11 novembre, dépôts de gerbe, discours patriotiques, souvenirs- souvenirs, épanchements médiatiques, livres historiques, compilations diverses et nombreuses : la commémoration de l’évènement a pour objectif premier et entre autres, de contribuer à une pacification des rapports entre les peuples.
Personne ne s’en plaindra et c’est un bien.
Néanmoins, force est de constater que, en partie tout de même, un des buts, pas avoué sinon bien avouable, a été, plus encore que les années précédentes, de profiter de l’occasion pour monter quelques opérations pas mal lucratives.
En effet, le souvenir de la mort de près de 15 millions d’être humains (SOS statistiques!) a permis de vendre à tour de bras livres, émissions radio et télévisées, débats et conférences en tous genres, vente de souvenirs d’époque ou réinventés (Made in China ?(1) )
Excellente occasion donc, pour un certain nombre, pour vendre leur soupe, mais aussi, tout de même, pour quelques meneurs d’opinion, de surfer sur l’intérêt des populations pour ce souvenir du plus grand massacre et de la plus grande honte d’une Histoire moderne qui n’en a pas vraiment été avare.
Mais c’est la tradition : tout cadre, tout est bien réglé, tout a fonctionné conformément au plan mis en place par toutes les civilisations, la nôtre n’est pas en reste, consistant à discuter après s’être étripés mais surtout pas avant : il en va de…l’honneur et de la grandeur de la nation voyons...
COMMENT OUI, MAIS POURQUOI ?
Tout va bien donc ?
Pas tout à fait.
La télévision, en particulier, est extrêmement riche d’émissions retraçant les massacres et, en général, dans le détail.
Petit ennui : beaucoup de réponses aux comment, mais pas grand-chose répondant aux pourquoi.
Certes, on picore par-ci par-là des explications, d’une docte complexité du genre, problèmes économiques, besoin d’expansion, conflits historiques, incidents frontaliers, bref, sauf pour s’efforcer de vendre leurs bouquins, même les historiens ne sont pas tous d’accord sur les causes profondes de tous les conflits modernes et de celui-ci en particulier.
Aussi nous sommes nous dit qu’il ne serait pas inutile de rappeler qu’il eut été extrêmement simple, hypothèse d’école, d’éviter ces guerres dont aujourd’hui on tente, misérablement, d’expliquer quelques causes plus ou moins vraies.
Comment donc, tenter d’éviter la guerre de 14-18, voire celle de 39-45 qui ne le cède en rien à la première au plan de l’effroyable ?
Sinon de ne pas la faire mais, au moins, de tout essayer de manière qu’aucune consciences, les plus hautes avant tout, ne soit frustrée de ne pas avoir tout tenté ?
Souvenons-nous, les personnes de ma génération le savent bien : mes parents et surtout arrière grands parents nous ont tous parlé de ces sinistres évènements et du recours à la religion censée les aider à supporter l’insupportable.
Tous ceux qui ont souffert de cette guerre ont le souvenir du ‘’réconfort’’ qu’ils trouvaient auprès des évêques, des prêtres et des aumôniers chargés de maintenir le ‘’moral des troupes’’ et de leurs familles….du pape lui-même dont, plus que de tout autre, tous espéraient un geste ou des paroles condamnant la tuerie autrement que de manière incantatoire.
Car, de ce côté-là, les paroles des religieux n’ont pas manqué.
Bien obligés, tout de même ces braves gens : les religions, qu’ils étaient et sont chargés d’enseigner à leurs ouailles, ne les contraignaient-elles pas à faire preuve de compassion, d’amour, envers ceux qui souffrent ?
VOUS AVEZ DIT AMOUR ?
Amour ?
Le grand mot est lâché.
Gros mot dirais-je, tant ce mot-là a été absent de ce ‘’jour du souvenir du 11 novembre’’2013.
Comme si nos commentateurs patentés craignaient d’amener le problème là où, dit-on, sommeille la Vérité, tout au fond du puits dont, semble-t-il, personne n’a jugé bon de le faire sortir.
Car, pour en revenir à l’attitude des religions et de leurs représentants, les nations en guerre étaient, en énorme majorité, soit catholiques, soit protestantes, soit orthodoxes mais aussi animistes, bouddhistes, musulmanes et tant d’autres encore.
Et tous les religieux, représentants de ces multiples cultes, étaient, eux, réunis, certes dans l’ardente obligation de se montrer plein de compassion mais, surtout, de donner l’exemple en matière de promotion de la paix entre les hommes.
