Gouverner c’est prévoir ?
C’est ce qu’on dit.
Mais dire que ce n’est pas ce qui se passe chez les décideurs, relève du truisme majuscule.
Les actuelles dispositions prises en…disons, faveur des transports collectifs, se télescopant (c’est bien le mot) avec celles prises pour protéger l’Environnement mais en tenant compte, des obligations dues à la croissance dont notre société a tant besoin (vous suivez ?), tout cela, donc, ressemble furieusement à des plans de pourparlers, mis au point en quatrième vitesse par des marchands vénitiens bougrement pressés de rentrer à la maison, parce que talonnées par l’avant-garde mongole de Gengis Kahn déboulant dans un caravansérail de Samarkand.
Qu’on en juge.
Les fabricants des voitures développent désormais un nouveau modèle en tout juste deux ans au lieu de 5 à 6, il y a une décennie.
Pour occuper toutes les niches, ils développent des gammes complètes depuis la limousine de haut vol jusqu’à la micro citadine en passant par les compacts, les familiales, les ludos et les espaces.
Pour conserver la clientèle qui rechigne quand même tout doucettement, ils améliorent, changent, reliftent et mettent au goût du jour tous les ans, voire tous les six mois.
Achetez, achetez donc bougres de clampins !
Ils commencent, aussi, à serrer les prix, et même (cf. la Logan) à s’apercevoir, les uns après les autres, qu’une voiture convenable pas chère se vend très bien…même qu’il leur a fallu trente ans pour s’en apercevoir.
Alors quoi ? Vous achetez ou pas ?
De plus, les conditions de vente qui sont faites autant par les organismes de crédits que par les banques font tout pour appâter le client, du genre démuni ces temps-ci.
Achetez on vous dit !
Tout est donc réuni, chers amis, afin de pousser frénétiquement, les Français à changer de bagnoles, à en changer le plus souvent possible, à acheter toujours plus beau, plus rapide, plus puissant, et plus cher tout de même vu les rapports qualité prix, et l’inflation d’un côté et les salaires de l’autre.
Que voit-on en face ?
La lutte contre le réchauffement de la planète.
Avec toutes ses contraintes, ses inventions, mais aussi son galimatias écolo médiatique qui mélange les dimensions des véhicules, les consommations et les types de carburants, les campagnes hystériques contre les 4X4 chargés de tous les maux dont les berlines de pères de famille sont autrement plus responsables, les ‘’trouvailles’’ du genre huile de colza que les journalistes s’empressent d’oublier avec bien des égards pour les intérêts pétroliers, les émissions de CO2 et les solutions soi disant propres du genre du dernier tout terrain de Lexus qui pollue un peu moins que les Touareg, mais coûte le prix d’un petit appart en ruralité profonde.
Sans oublier, ce dont personne ne parle, tiens tiens, la pollution des engins…militaires, sur laquelle aucune tête d’œuf ne s’est encore penchée au risque, il est vrai, de tomber bien bas dans l’estime des galonnés et des intérêts, autant civils que militaires, de la haute finance propriétaire, tiens tiens bis, des medias hexagonaux.
Comme cohérence dans tout ça, on pourrait espérer mieux.
Comment donc concilier cette sainte lutte, vitale on est d’accord, avec la croissance qui ne peut tout de même pas se faire partout à vélo.
Eh bien, les transports publics sont là !
Bravo !
Sauf qu’en supprimant les trains pas rentables, en traînant les pieds côté ferroutage et transports ferrés de fret et de passagers, et en lanternant sur les transports urbains dans les villes qui ne veulent ou ne peuvent s’équiper, les Français sont, une fois de plus, coincés.
Contraints à la fois de s’endetter, de passer à la pompe, à fric, dont les prix grimpent, et de se débrouiller comme ils peuvent, ils se font, en plus, copieusement insulter par tous ceux qui peuvent se permettre de rouler bien propre, et vertement enguirlander par les spécialistes de tout poil leur donnant des conseils mais pas de moyens pour les mettre en oeuvre.
D’après les journalistes et les hommes politiques, les coupables de tout ce foutoir, sont bien sûr, les Français eux-mêmes.
Bien trop gâtés jusqu’ici, gavés d’argent, de voitures et de carburants pas chers, et qui vont comprendre manu militari qu’il va falloir, désormais, faire des économies.
Résultat : incités, obligés, contraints de rouler voiture, sans autres possibilités que des trains et des bus qui fonctionnent aux horaires qu’ils choisissent en fonction de leurs emplois du temps et pas de ceux de leur clientèle, les automobilistes ne sauront plus où donner de la tête et du portefeuille, ballottés comme autant de délinquants dans un panier à salade, et ils ne pourront même plus rouler.
-Rouler jusqu’où quand même?
-Jusqu’au jour, probablement, où, faute de moyens pour acheter, les ventes de bagnoles vont se mettre à baisser, ce qui va faire dégringoler un peu plus la sacro sainte courbe de croissance en même temps que l’émission de CO2.
Victoire donc !
-Ou alors ?
-Eh bien jusqu’au moment où l’atmosphère, le climat, les éléments, enfin tous ces trucs vont se mettre en rogne un de ces quatre et nous servir une ou des catastrophes auprès desquelles les ouragans si utiles pour faire grimper l’Audimat et doper les ventes, ne seront pas plus intéressants que les petits faits divers locaux en bas de page.
On verra alors les citoyens…
-Vous verrez quoi ? Que pensez-vous qu’il puisse nous arriver dans une société de Progrès telle que la nôtre ?
-Ben…On n’en sait rien en fait.
Et si nous n’en savons rien, croyez-vous, sincèrement, que les crânes d’œufs, qui ont en main notre système, le savent eux ?