Ben oui.
L’actualité est si affriolante qu’on l’avait oublié celui-là.
Alors on en parle.
Comme tout le monde mais pas tout à fait quand même.
Or donc, il est accusé non pas d’avoir participé - manu militari si l’on ose l’expression - à l’attentat que l’on sait, mais, en premier lieu, de ne pas avoir dit tout ce qu’il savait, ce qui aurait pu faire échouer cet acte barbare.
Voire…et aux dires, toutefois, des services secrets, non secrets, juridiques, du proc, de l’exécutif, bref, tout ce que l’Empire qui contre attaque, compte de légitime et de légal.
Ou de ce qui en tient lieu.
Car là-bas, hein…
D’autant que voilà-t-y pas que la juge, qui ose marcher dans les clous face aux furieux qui fabriquent leurs lois à la demande, vient de s’apercevoir qu’en plus des lois, les furieux en question fabriquent aussi des témoins.
De toutes manières et quelle que soit l’issue de la réflexion de la magistrate qui aura bien besoin de 48 heures pour évaluer le poids de sa décision et comment la prendre, face au pouvoir en place, - et on ne voudrait pas être à la sienne - il reste que, pour le moment, Massaoui n’est coupable que d’une chose, pas mince il est vrai : ne pas avoir alerté et en temps utile.
3800 OU UNE SEULE…
Critères un peu sommaires : être accusé du plus infâme des massacres, parce qu’il n’a, ‘’seulement’’, pas averti les autorités, lui vaudrait, dans l’Hexagone, une mise en accusation pour non dénonciation de crime et pas pour complicité directement active, assortie, il est vrai, d’une accusation d’activités criminelles en bande terroriste.
Soyons clairs : pas question, aujourd’hui ni jamais, d’innocenter un bonhomme qui, de près ou de loin, aura tout de même du sang sur les mains, et pas qu’un peu.
Encore que, en dépit de l’émotivité des gazetiers, la quantité n’a rien à voir à l’affaire. Tuer 3800 ou une seule personne, pour nous, c’est du pareil au même.
Néanmoins, s’il suffit de ne pas avoir dénoncé pour avoir droit à la chaise électrique, il y en a pas mal qui devraient numéroter leur arrière-train.
La presse américaine en a pourtant donné sinon des noms de gens du moins de vraies pistes et de groupes, tous plus haut placés les uns que les autres et qui savaient, plus ou moins mais tout de même, ou qui se doutaient mais n’ont pas bougé.
Question : là encore le bouc émissaire dont parle, avec justesse, son avocat, a très opportunément bon dos et payera pour tous ceux qui eux, le font rond leur dos, afin de laisser passer l’averse et de faire oublier leurs bizarres oublis et omissions.
D’évidence, le terrorisme, le meurtre volontaire, n’ont aucune excuse et ne doivent attendre aucune clémence et moins encore de considération d’autant que les victimes et les leurs, n’en bénéficient d’aucune, sinon de la part de leurs proches.
Mais s’il faut trouver tous les vrais coupables, il va falloir les chercher.
Et partout où ils peuvent bien se trouver et les punir.
On y verrait quelques avantages pas minces.
Déjà, la justice, la vraie, y trouverait son compte.
Et puis, il y aurait de l’embauche dans pas mal de services officiels.
Et cela contribuerait à assainir les officines où sévissent nombre de fonctionnaires tant honnis, pourtant, par l’ultralibéralisme reaganien.
Ou alors le fonctionnariat est-il estimé là-bas, uniquement à l’aune de quelques utilités et usages très spéciaux ?