Le 30 avril dernier, il y avait, jour pour jour, 60 ans qu’Hitler se suicidait.
Officiellement.
Car longtemps lui a survécu l’histoire, la légende probablement, selon laquelle il n’était pas mort mais survivait quelque part, entre Argentine, Chili, Bolivie ou confins du Vénezuéla, selon les idées que l’on pouvait se faire des amitiés entre le national-socialisme et certains régimes sud-américains.
Légende également alimentée par la croyance, pas légendaire du tout celle-là, des évasions, via status vaticanus, de nombre de grands, moyens et petits dignitaires nazis…avant, d’ailleurs, qu’ils ne retrouvent des places fort honorables une fois la fureur guerrière ‘’apaisée’’.(1).
Exit donc Hitler.
Je me souviens, pour l’avoir vécue, entre langes en pointe et culottes courtes, de la joie débordante qui a saisi, alors, le monde de l’époque, le monde français en particulier, qui avait vécu l’enfer et voyait apparaître, enfin, le Paradis.
Désormais, et pour employer la belle et stupide formule, - dont on usa et abusa jusqu’à nos jours -, ‘’plus rien ne serait jamais comme avant.’’
Le nazisme était bien mort. Les nazis avec. La guerre était bien la dernière. Les restrictions appartenaient au passé et la profession de dictateur n’était plus rentable.
Donc : le monde était propre comme un sou neuf et le resterait désormais!
Ouai, ouai, ouai.
L’on a du très vite déchanter.
Si la 1° Guerre Mondiale avait fait, grosso modo une vingtaine, une trentaine ou une cinquantaine de millions de morts, la Seconde en totalisait, à la louche entre 60 et 80, mais l’après-guerre, jusqu’à présent, en ‘’compte’’ 100, 200, 300, voire plus…
On ne sait plus très bien d’ailleurs, d’autant que la guerre devenant à la fois un outil de gouvernement, un moyen de résoudre les problèmes en réalisant des profits et une simple donnée technique, les quantités de morts et les puissances, et puissants, qui en sont responsables, s’accommodent fort bien des approximations mathématiques.
Ceci pour dire qu’Hitler a fait des petits. Il était certes précédé dans l’Histoire, d’une armada de monstres à la fois semblables et très divers. Néanmoins, lui a su inventer des outils jusque là jamais vus : l’utilisation des medias, et la pratique de la dictature au nom du peuple. En clair la démocratie comme justification ultime de tous les choix d’un seul, ou d’une oligarchie possédant ET le pouvoir ET l’argent.
Ces deux systèmes ont fait des émules. Et sont utilisés, désormais, dans tous les pays de la planète sans aucune exception.
-Aucune ?
-Aucune ! Même pas chez nous !
Certes, certes, il y a des degrés de gravité, de nocivité, dans cette façon perverse de gouverner. Et si l’on peut reprocher à ce système de diriger l’Europe (Celle des 12 en tous cas), nous sommes heureux d’en bénéficier.
Toutefois, la dictature, qu’elle soit du national-socialisme, du prolétariat ou du capital, reste la dictature.
Faut-il préférer mourir de mort lente ou immédiate ? Empoisonné ou revolvérisé ? Asphyxié ou électrocuté ? De faim ou de soif ? Dans un accident de voiture ou de misère ?
That is the question ?
Evidemment pas. La réponse nous est donnée par…la démocratie. Enfin en théorie. Le peuple dirige donc le peuple pour son…allons-y tous en chœur, BO-NHEUR !
Dès lors, si le pouvoir est confisqué par une minorité qui ne travaille pas au bonheur de la majorité, il devient, de facto, une dictature.
Hitler pas mort.
Depuis le 30 avril 1945, on ne les compte plus, de Staline à Pinochet en passant par Mao, Ceausescu, Amine Dada, Mobutu, Videla et autres tyrans ou despotaillons européens, asiatiques, africains et américains du (Sud ou du Nord) voire Océaniens, aucune région du monde n’a échappé à cette épidémie qui, si elle fait des millions de morts et de blessés, n’en est pas moins disséminée avec l’assentiment gêné et coupable du reste de la planète, au gré des intérêts de chacun.
Il est vrai que savoir que ce genre d’individus existe ailleurs, donne bonne conscience aux dirigeants des états plus policés.
Les hitlers n’existent-ils que dans les plus hautes sphères dirigeantes ?
Voire. A bien y regarder, si le fondement de toute dictature repose sur le choix du petit nombre, au détriment bien sûr, du plus grand, nous avons, décidément, bien des choses à nous reprocher.
Non seulement au niveau national mais que dire au niveau régional, municipal, voire dans les entreprises…ou au sein même de certaines familles…et pas seulement du fait de l’élément masculin souvent mis en accusation ?
La dictature est affaire de pouvoir. Nous en avons tous un. Ne serait-ce que celui de sourire au lieu de faire la tronche.
Qui disait que pour savoir ce que vaut un homme il suffit de lui donner le pouvoir.
…Et de lui retirer à temps, ajouterons-nous.
Des petits Hitler, l’Histoire en a plein ses placards et le quotidien, plein ses tiroirs.
Sans compter que si, après-demain, notre pays, ou l’Europe, étaient envahis par une puissance ennemie, genre Etats-Unis (pourquoi pas?), Russie (on ne sait jamais !) ou Chine (ben…des fois… !), les Hitler en question n’auraient pas beaucoup de peine à se trouver des supporters locaux…
Hormis ceux qui n’ont pas les forces ou les moyens, de s’opposer à une dictature, il y aura toujours, parmi les hommes, ceux qui privilégieront leurs idées et ceux qui privilégieront leur fauteuil.
D’un côté les idées, au péril de sa vie si nécessaire, de l’autre, le pouvoir, au péril de la vie…des autres.
Durant la dernière guerre on appelait ça, d’un côté les résistants, de l’autre les collabos.
Il n’est pas indispensable d’attendre une guerre pour voir des collabos.
(1) 90% des tortionnaires d’Auschwitz n’ont jamais été inquiétés ! Et une foultitude de nazis ont trouvé, voire retrouvé, emplois et bonnes situations, soit dans les pays qui les embauchaient par ‘’intérêt national’’, soit dans l’Allemagne d’après-guerre. Et tout le monde le sait !