D’accord, d’accord , d’accord…
Je manque vraiment à ma parole.
J’avais promis-juré de ne plus parler du pape mais j’y suis obligé…
Cédant à la pression populaire, - c’est la mode non? - ,et surtout aux remarques un poil acerbes de mon entourage qui m’accuse de fuir mes responsabilités, de ne pas parler des choses qui fâchent, d’éviter les sujets scabreux et de louvoyer entre les écueils pour passer entre les gouttes, je me lance.
Pourquoi ?
Parce que dans les gazettes et dans les postes, les exégètes sont au travail.
Le nouveau pape sera-t-il conservateur ou libérateur ?
Va-t-il être un tenant de la morale anti, disons le mot, sexe, et proche du pouvoir, politique et patronal ? Ou ami du petit peuple, voire fricotant avec les fainéants d’intellos, les socialos, les cocos, les progressistes, pire, les prolos à casquette, en passant par les restos du cœur, les nouveaux philosophes salade rus(s)e, les oubliés du Chiapas, les écolos et autres altermondialistes ?
Mystère.
Mystères au pluriel, et tant mieux car les marchands d’encre y gagnent ainsi que nos amis journalistes qui y vont de leurs conseils lumineusement nébuleux et les grands reportes éditorialistes, guides autoproclamés, qui eux, y vont de leurs commentaires fromage ET fruit, dans tous les canards où ils pigent à tour de bras et dans tous les forums (participation 250, en couple 300 euros) où l’on gobe, gratos, la parole divine qui sauvera la planète.
Et nous ?
Comme d’hab, nous irons de nos questions que les autres ne posent pas et de nos commentaires qui grattent un peu n’importe où.
Ainsi donc, rappelons la position de l’église catholique, décrite, qu’on le veuille ou non, par historiens, journalistes et commentateurs divers au fil des millions d’articles et de livres à elle consacrés.
Elle, l’église, ou une bonne partie, s’est longtemps, voire toujours positionnée côté patrons. Par tradition, parce qu’ils représentent le pouvoir de droit divin. Parce qu’ils tiennent, eh oui, le fric et qu’ils ont en mains les vraies rênes de la conduite de la planète. Et puis, la stabilité passe aussi par là on le comprend.
Elle s’est positionnée, aussi, côté politique.
Là aussi parce que le pouvoir n’est-ce pas, de droit pas tout à fait divin il est vrai, c’est tout de même le pouvoir non ? Et, derrière, les patrons ne sont jamais loin.
D’ailleurs, LE pouvoir, la religion l’a eu. Bien à elle. Et longtemps.
Et, si celui qu’avaient les papes de nommer rois et empereurs, ou de les consacrer, a molli avec le temps, il n’a jamais disparu complètement.
On a même vu, on voit même encore, surtout en périodes troublées, des ecclésiastiques prendre carrément les rênes en cas d’opportunité. Au niveau de la députation mais même à celui de chef d’état, comme, assez honteusement, en Europe Centrale avant et durant la dernière guerre.
Sans oublier les consignes de prières, de vote, voire les adoubements et complicités en faveur des politiques même dans leurs décisions les plus honteuses, comme celles visant à faire disparaître les religions concurrentes.
L’utile et l’agréable quoi…
D’un autre côté, la démocratisation s’étendant, - tiens, comme c’est drôle, la pauvreté aussi -, le pouvoir a commencé à passer un peu en face. Pas tellement mais tout de même.
Et ce qui était en face c’était le petit peuple, - le revoilà -, c’est-à-dire la clientèle…des religions.
Eh oui.
La quête à la messe, faut pas négliger.
Certes, le petit peuple moutonnier est à défendre contre ceux qui le tondent.
Et, même parmi les ecclésiastiques, un certain nombre s’en souviennent.
Des prêtres, des pasteurs, des rabbins et des imams aussi c’est vrai.
De base surtout.
Parce que la défense bien concrète des tout-petits, ne fait pas tellement recette chez les monsignores et autres guides suprêmes…
Alors ?
Eh bien on ne peut négliger ces gens-là !
Ou alors comment vivre sans les revenus somptuaires du temps passés, envolés avec les lois de séparation des églises et des états ?
Certes, on a réussi à se faire subventionner quand même (1), mais ce n’est plus Byzance.
Et puis si le pouvoir civil, jaloux de la direction des nations, tire de plus en plus la couverture à lui, que va-t-il rester à nous les grandes religions, grands dieux ?
T’as compris le coup ?
Vous imaginez un peu la tempête dans les salles fermées du conclave, où on discute ferme ? Où, même, on se l’envoie pas dire vu les téléphones fermés?
On imagine !
‘’Alors, les gars ? Le pape, on va le choisir parmi les conservateurs ? Les progressistes ? Voire chez les modernistes ? (L’horreur. N.d.l.R)
Et nos copains au pouvoir alors ? Oui, mais oh, et le petit peuple ?
