21 morts dans un incendie qui a éclaté dans un immeuble abritant, selon les avisés commentaires journalistiques, des immigrés.
Hasard ?
Sûrement pas.
Ce genre de drames a peu de risques de survenir dans le XVI°…
Mais bien plus souvent, et plus encore dans le futur, dans les taudis où notre civilisation cantonne tous ceux et tout ce qu’elle ne veut pas voir.
Tout ce qui, en fait, la condamne.
Immigrés ou pas, réprouvés et dérangeants dans tous les cas.
La compassion officielle, tout à fait louable, est, néanmoins, comme tous les sentiments dont se farde notre civilisation: elle n’a qu’un temps. Celui nécessaire pour faire la une, ou, au mieux, sécher quelques larmes…
Si tant est bien sûr…
Le traitement de cette information est, une fois de plus, symptomatique, de l’attitude des medias, et de ceux qui les représentent, vis-à-vis des petites gens et des drames qui les accablent.
15 morts, c’était un drame. 21, c’est la catastrophe, tout en étant une aubaine de plus pour les fabricants d’encre, de papier et de temps d’antenne.
Pas autant, il est vrai que pour une mort célèbre de la semaine passée.
Car il faut bien en convenir : la mort d’un pape vaut bien mieux qu’on s’y intéresse que celle de 21 anonymes, gris ou noirs qui mieux est.
Et pour des blancs ?
L’émotion sollicitée aurait été plus ample mais guère plus.
Même, et surtout, morts, les individus continuent à peser leur poids d’euros, de dollars ou de ‘’gloire’’.
Quoiqu’il en soit, un ou deux carbonisés, n’auraient mérité, tout au plus, que 5 à 10 secondes d’antenne et une demi-colonne en page deux.
Et 21 indemnes, tout simplement parce que l’incendie aurait eu lieu en leur absence, n’auraient eu, évidemment, droit à rien. Et même moins que rien.
Ce qui n’aurait nullement empêché leurs conditions de vie, cause possible de drames, de rester… dramatiques et menaçantes.
Une fois de plus, on se heurte à la hiérarchisation médiatique par excellence de la douleur, en un mot des valeurs, ou de ce qu’il en reste.
Un enfant battu par son beau-père vaut mieux qu’un vieillard renversé par un scooter et les familles explosées par les divorces en France, n’intéressent personne alors qu’en Bosnie Herzégovine, elles donnent lieu à des ‘’grands reportages’’ qui tirent des larmes.
Dans quel monde vivons-nous donc ?
Tout simplement dans un monde où tout est à vendre et à acheter.
Désormais, de façon obligatoire.
Jusqu’aux consciences et aux opinions.
Et les medias apprennent, désormais, au petit peuple, ce qu’il faut admirer, aimer, craindre ou haïr, et ce sur quoi il faut s’apitoyer, s’attendrir et, bien sûr, qui il faut mépriser, ou, selon les cas, à qui venir en aide, en mettant la main à la poche si nécessaire.
Big Brother est pour demain?
Mais non ! Il est là voyons!
Aujourd’hui !
Et il est encore plus malin que le modèle qu’avait imaginé Aldous Huxley.
A moins que cela ne soit vraiment nécessaire, il ne s’impose pas par la force…visible.
Non.
Désormais, pour mieux se faire accepter, il se déguise. Mieux, protéiforme comme pas un, il sait prendre tous les aspects, toutes les apparences, refléter voire dupliquer toutes les couleurs, toutes les opinions du grand public, afin de lui faire croire qu’il le représente. Et de lui servir ensuite de porte-voix.
Les medias disposent ainsi de l’argument massue qui légitime toutes leurs initiatives, tous leurs choix, et bien sûr, toutes leurs dérives :
‘’Le public, a le droit de savoir. L’information est notre mission. Nos lecteurs – cherzauditeurs et téléspectateurs – nous le demandent, l’exigent. Ce n’est pas nous qui l’exigeons, c’est EUX. Le grand public.’’
Il ne suffit donc plus que de former, de formater cette exigence-là et de l’exprimer ensuite en porte-paroles auto-proclamés.
La boucle est bouclée.
On n’est pas très sûrs que l’information y trouve son compte.
Les…informés encore moins.
Mais qu’ils dorment tranquilles.
Désormais, ils ont des guides sûrs.
Vous avez dit gourous ?