La SOGERMA ferme ses portes. Ou quasiment. Une affaire bien symptomatique de ce que la mondialisation peut faire, lorsqu'elle s'allie à l'impéritie de directions qui ne savent ou ne peuvent prévoir mais engagent les responsabilités et les vies des entreprises et des personnels, en ne risquant surtout pas les leurs ni celle de leurs actionnaires. Alors que l'Etat, actionnaire lui-même dans cette affaire, prêche, par la voix de ceux censés le représenter, pour l'entreprise citoyenne. Tout dépend, évidemment, de ce qu'ils entendent par là. Retour sur (bien vilaine) image.
Les employés de la SOGERMA ont donc, disent-ils, été choqués UN, d’avoir été CONVOQUéS à Paris, DEUX, de l’avoir été pour s’entendre dire que ce n’était pas la peine de discuter, vu que le site allait fermer et que 80% d’entre eux allaient se retrouver sur le carreau. Certes, avec des reclassements, mais on sait ce que cet élégant habillage signifie.
Ce qui nous fait penser que : UN ils ont bien tort de se dire choqués vu qu’en termes de multinationale et de patronat, les représentants syndicaux ne sont, tout de même, pas des perdreaux de l’année, DEUX, qu’ils auraient dû, savoir, du moins se souvenir, que la SOGERMA étant une filiale d’EADS, n’est qu’une des multiples ramifications du groupe Lagardère et que le patron, aujourd’hui décédé, père d’une voiture de sport aux performances très relativement spectaculaires, mais aussi de très chouettes et valables bagnoles de Grand Prix des années 60/70, doit sa fortune aux…commandes de l’Etat providence. C’est-à-dire à l’argent des contribuables.
En effet, les engins Matra, plus véloces que les voitures de l’époque, ainsi que pas mal d’armements, fort sophistiqués, ont fait parler d’eux sur nombre de champs de bataille du monde et enrichi monsieur Lagardère dont on ne peut donc dire que le rejeton n’a pas tellement la reconnaissance du ventre.
Et les représentants syndicaux ne savaient pas que ce sentiment-là, n’était pas le fort des hommes d’affaires qui eux le sont, très forts ?
A noter que les contribuables, par le biais de l’Etat en question, sont toujours actionnaires à hauteur des 15% dans le groupe.
ATTENTION AUX SANCTIONS
Ce qui nous permet, d’ailleurs de nous étonner, à notre tour, de voir monsieur Thierry Breton, ministre des Finances, donc grand patron aussi d’EADS et de SOGERMA, vitupérer, sans risques de déranger le patronat mais avec bénéfice attendu côté électeurs prochains, de la manière ‘’un peu’’ cavalière dont les employés ont été mis devant le fait accompli.
Sûr qu’en tant que patron pour le compte de l’Etat dans sa propre entreprise, il n’était au courant de rien.
A croire qu’il ne fait pas son boulot, ou qu’il est bien mal entouré.
Plus rigolo encore, on ne peut pas s’en empêcher, il a dit que c’était très très très grave. Et même encore plus.
Attention, donc, aux terribles sanctions à prévoir !
Sûr, encore, que le Ministre va gronder très très très fort.
D’ailleurs, les responsables de la SOGERMA en tremblent déjà.
Beaucoup, beaucoup, beaucoup.
Sûr, encore et encore, qu’ils vont revenir en arrière, revoir leur copie et réembaucher tout le monde.
Sûr, (allez encore un coup…) que les Français vont croire à toute cette histoire.
Seuls bien contents dans cette affaire, les esclaves du pays qui accueillera les services qui vont, on s’en, doute, être délocalisés dans un pays bien pauvre avec lequel on aura des accords, ou même rien du tout.
Ou alors, n’importe quel pays étranger fera l’affaire, bien que l’entretien des avions de ligne soit affaire réclamant un soin véritable, ce qu’on ne peut décemment attendre de n’importe quel usine de pays aux coûts de main d’œuvre égaux à zéro.
Quant à la maintenance des zincs militaires, la Défense Nationale ne verra, probablement, aucun problème qui pourrait se poser côté sécurité pour des matériels de guerre…
De toutes manières, l’opération permettra au groupe Lagardère de rester compétitif.
C’est-y-pas ça le but, l’objectif unique et primordial, la légitimation ultime de toute entreprise ?
Et désormais de tous les états ?
France en tête ?
Puisque les actionnaires américains, et mondiaux, l’ont dit ?