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Sohane: oeil pour oeil ?

Au fur et à mesure que ce procès de l’épouvante nous en apprend au travers des témoignages, on va vraiment se mettre à compatir sur le malheureux sort qui s’acharne sur le ‘’présumé coupable’’, comme le veut le langage châtié des journaleux, à qui ses avocats vont finir par trouver qu’une enfance malheureuse et des souffrances affectives très traumatisantes, sont les seules responsables de sa… ‘’maladresse’’.

C’est tout du moins la nouvelle version, avant la prochaine, dans cet ingénieux processus qui consiste à culpabiliser la victime afin d’innocenter le coupable.

Hélas pour ces beaux esprits, les témoignages des camarades de Sohane viennent ajouter non seulement à l’horreur du crime lui-même, mais, en plus, à ce que peut être la condition féminine dans ces ensembles dénommés, vertueusement, ‘’difficiles’’.

On ne rêve pas, on cauchemarde.

ASSISTER A LA PUNITION

Les deux jeunes filles ont vu et entendu la martyrisée supplier, implorer la pitié d’un individu qui n’a, probablement, jamais utilisé ce mot, sauf, évidemment, aux assises, où on va probablement l’entendre la réclamer à son profit.(1)

Pis : elles avaient été…’’convoquées’’ pour assister à la ‘’punition’’’, afin qu’elles n’ignorent rien de ce qui les attendait, elles aussi au cas où… mais afin que nul dans la cité n’en ignore non plus.

Les chefs sont les chefs. Les femmes sont leurs esclaves.

Les enfants qui ont assisté à la reconstitution ont bien assimilé leur éducation, et pour des générations à venir.

Ils ont applaudi…le ‘’présumé coupable’’ pour son ‘’exploit’’… !

Et les gamines ont été contraintes de porter des gilets pare-balles !

Désormais, personne n’ignore qui fait la loi et qui doit obéir.

Le message de la peur se transmet ainsi.

Ce fut, et c’est toujours la manière des nazis, des Huns, des chefs de guerre en Sierra Léone, des mafias, des barbares de tout poil, de tous les dictateurs, d’engendrer la frayeur par la pratique de massacres, de châtiments les plus épouvantables pour avertir tous ceux qui oseraient contester une petite once de leur pouvoir.

On en arrive même aux chefs de tout acabit. Jusqu’aux petits chefs et chefaillons de pacotille.

Qui commande dans telle ou telle banlieue ?

Dans tel ou tel quartier ?

Dans telle barre ?

Dans telles cages d’escaliers ?

Pour se faire reconnaître, les chefs, les vrais hommes, doivent se faire craindre.

Avec les moyens les plus féroces.

C’était bien dans leur manière.

C’est bien celle d’un tueur de jeunes filles qui, après avoir consenti à reconnaître, a plaidé une altercation, puis une querelle d’amoureux, puis une dispute dans laquelle il était évidemment provoqué.

Enfin, il a, désormais, opté pour la thèse de l’emportement bien compréhensible, puis du geste maladroit, et pour finir de l’accident…

On attend l’explication ultime : celle de l’essence renversée par la victime qui aurait été l’acheter elle-même en vue d’effrayer son bourreau.

Changement d’options ?

‘’BONNE CONDUITE ’’ PROCHAINE ?

Mensonge après mensonge oui…

Pitoyable. Abominable.

D’autant plus qu’on peut craindre sinon une peine en rapport (mais quelle peine pourrait l’être ?) avec la crime, du moins qu’elle se solde par des années de prison, qui seront mathématiquement réduites, à la mesure de la ‘’bonne conduite’’ du prisonnier.

-Et la loi du talion alors ? Œil pour œil…vous connaissez ?

-Mais, direz-vous, la peine de mort est barbare ?

-Oui mais la peine infligée à la brûlée vive alors ?

-Et  la peine de mort n’est pas dissuasive ?

-Certes, mais elle empêche au moins la récidive.

-Elle n’est pas morale insisterez-vous?

-Si vous voulez, mais dans un monde où la morale ne veut plus rien dire, qui se permet, désormais, d’en définir les règles ? Et puis dites, dans certains pays moyen-orientaux voire carrément orientaux, elle existe toujours cette peine de mort pour les crimes de sang.

Et, dans certaines contrées où, par exemple et au hasard, la charia sévit, la mort d’un homme doit se solder par une mort équivalente. Du coupable cela va de soi.

Ah mais oui! On oubliait !

Dans ces contrées-là, il est vrai, le châtiment suprême allait et va encore à celui qui a tué un homme.

Mais pas une femme…

 

 

(1) Au fait ! Pourquoi, puisque maladresse il y a eu, le jeune homme ne s’est-il pas précipité pour venir en aide à la brûlée ? Peut-être que, face à cette tragédie, il aurait pu faire quelque chose non ? Et l’assistance à personnes en danger alors ?

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