airbus…

C’est, en plus, sans compter que pas fous, nos partenaires - pour ne pas dire nos conquérants - ont troqué leur mirifique achat contre l’obligation d’un transfert de technologie.

Ils fabriqueront après les Airbus chez eux.

Ce qui signifie perte d’emplois et chômage chez nous, mais aussi secrets de fabrication subtilisés et, évidemment, immédiatement améliorés chez eux.

Car ce n’est pas à des zèbres qui savent, mieux que nous, déjà envoyer se promener des cosmonautes autour de la Terre, que l’on va apprendre grand-chose.

VESSIES CONTRE LANTERNES CHINOISES

Certes, ils n’avaient pas encore bien développé la vulgaire fabrication des avions qu’ils avaient à bas prix sur le marché international.

Jusqu’à présent, ils avaient préféré privilégier leurs réalisations glorificatrices du régime, et plus enrichissantes de la technologie de pointe de la conquête spatiale.

Qu’à cela ne tienne.

Ils vont désormais fissa s’atteler à la fabrication de superzincs.

En faisant l’économie de tous les stades intermédiaires de la recherche.

Bien trop coûteuse en tâtonnements, erreurs et mécomptes si faciles à éviter par le simple achat d’une petite centaine d’appareils et d’usine clefs en main.

Victoire vous avez dit ?

Pour qui ?

Ce n’est pas après-demain la veille du jour où nous allons leur damer le pion pour ce qui est de fabriquer des T-shirts à un euro la douzaine.

Alors que c’est demain, voire tout à l’heure qu’ils pourront nous faire la pige en nous vendant à leur tour, des avions de ligne, peut-être pas meilleurs, mais en tous cas très ressemblants, et surtout bien moins chers, que ceux qu’on fabrique à Toulouse.

Victoire vous avez dit ?

Les Chinois ont trois ou quatre avantages majeurs sur nous, en plus de tous les autres : avec eux ils ont le nombre et le temps.

Et, comme les Japonais, ils savent copier.

Mais, surtout, nous faire voir le doigt qui montre la Lune, alors que c’est elle qu’il faut regarder.

En clair, ils savent, mieux que nous, bien cacher leurs objectifs réels à coups de sourire et de cadeaux bien aromatisés, ou/et empoisonnés, au choix.

En un mot, nous faire prendre des vessies pour des lanternes.

Chinoises ?

Mais, après tout, n’est-ce pas là l’art et la manière de faire du commerce ?

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