Sur la route de Salinas, une étoile s’est éteinte et une génération est née.
Bigre de bigre que le temps passe.
C’était il y a trente ans.
Il ne serait pas vieux aujourd’hui, mais un séduisant quinqua de 54 ans.
Et aurait, très probablement troqué sa rébellion dorée contre un écologisme nanti et distingué, mais pas tellement bien informé, du genre Richard Gere ou Robert Redford.
Eh oui !
Il faut dire que, déjà, la rébellion de James Dean s’exprimait au volant de sa Porsche.
Et en trois films seulement, il avait atteint le vedettariat qui, aux Etats-Unis, vous met, si vous savez placer vos économies et les fonds de pension sont là pour ça, définitivement à l’abri du besoin.
Donc rébellion allegro, certes, mais ma non troppo.
En tous cas bien cornaquée et menée sur le chemin des goûts du jeune public qui constituait, évidemment, la totalité de ses fans.
Car la rébellion ne peut faire passer son message qu’en embouchant les trompettes de la renommée.
Et ces trompettes là ne jouaient et ne jouent toujours que des partitions bien réglées, par les spécialistes du show business et du marketing en particulier, qui savent fort bien façonner les envies du public, les transformer en ‘’besoins’’ puis, les satisfaire.
D’ailleurs, le simple énoncé des trois titres, en dit long sur la subtilité des faiseurs des ''goûts du public''.
James Dean, sous la houlette de ses patrons, démarra sa carrière avec le simple et presque neutre ‘’A l’Est d’Eden’’ qui parlait plus à un public américain, féru de culture biblique, qu’aux bolcheviks européens.
Il continua avec le, cette fois, très racoleur ‘’La fureur de vivre’’, qui ne pouvait que ratisser large dans un public affamé de libertés de tous ordres dans une société coincée comme l’était encore la bostonienne et puritaine Amérique du Nord.
Il termina sa carrière, hélas pour lui, avec l’extrémiste dénomination de ‘’Géant’’.
Ce terme a, d’ailleurs, donné naissance à l’expression qui parle aujourd’hui, aussi bien aux oreilles US qu’européennes.
Il y a même un constructeur américain de VTT qui a choisi ce nom pour ses vélos destinés, au départ, aux grands ados et pré adultes californiens, ‘’s’éclatant’’ sur les pentes, entre autres, du Marin County.
Cette très savante rébellion s’exprimait aussi au travers d’une iconographie non moins subtile où le rebelle posait, avantageusement moulé dans un blue-jeans pas encore délavé mais artistiquement usagé, sous un stetson d’où s’échappaient négligemment et de manière tout aussi artistique, quelques mèches dans lesquelles les boutonneuses et hystériques volailles rêvaient en clubs et en chœurs, de fourrager, en humant les doux effluves miellés de quelque Camel ou Lucky Strike (Smoking was not dangerous at this époque) négligemment portée entre deux doigts de la main gauche, la droite étant probablement fort occupés à des besognes plus prosaïques.
Derrière cette rébellion, désormais sans entraves, une machinerie donc bien huilée.
Dans laquelle, hélas pour Dean, l’on ne voyait guère de traces d’une rébellion véritable mais simplement celles d’un Système qui sait, depuis toujours, instrumentaliser tous les sentiments, toutes les peurs, toutes les aspirations des humains, au profit de la seule rentabilité monétaire.
Depuis les pères fondateurs, et malgré la ‘’meilleure constitution du monde’’, la non moins ‘’meilleure démocratie de la planète’’ continue toujours à ramer tant qu’elle peut à convertir la Terre à la pensée et aux pratiques étasuniennes : la démocratie néolibérale.
Comme si la démocratie pouvait se mesurer en termes économiques…
Triste ?
Plutôt oui.
Car s’insérer dans une autre Système, différent voire même contraire, ne sert à rien d’autre qu’à intégrer un machin parallèle visant les mêmes objectifs par des voies différentes.
D’autant qu’avec l’OMC et le nouvel ordre mondial d’obédience washingtonienne, ou plutôt ‘’Wall Streetienne’’, ce n’est pas demain la veille qu’on verra naître quelque véritable indépendance de pensée et d'action dans quelque pays que ce soit.
Quand on voit ce que signifie le ‘’communisme chinois’’…
Le rouski?
Mieux vaut n'en plus parler.
Le nôtre?
Pardon?
Le cubain peut-être?
Le pouvoir y exerce, là-bas, des contraintes aussi, simplement différentes mais tout aussi efficaces sur l’individu et ses velléités de penser et de vivre autrement.
Le moldo valaque éventuellement...
Ou le mongol, de l'extérieur évidemment, avec ses rennes et sa taïga romantiquement sans fin.
Et hachtement frisquette...
Bon ! Ca me fout le bourdon ce soir tous ces trucs.
23H45 ?
Allez zou !
Je vais au lit.
A la revoyure les collègues.
Enfin à demain ou demain et demi.