Florence Aubenas et Hussein Hanoun libérés : qui ne s’en réjouirait ?
Pas même les ravisseurs pour qui la libération a signifié le versement de la rançon .
1 millions ?
De dollars évidemment ?
Plutôt dix ou douze, à notre avis mais bon. Une vie humaine, voire deux, valent bien plus que cela.
Toutefois, - il y a toujours des toutefois que nos confrères, zélés serviteurs de la vérité de l’information, s’abstiennent d’évoquer, voire, s’obstinent, à ne pas évoquer -, c’est celui qui concerne directement la question suivante : ‘’Qui a payé ?’’.
Ce qui amène à la seconde question, évidemment liée à la première : ‘’Qui paye chaque fois,’’.
Sans oublier la troisième : ‘’Qui va payer à l’avenir ?’’.
Le journal, qui peut, tout de même se le permettre, ne serait-ce qu’en regard de la pub que l’affaire lui fait ?
Quoi c’est indécent ?
Parce que l’enlèvement, pour malheureux, épouvantable et criminel qu’il soit, - ou plutôt à cause de cela -, n’aura pas profité, et c’est dans l’ordre normal des choses, à son audience et à son tirage ?
Bon, reprenons au début : Qui paye ?
Pas la famille, évidemment, aussi éplorée que dans l’impossibilité complète de payer quoi que ce soit. Et là ce serait indécent.
Alors ?
Les compagnies d’assurance ?
Aucune n’assure dans ces cas-là.
Qui alors ?
Eh bien vous et moi. L’Etat pour tout dire. Et pas depuis hier seulement. A chaque fois que pareille affaire est survenue.
Et malgré les véhémentes et officielles dénégations des autorités responsables.
A qui fera-t-on croire qu’un enlèvement sans revendication, politique en particulier, et qu’une libération sans raison visible, avec en plus une restitution des quelques dollars à la malheureuse Florence avec , en ‘’prime’’, le misérable ‘’cadeau’’ de deux bagues et d’un flacon de parfum – sûrement pas du N°5 de Chanel – puisse se faire sans bénéfice aucun pour les criminels ?
Certes, on ne va pas mégoter mesquinement : notre vie à nous serait en jeu, nous serions bien heureux de profiter des dépenses de ce genre sur le dos des contribuables.
Néanmoins, est-il moral, voire citoyen ou simplement logique, de faire prendre en charge, par exemple, les dépenses de sauvetage des ahuris qui prennent des risques dans des activités ou des sports de l’extrême, souvent carrément déments, alors que ces fondus mettent non seulement leur vie en danger mais l’argent des autres…sans leur demander leur avis. Et sans justification de la ‘’mission d’informer’’ mais uniquement pour leur propre plaisir, lequel devient monstrueusement égoïste dès lors qu’il est payé par les autres ?
Lorsqu’il y a intervention du hasard, de l’impondérable, d’accord, mais encore, compagnies d’assurance à l’appui, qui savent fort bien, elles, faire la différence entre les risques impossibles à prévoir et la stupidité froidement mise en oeuvre.
Alors ?
Faire payer les citoyens, d’accord, mais ne serait-il pas opportun de leur demander leur avis ? Peut-être pas un référendum, encore que, les surprises seraient probablement à attendre au coin du bois.
Mais les parlementaires ne seraient-ils pas avisés de ne dépenser les économies de leurs électeurs qu’après avoir obtenu leur consentement éclairé ?
Faire le généreux avec l’argent des autres, rien de plus facile non ?
D’autant que les hommes politiques savent fort bien que la profession de journaliste, ainsi soignée et glorifiée, saura certainement s’en souvenir en cas de besoin n’est-ce pas ?
Ne trouvez-vous pas curieux que les journalistes russes, par exemple, soient moins souvent enlevés que nos confrères d’Europe de l’Ouest ?
Que pensez-vous que ferait Vladimir Poutine en cas d’enlèvement de ce genre en Tchétchénie par exemple ?
Et Hu Jintao alors? Premier chinois d’un pays qui matraque les journalistes ?
Ou du premier ministre Junichiro Koizumi ? Souvenez-vous de ces malheureux otages japonais que leur gouvernement rendait, quasiment responsables de leur propre enlèvement à cause de leur ‘’imprudence’’ alors que les ravisseurs, politiques eux et pas mafieux, faisaient pression pour que le contingent des forces nippones quitte l’Irak ?
Au fait, les confrères du New York Times nous donnent l’exemple : ils sont cinq à Bagdad à vivre dans un véritable bunker. Tout comme les soldats US, sans l’obligation de sortir d’ailleurs. Et avec des douzaines de gardes du corps.
Qui paye ? Leur journal.
Et en cas d’enlèvement, plutôt problématique pour les éventuels ravisseurs, évidemment ?
Eh bien toujours leur journal.
Rassurant, tout de même. Ne serait-ce qu’en raison du principe selon lequel, dans une économie de marché, l’on doit savoir tout assumer. Et en particulier ses choix.