Lors des obsèques de Yasser Arafat, une commentatrice de radio s'est indignée de voir des enfants tirer en l'air, avec des Kalachnikov. En plastique certes mais tout de même...
Et dans le contexte en plus...
On la comprend et on l'approuve.
Sauf, peut-être, que le même jour, une école alsacienne avait organisé d'imposantes manifestations dans le cadre desquelles les enfants de la région entonnaient à pleine voix la Marseillaise.
Il n'y avait là que de très louables et fort jolies intentions.
Sauf qu'on aurait pu tout de même, le corps enseignant en tous cas, se poser quelques questions.
A une heure où l'armée n'en découd plus ni avec les Allemands, ni avec les Russes - enfin on l'espère - ni avec les Anglo-Américains - tout de même pas ou pas encore - mais se consacre et c'est tout à son honneur et au nôtre, à des tâches surtout humanitaires, apprendre aux mouflets à souhaiter verser le fameux sankimpur (celui des allemands de l'époque) n'est peut-être pas une incitation à la portée de l'immédiate approbation du premier europhile venu.
D'autant que si l'on doit apprendre à nos chères têtes tricolores - çà change des blondes - la totalité des couplets, on en trouve d'autres tout aussi croquignolettes. Du genre : tremblez tyrans, tremblez perfides et vos projets pââârricides, despotes sanguinaires, tigres sans pitié, vils despotes, traîtres ignobles...et tout et tout. Plein d'injures bien tapées qui rappellent, en huit couplets, les chapelets d'épithètes tout aussi variées proférées par le capitaine Haddock à l'intention de ses ennemis réels ou supposés.
Plaisanteries?
A moitié. A-t-on demandé au corps enseignant et pourquoi pas, aux parents d'élèves, s'ils étaient demandeurs? Voire s'ils acceptaient?
Et les monarchistes alors? Et les apatrides? Et les pygmées? Et les Papous Néo-Guinéens? Et les citoyens du monde? Et, tout simplement, les enfants d'étrangers d'autres républiques résidant temporairement chez nous?
Minoritaires? Et alors ils n'ont aucun droit?
Respecter les lois de la République est le devoir de tout citoyen, français en l'occurence. Le devoir, en fait de toutes les personnes résidant sur notre territoire, y compris, on voudrait bien, les plus ou moins membres de corps plus ou moins diplomatiques qui ignorent superbement nos lois ( en particulier le Code de la Route) et se conduisent en pays conquis, ignorant autant notre police que notre notre justice qui ne font pourtant que leur travail en tentant de les empêcher de nuire.
Mais respecter les lois de la République et honorer son histoire, ne signifie pas oublier que notre Histoire évolue. Le président de la république lui-même a bien montré que cette Histoire, n'était pas sempiternellement écrite que par des vainqueurs sans reproche. Il est donc, revenu sur le consensus silencieusement complaisant qui apprenait à nos enfants que l'Administration Française était éternellement innocente des crimes vichystes puisque l'enseignement scolaire l'ignorait, ou le taisait.
Et puis enfin quoi? Toute notre Histoire de France débouche, ces jours-ci, sur celle de l'Europe non?
Et son ''Hymne à la joie'' de Beethoven semble, sans parole aucune ou avec des paroles tournées vers l'avenir, plus propice à donner à nos enfants, une habitude de pensée nettement plus constructive car tournée vers un immense continent en création où les frontières ne seront, dans quelques lustres, peut-être plus qu'un souvenir.
Et encore: pourquoi imposer un chant, guerrier ou pas, alors que l'on ne sait que trop à quoi peuvent servir ces ''d'aides au patriotisme''..
Le premier acte de pouvoir de tout gouvernement est, avec la création d'un drapeau, de se donner un hymne. Légitime.
Ce qui pose questions est que l'Allemagne nazie, elle, a imposé ce chant sous peine de sanctions. Tous comme certains régimes, africains ou sud-américains, voire américains tout court estimeront certains, qui imposent, tant qu'à faire, et le chant, et le serment la main sur le coeur et la prière. En treillis et en rangers aussi?
Nos décideurs ont-ils proposé le débat aux parents d'élèves? Et si les enfants, ou les parents trouvent cela inconvenant et, tout en respectant, ne veulent pas? Amende? Prison? Camp de concentration?
Et croit-on, vraiment, qu'apprendre aux enfants à chanter l'hymne national empêchera les crétins et les voyous, qui l'auront d'ailleurs peut-être appris eux-mêmes, de le siffler honteusement - et pour certains en toute impunité - quand ils ne seront pas satisfaits du résultat du match de foot?