Et le grand capital ? Et les grandes foules comme place St Pierre lors des obsèques de qui vous savez ? Le peuple, il nous fait confiance non ?’’
Coup de vent, tempête, tsunami dans le bocal on imagine !
Et le mariage des prêtres ? Et l’ordination des femmes ? Et le préservatif ? A l’index ou ailleurs ? Et la libération ? Et les sans terre ? Et les multinationales ? Et la guerre en Irak ou en Afghanistan? Et le Rwanda ? Et la torture ? Et les Droits de l’Homme ? Et le chômage ?
Et les musulmans alors ? Et les juifs ?
Les quoi ?
Ben oui, parce qu’en plus ils sont là, ou juste à côté.
Et la concurrence, alors, vous l’avez oubliée ?
On n’est pas sorti de l’aub…pardon, de la chapelle…
Sixtine en plus.
Tout çà, n’imaginez pas que c’est des pures inventions de journalistes de Journal-Info. On a des informateurs nous.
Et même si on n’en a pas, on connaît bien son monde.
En d’autres termes et choses à plat : pour guider 6 milliards de bonshommes et de bonnes femmes, vous moi et les autres, il faut un pouvoir.
Ouhhh làà! Problème !
Big matata comme on dit en swahili.
En effet, depuis que l’Homme existe, il y en a eu, il y en a et il y en aura deux et pas plus de pouvoirs: un, l’économique (le politique, n’en étant qu’une filiale), deux, le religieux.
Ils visent, tous deux la domination des corps et surtout des esprits.
Pourquoi ?
Ben pour dominer quoi !
Le POUVOIR vous connaissez pas ?
Non, non, pas le pouvoir sur soi, ça çà sert à rien, le pouvoir sur les autres, celui qui rapporte ?
Alors ?
Qui c’est qui va gagner cette foi(s) ?
Parce qu’on arrive au bout ce coup-ci.
La démographie augmente (2) et les problèmes avec. Le pouvoir politique qui s’entredéchire est mis de côté par l’économique qui, lui, jette le masque. Le religieux apparaît donc comme le refuge ultime. Le populo finit par douter et un peu par comprendre, tout arrive, mais ne sait plus quoi faire. Les joyeusetés de la modernité et de la technicité se prennent les pieds dans leurs trouvailles. La science qui promet toujours le Paradis, elle aussi, fait rigoler.
Bref, au sein des peuples, enfin de ceux qui ‘’comptent’’, des modernes pour faire court, c’est la superpagaille.
Qui va le prendre et le garder pour tout de bon ce pouvoir ?
Parce que ça, c’est aussi, surtout, LA question qui se pose dans les cervelles cardinalices en conclave.
Et, dit la sagesse, - çà existe aussi -, le pouvoir, ne se partage pas.
L’affrontement arrive.
La Vatican, combien de divisions, disait Staline ?
Les gardes suisses, n’ont que des hallebardes…et quelques modestes Beretta.
En face, les IRBM nucléaires…et, surtout, Wall Street le Dow Jones.
Le complexe militaro-industriel a des longueurs d’avance.
T’as compris le coup ?
La religion, les religions parce qu’à ce niveau, le même problème se pose pour les ‘’grandes autres’’, la religion ne fait décidément pas le poids. Même avec les martyrs qui s’autodétruisent en fin de mission.
Alors (bis ter etc) ?
Eh bien, pour avoir désiré, obtenu, aimé, conservé, accaparé le pouvoir alors que ce n’était pas son boulot, la religion qui veut le conserver, risque de le payer cher.
Résultat ?
Dites…
Puisqu’on y est en plein dedans, vous vous souvenez pas de ça?
Ce qui est écrit dans un livre sacré que tout le monde connaît bien ?
On cite :
‘’On récolte toujours ce que l’on sème.’’
Eh oui !
C’est Paul qui le dit.
Vous savez ? Paul, pas JP2, pas Wolfowitz, Paul, celui de la Bible.
Et puis, a ajouté un quidam : ‘’Qui sème le vent…’’
Bon.
Alors ? Ce nouveau pape ?
A notre humble avis, l’ampleur du débat, du combat final, pour lui et toutes les autres religieux et religions, le dépasse plutôt.
Ami avec les grands ou avec les petits ?
Soit il copine avec les uns, soit avec les autres.
Soit il… reste assis entre deux chaises ?
Entre trône et trottoir ?
C’est la meilleure façon de se ramasser un jour une gamelle.
Quand ?
Ca vient ça vient…
(1) : Rappel : en France laïque, 12% de nos impôts vont à l’Eglise Catholique.
(2) Oui, la démagogie aussi on sait. Ca va avec.