Mourra mourra pas ?
Atroces, indécentes, obscènes supputations des journalistes dans leurs salles de rédaction qui ont, depuis pas mal de temps déjà, sous la main des tonnes de pages et numéros ‘’spéciaux’’ entiers sur la vie - et la mort- d’Ariel Sharon.
Laquelle, dans quelques cas, engendrerait chez eux des regrets très sincères mais chez les autres, la généralité, signifierait augmentations des chiffres d’Audimat et de ventes donc rentrées sonnantes et trébuchantes.
De même que surcroît de notoriété pour la tribu d’experts, spécialistes et autres distingués crânes d’œuf, qui seraient consultés comme autant d’oracles.
Pour nous dire, doctement mais de façon très exacte bien sûr, ce que va devenir notre pauvre monde.
‘’Sauf erreur de ma part’’ et ‘’toutefois à mon humble avis’’, s’empresseraient d’ajouter, in fine, les moins téméraires pas très nombreux.
ARRETER DE TARTINER
Pas joli joli cet accompagnement de, sinon une fin qu’on souhaite évidemment la plus éloignée possible, du moins une situation qui ressemble à ce que nous avons connu avec Jean-Paul 2, Arafat et autres Brejnev et Josip Broz Tito qui donnèrent lieu aux originaux, inventifs et interminables et dégoulinants commentaires et opérations médiatiques, censés ‘’faire face au (supposé) besoin d’information des lecteurs ou téléspectateurs’’…
Il serait si simple, trop simple évidemment, de ne voir dans ce pathétique épisode de vie d’un homme, que le drame d’un humain luttant contre la maladie, contre la mort et dont le combat n’a rien de plus, ni de moins, héroïque et douloureux que celui du premier Israélien ou Palestinien venu.
En fait, d’un de nos frères en souffrance.
Quand viendra donc le temps de s’arrêter de tartiner, et de laisser à ses proches et à sa famille le soin de lui venir en aide, comme le font, ou devraient faire, toutes les familles de simples êtres humains ?
Hélas jamais.
L’indécence, l’avidité, la vanité imbécile d’en savoir plus que le voisin, de s’en faire briller et d’en tirer profit, continueront à mener le monde médiatique, le monde tout court.
On les entend les commentaires indignés.
‘’Mais cette disparition (éventuelle évidemment) risque de mettre le Moyen Orient à feu et à sang voyons !’’ vont couiner nos éminents guides médiatiques.
Comme si l’actuel Moyen Orient était un havre de paix…
‘’Oui mais ça risque d’être pire et les efforts de paix annihilés par cette disparition !’’
Certes.
''Et la déstabilisation du monde politique! Et son nouveau parti.'' Et…
Et alors ?
En cas de disparition, le disparu serait remplacé, comme tous les disparus de la Terre depuis que le monde existe. Les cimetières sont pleins de gens irremplaçables non ?
Et le pire étant déjà là, on peut penser que les ‘’efforts’’ vers la paix seraient, de toutes manières repris par les successeurs ainsi que par toutes les capitales occidentales et autres qui, elles aussi, sont censées en avoir déjà pas mal fait et vouloir les pérenniser. Ou alors ce serait-il qu’on nous trompe ?
FINS DE REGNE
Cela dit, le drame personnel du leader israélien nous rappelle, devrait nous rappeler utilement, qu’il représente à nos yeux, quelque chose comme l’archétype des fins de règne des guides de ce système.
Rappelons-nous notre Histoire.
Charles de Gaulle, stupéfait, ulcéré du rejet de sa politique et de sa personne, foudroyé même pas deux ans après le non majuscule infligé par la France.
Amertume. Solitude. Tristesse. Fin ordinaire, commune à tous les simples humains.
S’il y a des enterrements de première, deuxième ou troisième classe, la Mort, elle, les ignore.
Et puis, dites voir : qui donc continue à mettre en œuvre certaines de ses idées généreuses dont ses ‘’héritiers (ne rigolez pas !) se prévalent pour ratisser les voix des gogos ?
Et Georges Pompidou, qui pensait que ruser avec la mort suffirait à l’éloigner.
Et qui stupéfia les Français par sa mort pas du tout annoncée mais vite oubliée. Dans la discrétion.
Et tous les autres, parmi les plus ''grands''.
Et Valéry Giscard, d’Estaing dit-on, qui, toujours plus vivant que jamais, et c’est heureux, n’en finit pas de lutter contre ce lent et inexorable effacement intellectuel où conduit la consternante mais inéluctable trivialité de l’obsolescence physiologique.
Et Joseph Staline qui trempa la moitié du monde, la ''sienne'' dans le sang, et tourna de l’œil pitoyablement et bien vilainement, sous la pogne experte de médecins plus prompts à occire leur auguste patient qu’à le tirer d’affaire.
Et Napoléon, et Alexandre, et César et tant d’autres dont les noms rappellent au mieux une brillance qui n’a servi qu’eux-mêmes et leurs sbires mais qui, vite effacée demeure à tout jamais synonyme de souffrances et de noirceurs infâmes jamais expiées.
Et Adolf Hitler et ses séides tiens !
Un règne de Mille ans réduit à dix…
Avec des nazis qui ont, d’ailleurs, survécu et prospéré dans tous les coins de la planète, acceptés, digérés, naturalisés par tous ceux qui ont profité de leurs si utiles savoirs et savoir faire.
