Alors ?
Et nos ouacances ?
Nous en étions restés où déjà ?
Ah oui ! Aux autoroutes !
Eh bien des autoroutes, puisqu’à toute épreuve il y a quelque part une fin, nous avons fini par sortir. En devinant les intentions bien cachées de la signalisation locale et en y allant, bien sûr, de notre écot.
Et nous avons pris la direction du haut Var, puisque c’est là que nous allions.
Où ?
Non non non…
Si on vous le dit, vous allez vous y précipiter en masse et fini le silence, la quiétude, et la sieste sans fumées de bagnoles.
Déjà qu’on devait subir les deux pétrolettes de jeunes crétins en vacances qui montraient aux censés bouseux locaux, dont nous, les prouesses de leurs modernes et impressionnants 90cc flambant neufs…
Or donc, nous y sommes arrivés mais en passant par les nationales provençales de vacances qui offrent aux touristes émerveillés, les splendeurs cachées de leurs 500 virages au kilomètre, leurs travaux de réfection sans cesse renouvelés, leurs stations services aux prix sans cesse croissants et leurs sites gastronomiques où se concoctent les célèbres et traditionnels mets provençaux, couscous, paellas, et autres pizzas bretonnes ou norvégiennes selon qu’elles sont à la saucisse bien grasse ou au saumon fumé.
D’élevage bien sûr.
Ayant sacrifié à la coutume de déjeuner un brin, et l’aubergiste m’ayant aimablement demandé comment j’avais trouvé la pizza, j’ai eu le front de lui dire que je l’avais trouvée, tout à fait par hasard en soulevant l’unique olive noire du plat, il n’a pas relevé l’insolence ni baissé son tarif.
Ce qui nous a fait repartir en vitesse et nous arrêter un peu plus loin pour acheter, à un marchand ‘’du bord de route’’, ce que nous pensions légitimement être des fruits de producteurs locaux…
Las…
Comme j’ai l’esprit inquisiteur et une assez bonne vue, j’ai lorgné sur les étiquettes des cagettes…étiquettes neuves et cagettes itou bien sûr, pas des emballages réutilisés…
Résultat : tomates de Séville, brugnons de Saragosse, abricots d’Almeria, fenouils d’On-Necézou et avocats…du Kenya mais ça on s’en doutait un peu.
Mieux, un cageot de tomates affichait bravement ‘’Tomates de pays’’, dans le sens tomate DU PAYS, c’est-à-dire d’ici, à cent mètres voire quelques kilomètres, de la région PACA au maximum.
A notre demande intéressées à la vie locale…pas de réponse précise.
Bien que nous ayons, très gentiment tendu une complaisante perche à la vendeuse un chouia égarée dans ses explications : du pays de France peut-être ? D’Espagne ? D’Italie ? De Roumanie ? D’Europe quoi ?
Du pays du Maroc alors ? Du Sénégal peut-être ? De Polynésie ? Française bien entendu ?
Rien. Ou alors, meungneumeugneumeugneu…
Pour changer un peu nous avons découvert un autre cageot de tomates qui lui, affichait une provenance superbe, parfaite : ‘’Tomates du jardin’’.
Ouaïlle ! Ca alors !
De quel jardin siouplaît, vu qu’aux alentours et à vue de nez, à dix kilomètres à la ronde, ça ne sentait nullement le fumier et que n’apparaissait aucune ferme, et, partant, aucun jardin ?
Là encore, pas de réponse de la vendeuse qui, l’air de plus en plus égaré était, tout de même, manifestement contente tout plein, tout comme nous, de vendre des merveilles, merveilles qu’elle découvrait, d’ailleurs et d’évidence en même temps que nous…
On est repartis.
Et, tout de même, arrivés à bon port et, à mille mètres d’altitude, où nous avons, après les joies des descentes et remontées multiples des valises au deuxième sans ascenseur, goûté, un peu plus tard, aux charmes champêtres de la douce plongée dans le sommeil face à la fenêtre ouverte sur un champ plein de brebis qui nous ont fait, tout au long de nos vacances, la grâce d’aller dormir vers les 21 h, histoire de ne plus faire carillonner leurs clochettes -clarines en langue rurale.
Grâce aussi à l’évidente bonne volonté du coq local qui lui, avait le bon goût de ne se réveiller et de ne donner de la voix que sur le coup des 10 heures du matin !
Si si, sans blague…
On ne rendra jamais assez grâce aux coqs provençaux qui, comme dans toutes les bonnes histoires, savent à la fois faire se lever le soleil et dégringoler de leur lit aux aurores les touristes qui rechignent à partager les horaires enthousiasmants de la travailleuse vie à la campagne…mais qui savent s’abstenir de cet immense pouvoir. Le second.
Sacrés coqs, va, qui savent, peut-être aussi, démontrer que la légende serait donc vraie qui affirme que tous les méridionaux, coqs compris, sont des fainéants ?
Ces deux choses sont, évidemment, toutes pétries, vous l’aurez compris, de confondantes contradictions, que nous n’avons pas encore réussi à démêler mais dont nous avons abondamment profité.
Comme des superbes ballades que nous avons faites.
A vélo et à pieds.
Bon.
On parlera de nos découvertes et trouvailles la prochaine fois.
De nos courbatures aussi.