La tournée triomphale d’explication de la loi sur l’immigration choisie, tournée à l’usage plus des électeurs français que des ‘’bénéficiaires’’ africains, a tangué quelque peu. Au-delà des récriminations compréhensibles des populations concernées, nos représentants ont eu droit à ce qu’on ne peut décemment pas appeler la traditionnelle sagesse ou politesse africaine. Insultes, grossièretés en tous genres : ce n’est pas une excellente manière de faire valoir son bon droit.
Immigration, colonisation : ces deux notions sont intimement mêlées.
Hélas pas du tout éclaircies ni expliquées par tous ceux qui ont tout intérêt à perpétuer l’embrouille.
On les comprend ces malheureux Maliens ou Béninois qui n’apprécient guère de voir se fermer les portes, jusque là grand ouvertes, d’une France qui, pourtant, d’évidence, ‘’ne peut accueillir toute la misère du monde.’’
Même s’ils l’ont fait savoir de bien vilaine façon, on les comprend au nom, simplement, de la pauvreté, de la misère, de l’avenir impossible, d’une vie qui, de quasi agonie locale, risque d’ailleurs, de ne devenir qu’une vague survie en métropole.
Mais, au fait, devant cette fin de non-recevoir de l’Europe, pourquoi nos amis Africains ne vont-ils pas frapper à la porte américaine ?
L’Oncle Sam fait, pourtant, des efforts démesurés pour prendre pied dans le pré carré réservé jusqu’ici à la politique de la France éternelle.
Et fait, non des ponts d’or, mais, tout du moins, de considérables efforts pour accueillir, aux states, les…plus diplômés des candidats africains à l’ascenseur social, ou, simplement, à une vie décente.
Eh oui !
C’est là où le bât blesse.
Les Etats-Unis, le Canada, le Japon, la Suisse, l’Allemagne, Singapour, la Russie, la…Chine même, n’acceptent pas tout le monde. Et ils ne sont pas les seuls sur la Terre.
Si les USA donnent l’exemple pour les populations de latinos, les pratiques de ce genre ont cours partout ailleurs, dans tous les pays de la planète.
La grande majorité, sinon la quasi-totalité, pratique, et de manière systématique, l’immigration choisie, ce qui explique, d’ailleurs, le silence prudent de beaucoup à l’égard des propositions et de la loi françaises.
QUI COLONISE QUI ?
Mais qu’on renverse seulement l’équation.
Les européens dans le besoin, seraient-ils seulement tolérés par les populations et les gouvernements africains ?
Certes, un très pauvre en France, peut paraître relativement aisé au fin fond du Mali ou du Bénin.
Mais les pays d’Afrique accepteraient-ils, eux, tous les SdF et autres chômeurs en fin de droit, voire les populations des plus pauvres européens, si les pires de nos niveaux de vie les plus bas égalaient ceux qui se pratiquent chez eux ?
Et puis, comme un commentateur l’a justement fait remarquer, accuser sempiternellement la colonisation de tous les maux actuels, immigration comprise bien sûr, est une manière un peu trop facile d’évacuer la gabegie des ‘’élites’’ locales grassement subventionnées, mais également de tous les petits chefs qui les servent et se servent en accaparant les aides publiques et privées pour ne laisser que des miettes, payantes, aux masses populaires.
RESPONSABLES JUSQUe OÙ ?
Quant à la responsabilité des ancêtres colonisateurs combien de temps encore devra-t-elle être honorée par leurs descendants ?
Voire, jusqu’à quand et où ira-t-on traquer les ‘’coupables’’ ?
Car à ce jeu pervers, la responsabilité des colonisateurs africains ou arabes eux-mêmes, n’a d’égales que celles pratiquées, au fil des siècles, par les Romains, les Barbares, les Mongols, les Teutons, les Grecs, les Incas, les Européens, les Etasuniens, en un mot tous les peuples du monde, qui ont été, voire sont encore, colonisateurs à leurs heures.
Et qui, si l’on veut suivre cette ‘’logique’’ réparatrice et expiatoire, n’auraient donc plus qu’à s’indemniser et se dédommager mutuellement, dans un concert généralisé d’excuses et de pardons croisés, exigés, consentis, partagés.
