Voilà.
En 2006, hypothèse semble-t-il assez moyenne, le pic de Hubbert, du nom du géologue qui l’avait annoncé il y a trente ans, sera atteint .
2006, ou, selon les estimations correctrices, 2010, 2020, voire au-delà.
Mais 2006, pour ‘’dramatisante’’ qu’elle soit, n’en est pas moins relativement raisonnable. En tous cas pour ce qu’elle représente d’incitation à la prudence dont on dit qu’elle doit être le premier principe devant être mis en œuvre par les gouvernements et les dirigeants de tout poil.
Voire…
Le pic en question représente le moment où la production commence, irrémédiablement, à baisser.
Embêtant tout de même.
Cela signifie augmentations de prix conséquentes – on y est déjà -,baisses de croissance, dégringolades de gouvernements, troubles sociaux, bref, la cata quoi !
Bien sûr, les pétroliers, producteurs, raffineurs et vendeurs, hurlent à la dinguerie, au n’importe quoi, voire à l’intox.
Les gouvernements eux…ignorent…tout en augmentant subrepticement comme aux States, leurs capacités de stockage…au cas où !
Raisons de ce pic ?
Multiples et complexes.
La consommation exponentielle surtout, donc la production exponentielle y afférente.
Mais aussi le profit à tout va…y compris à celui de ne pas dépenser en investissant dans des usines de raffinage supplémentaires : on organise une relative pénurie pour faire grimper les prix…mais la production est plus sollicitée, et les réserves s’épuisent encore plus vite.
Sans oublier l'Inde et surtout le Chine, dont la croissance EXIGE une consommation accrue, d'où une course effrenée à la demande. Surenchères à l'appui.
D'autant que si la Chine, en particulier, se fait un devoir de croissance au bénéfice des siens, classes nanties en premier lieu, elle se fait un plaisir en mettant à genoux l'Occident en lui coupant l'accès aux sources ''naturelles'' d'énergie à bon marché.
Certes, même celà aura une fin mais celle-ci est bien lointaine.
Bref, toute cette histoire est ourlée de bien jolis sentiments et nous mène droit à la bascule qui, 2006/2015 ou plus tard, ne manquera pas de se produire.
En attendant, les producteurs-vendeurs couinent au mensonge, camouflent nombre de données, augmentent les prix, freinent des quatre fers la recherche-investissements en énergies nouvelles et surtout les renouvelables, tout en se donnant des couleurs écologiques...pour ne pas risquer de manquer l’arrivée d’éventuels bios et écolos-dollars.
Les gouvernements, pourtant si prompts à discourir sur la nécessaire défense des citoyens-consommateurs, ne pipent mot.
Il faut dire qu’agiter le spectre de la pénurie, en périodes pré ou électorales, n’est pas très conseillé.
Il y aurait, pourtant, des places à prendre dans les rôles de sauveteurs de l’Humanité non?
Il n’empêche que vues la tournure et l’urgence des choses, on va, de façon quasi-automatique, se retrouver dans une situation où, comme à l’accoutumée, les classes laborieuses seront priées de se serrer la ceinture et de se montrer, enfin, raisonnables, après ces années de lucre inouï et de prospérité byzantine que le Grand Capital leur aura donc somptueusement octroyées durant plus d’un siècle.
Il faut néanmoins compter avec la myopie congénitale et entretenue du pouvoir de l’argent pour nous retrouver, un beau matin, avec nos pompes exsangues, notre croissance à plat, nos comptes en banques aussi vides que les réfrigérateurs et les supermarchés, bref, la super cata.
La fin du monde ?
Pas loin.
Certes, la morale dans tout cela fera que les populations les plus éloignées de notre si belle civilisation continueront à vivoter, elles, tranquillou, comme elles l’ont fait jusqu’à présent.
Les Ouigours, les Tsatans du fin fond de la Mongolie, les pygmées, les lointains papous, les aborigènes, tous ces ‘’arriérés’’, tous ces sauvages qui se contentent simplement de vivre dans des environnements qu’ils ne s’acharnent pas à démolir sous prétexte d’améliorer leur bien-être.
Juste retour des choses : ils n’avaient pas besoin de la civilisation, elle peut donc disparaître et leur foutre enfin la paix.
L’ennui, pour nous, vient de ce que faire pousser des salades au 5° sans ascenseur, ou même au 8° avec, ce sera coton.
D’abord, il faudra du terrain, et puis même, il faudra savoir faire.
Et pouvoir.
Semer, sarcler, arroser, pêcher ou chasser.
Tiens : les chasseurs vont pouvoir enfin trouver une justification raisonnable à leur habileté au tir : ils vont pouvoir manger, vendre leur gibier (bienfaiteurs de l’Humanité ?), faire de bonnes affaires, voire faire régner l’ordre (les fusils bien sûr), tout cela jusqu’au moment où le gibier se fera rare…
Et les nantis ?
Ah oui c’est vrai. La pauvreté n’atteindra pas tout le monde d’un coup.
Eh bien il faudra s’y faire.
A la guerre comme à la guerre.
Le marché noir vous connaissez ? Non ?
Eh bien vous allez apprendre.
Les queues avec les tickets.
Les restaus pour riches et ceux pour pauvres.
La nouvelle vogue des vélos.
Et des expéditions à la campagne pour aller s’agenouiller devant les paysans fraternels pour un pain de campagne ou un maigre poulet.
Il faudra vous y faire on vous dit.
Et apprendre, ré-apprendre, qu’en période de crise, le meilleur…et le pire deviennent tout à fait visibles.
Sûr qu’on va voir l’union sacrée de tous les citoyens, toutes classes et castes confondues.
C’est ce à quoi aura servi notre splendide civilisation : à grandir l’Homme. A le rendre plus humain.
Pessimiste ?
Dans notre métier, un pessimiste est un optimiste bien informé.
La fin du monde pour demain ?
La fin du système en tous cas ?
Peut-être pas pour demain mais probablement pour le jour d’après.
En attendant, nous sommes heureux de vous apprendre que le meilleur salaire pour 2004, - en-dehors des PDG virés avec indemnités - a été celui de Loana.
Qui a dit que nous vivions dans un système triste, désespérant , inégalitaire et construit sur des futilités?