En foi de quoi, tous les responsables religieux, sans distinction aucune, ont accompagné les troupes au front, leur ont assuré que Dieu était avec eux (2) qu’en cas de mort ils seraient illico envoyés dans leurs paradis respectifs mais ont estimé vital de bénir à tour de bras fusils, canons, et, pourquoi pas, les gaz de combat eux-mêmes puisqu’il s’agissait bien d’armes destinées à faire gagner un camp, celui des gentils, contre l’autre, celui des méchants, des mécréants..
Même les gaz, oui. Ces horreurs insidieuses que les belligérants se sont mutuellement soufflées dans les bronches, quitte, quelques années plus tard, à les interdire internationalement à Genève, tellement bien d’ailleurs qu’elles ont allègrement resservi pour la solution finale et, aujourd’hui encore, dans le conflit moyen oriental. Ils avaient dit ‘’Plus jamais çà’’ ?
ENTRE CROYANTS
Conclusion de l’affaire ?
Ces religieux, du plus petit et surtout jusqu’au plus grand, chargés de promouvoir la paix, de s’évertuer à la construire cette paix, de refuser la guerre, de la dénoncer et de la condamner ainsi que ceux qui acceptaient de la faire (et surtout de la faire faire )(3) et de tuer leurs semblables, qu’ont-ils fait ?
Tout en prêchant Dieu, Jésus-Christ et tous les saints, ils ont fait très exactement le contraire des valeurs de paix et d’amour cités dans les évangiles qu’ils étaient chargés -mission ‘’divine’’- de diffuser, de faire connaître, de donner en exemple.
Invoquant sans cesse la parole de Dieu qu’ils disaient avoir choisi pour maître, ils n’ont cessé de la trahir.
14-18 et 39-45 ? Pire qu’une guerre de religions : ce furent deux guerres des religions entre elles et même en interne, entre ‘’’croyants’’(4)d’un même culte.
Quid de tout cela dans sur les ondes de nos radios favorites de nos si belles chaînes de télévision, dans nos si objectifs livres d’Histoire, voire, sur les lèvres de nos dirigeants de tout poil ?
Rien ou presque, sinon de convenu, de dit et redit depuis…bientôt un siècle.
Tiens, à ce propos, d’ailleurs, juste une petite dernière entendue sur France Info.
La ‘’journaliste’’ qui a ouvert la session du 10h-13h (la meilleure car plus d’audience et on peut se lever plus tard que les soutiers des journaux du 6-9h ou du 8-10h….)
En démarrant le journal, elle nous a appris fièrement: ‘’Aujourd’hui jour de la commémoration du centenaire de l’armistice de la guerre de 14-18’’…
Cette distinguée informatrice, pas très au courant de l’Histoire de France (passée) que l’on n’enseigne pas, il est vrai, dans les écoles de journalisme, n’a pas l’air de savoir que la commémoration du centenaire se fait cent ans après l’évènement et que, donc, celle-là se fera en…2018, évidemment, Le 11 novembre c’est sûr.
Mais bof !
C’est ainsi que l’Histoire est grande…comme disait, presque, le très regretté Alexandre Vialatte.
Donc, rendez-vous le 11 novembre prochain.
Cela permettra à notre distinguée inconnue, de ne pas faire d’erreur.
Mais, puisque les ‘’journalistes’’ ne sauraient se tromper, cette dame pourra toujours prétendre qu’en fait, il ne s’agit pas du tout d’une bourde mais bien d’une annonce faite…cinq ans avant tout le monde.
Un scoop quoi…
Maurice CARON
(1)Meuh nooon, je blagueue…ou presque.
(2) Pour les Anglais la devise était God save the King, les Allemands portaient Got mit uns sur leur ceinturon, les Américains avaient pour devise In God we trust et la France, la hiérarchie lui serinaient à longueur de prêches que notre pays était la fille aînée de l’Eglise.
(3) Clemenceau, le (Le père la Victoire)’, a dit : ‘’Les guerres sont voulues par ceux qui ne les font pas et faites par ceux qui ne les veulent pas.’’
(4)…croyants mais aussi pratiquants d’ailleurs, à ces époques où les gens l’étaient infiniment plus qu’aujourd’hui…et puis même, par…obligation. Sur les champs de bataille : un poilu disait en se souvenant de l’enfer qu’il vivait lorsque les tirs d’artillerie se déchaînaient‘’Quand les obus vous dégringolent sur la tête, personne n’est incroyant…’’