Il est vrai que, de nos jours, la colonisation continue, mais le tableau s’éclaircit aujourd'hui.
Il est désormais de plus en plus visible que le fait de parler de colonisation, culpabilise les citoyens lambda, surtout par commodité politique coutumière…aux élites.
Culpabiliser des foules est plus facile, pour ceux qui tirent les ficelles de part et d'autre, que d'accepter d'être, individuellement, mis cause.
C'est pas moi, c'est tout le monde. C'est pas moi, c'est eux...
Evidemment, il était, et demeure impossible aux peuples autochtones de se défendre contre les élites étrangères dictatoriales et colonisatrices…ou les leurs, issues de leurs propres rangs, complices et complaisamment colonisées, toutes imperméables à tout langage du cœur.
Par conséquent, plutôt que de s’attaquer à ces seuls coupables, il est plus commode pour les masses, -et leurs porte-paroles soucieux de se dédouaner de leurs propres méfaits-, de rejeter la faute sur ''les autres'', les colonisateurs.
En, fait, des pays démocratiques tout entiers.
C’est-à-dire, en fait, moins sur des gouvernements que sur des foules de simples citoyens qui les ont mis en place. Ces simples citoyens plus vulnérables car, eux, moralement responsables.
Parce que sensibles à la détresse de leurs semblables mais, éhgalement, parce qu'ils ont eu la faiblesse d'élire des dirigeants qui ont été et restent les premiers et plus grands coupables.
Alors que, et cela devient chaque jour un peu plus clair, mondialisation ultra libérale aidant, la seule colonisation qui mérite ce terme, ne réside, en fin de compte, que dans l’exploitation des pauvres par les riches.
Quelle que soit la couleur de leur peau, leur ethnie, leur religion, les humains ont été, sont et seront, ad vitam placés devant ce choix : commander ou être commandés, être pauvres ou riches, manger ou être mangés.
DARWINISME ECONOMIQUE ET SOCIAL
Bref, rien de nouveau sous le soleil.
Chacun se détermine, fait comme il peut, comme il veut dans certains cas, mais pas souvent, la liberté n’existant qu’à la mesure de son compte en banque.
Ce qui détermine la morale à laquelle chacun décide d’adhérer. Et, partant, détermine aussi son attitude au sein d’une société.
Chacun fait le choix de vivre pour son confort ou pour ses idées n’est-ce pas ? Et si le quotidien nous contraint à pratiquer le moyen terme, le choix fondamental demeure. Et se révèle en cas de crise d’ailleurs et nous y sommes, ou quasiment.
Il en va ainsi de la condition humaine.
Au plan économique, mais aussi du rapport des individus, le darwinisme a fait son sale travail.
Certes, au gré des circonstances et des intérêts, il semble s’opposer à l’idéal dit chrétien…mais qui, justement, n’est idéal dans son objectif,.
Car il ne vaut pas grand-chose dans la pratique puisque mis a mal et trahi par toutes les élites gouvernantes, politiques et ecclésiales.
Pour être clair et faire court : colonialisme et immigration même problème.
Problème universel, en fait, de la domination et de l’exploitation de l’homme par l’homme.
L’homme peut-il, veut-il, se libérer de la colonisation ? Des colonisations qu’il subit au quotidien ?
La vie dans une société fondée sur le profit est criminogène.
Ne pas le dire est aussi un crime.
Et dire, qu’en société, l’humain peut se montrer très animal, est faire injure aux animaux. Ils ne méritent certainement pas d’être comparés aux hommes qui, seuls, font sciemment souffrir leurs semblables pour satisfaire leurs propres plaisirs. (1)
Le reste, tout le reste, n’est que mauvaise littérature et démagogie de très, très, très bas étage, habillée, bien sûr, de mots.
Ronflants, impressionnants toujours…il faut bien trouver un système pour faire croire aux gogos que pour résoudre tous les problèmes sociaux, humains, il suffit d’élire des représentants qui les défendront contre les exploiteurs.
On voit où nous en sommes...
(1) À ne pas confondre avec besoins.