Ces assassins ont, d'ailleurs, largement démontré que ‘’l’honneur’’ de mourir pour ses idées, n’était qu’une honteuse façade qui cachait un goût marqué pour une vie bien vivante, avec tout confort si possible.
Mais qui ont fini par passer l’arme à gauche eux aussi.
Les drames et dramatisations planétaires ne servent que les coupables et leurs pitoyables et histrions biographes.
Et la grandeur des guides suprêmes ne se mesure qu’à celle des quelques lignes posthumes qui leur sont consacrées.
LE DIABLE SE FAIT ERMITE.
A tout ce fatras historico médiatique, nous préférons la simplicité de nos réflexions à nous sur la supposée grandeur des uns face à la non moins supposée petitesse des autres.
Nos valeurs ne sont pas là.
La mort d’un homme est et sera toujours abominable. Et il est dégradant pour la vie humaine elle-même, pour l’être humain, d’en plaindre certaines plus que d’autres.
-Bon! C'est tout là? Venez-en au fait.
Ben on le reconnaît humblement. Tout ce qui précède fleure grandement notre habituelle philosophie de supermarché.
N’en attendez pas plus de nous qui préférons en rester à nos élucubrations de comptoir.
On se les aime car elles valent, très exactement, tout autant que les phrases ronflantes et pétaradantes de nos guides, gourous et autres éminents conducators médiatiques, politiques, scientifiques et religieux.
Résultat de ces superbes leçons de philosophie sociologique toutes propres à améliorer le sort de l’Humanité entière ?
Zéro.
Quid alors comme leçon du drame actuellement vécu par Sharon et les siens ?
Simple une fois encore.
D’abord, que nous lui souhaitons, d’évidence, et très sincèrement, qu’il se retape au plus tôt, et avec toutes ses capacités, pour profiter de la vie encore bien longtemps, sans se l’emmouscailler de nouveau avec les embrouillaminis politiques qui l’ont sûrement amené là où il est présentement.
Deusio, et c’est le plus important, qu’il est un bon exemple de l’adage suivant lequel, en vieillissant, le diable, paraît-il, se fait ermite.
Sous entendu, l’âge apporte la sagesse qui incite à palabrer, fut-ce jusqu’à plus soif, plutôt que de se taper dessus.
Le dialogue est le propre de l'homme, pas des meurtriers.
La Nature nous le dit : si nous sommes dotés d’une bouche et de deux oreilles, cela signifie, probablement, qu’il nous faut écouter deux fois plus souvent que d’ouvrir son clapet.
C’est meilleur pour comprendre…les autres.
S’il a fallu à un faucon un demi-siècle pour se muer en colombe, c’est déjà ça.
Colombe, colombe, enfin…à peu près.
De toutes manières, que de temps perdu !
On ne peut que regretter que la plupart des chefs, dirigeants voire dictateurs, n’aient pas fonctionné de cette manière.
La preuve chez nous où la droite virant à gauche, et vice-versa…ce n’est pas pour demain.
D’ailleurs, si ces deux extrêmes tendent, cependant, à se rapprocher, c’est simplement parce que le pouvoir et l’argent, surtout, tiennent un langage international, interethnique, intergénérationnel et inter tout et le reste, impossible à ne pas comprendre pour qui veut s’assurer une retraite confortable.
Autre enseignement : les grands hommes, enfin ceux qui estiment en être arrivés là, devraient ne jamais oublier qu’ils ne sont pas éternels, quand bien même ils rêvent tous d’entrer dans l’immortalité laquelle est bien moins longue qu’on ne le pense, surtout lorsqu’on ne l’a pas approchée de près.
CA VOUS FAIT QUOI L’ ARC DE TRIOMPHE ?
La preuve: les monuments aussi sont mortels.
Et même du temps du vivant de ceux qui veulent en laisser comme marque pages d’une Histoire qui sera étudiée, voire simplement feuilletée par les générations ultérieures.
Cf, entre autres, l’Opéra Bastille dont la devanture se carapate depuis pas mal de temps, la Grande Arche dont pas mal de blocs de façade ont dégringolé sur la tête de pékins qui n’étaient pas des intellos et qui, si ça se trouve, ne savaient même pas lire.
La Tour Ficelle ? L’Arc de triomphe ? La France ? Le Concorde ? Le Clemenceau tiens !
Dites, ça vous fait quoi l’Arc de Triomphe lorsque vous n’arrivez pas à boucler vos fins de mois ?
Et la grandeur de tel ou tel guide suprême, de telle ou telle politique ronflante, au moment où il faut payer vos impôts dont la diminution cent fois promise ne cesse de maigrir ?
Allez tout ça me fatigue.
Je vais acheter dix à douze litres de vinaigre.
D’alcool.
Pour quoi faire ?
C’est pas cher et ça remplace très avantageusement toutes les liqueurs et liquides miracle pour ce qui est de nettoyer éviers, lavabos et autres sanitaires et petits endroits.
Essayez.
C’est l’adopter.
Pitoyable condition humaine que la nôtre…
Dès qu’on la mesure à travers la lunette des cabinets, la grandeur reprend sa vraie taille.