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Benoit XVI: le latin vaut bien une messe

IL est parti.

IL nous a éblouis !

IL aura laissé un souvenir impérissable. Non pas comme ces vulgaires souvenirs de Lourdes tout juste bons à donner de notre Sainte Mère l’Eglise une image un chouia mercantile.

Non, rien de tout ça, mais le souvenir d’une sorte de révélation : tout ce bazar m'a fait remonter à la surface mes souvenirs à moi, d’une enfance où la religion familiale avait encore quelques brins de cohérence, pour ne pas dire de pureté originelle, ou ce qui tentait d’y ressembler.

Une révélation je vous dis. Qui m'a permis de me rendre enfin compte que le catholicisme avait changé de siècle. S’était modernisé. Etait devenu fréquentable.

 Je me souviens. C’était le jour de la Libération de la France, en fait de la signature de la fin de la guerre avec l’Allemagne nazie et le Japon…

J’étais enfant de chœur et dans le cathédrale d’Oujda, au Maroc, était organisé un Te deum solennel auquel assistait la quasi-totalité de la population, toutes ethnies et religions confondues. Comme, d’ailleurs, si c’était le dieu des Catholiques qui avait donné la victoire aux forces du Bien et que c’était lui qu’il fallait remercier.

Comme, pour rendre les honneurs, des soldats des quatre principales nations belligérantes, française, anglaise, américaine et russe, étaient présents dans la grande nef et qu’aucun soldat digne de ce nom ne serait sorti à demi vêtu, c’est-à-dire sans son  arme, tous ces survivants temporaires étaient venus avec la leur.

En armes dans une église !

Le spectacle avait de quoi choquer une âme pure de neuf ans à qui l’on avait appris que amour et douceur étaient les seules valeurs chrétiennes à avoir le droit de s’exprimer dans un lieu aussi sacré.

J’assistais, croyais-je alors, à un changement d’époque.

Depuis lors, et en particulier lorsque l’aumônier de ma demi-brigade de commandos coloniaux (la honte) parachutistes me confia un jour ‘’qu’en Indo, il sautait avec son crucifix dans une main et son PM dans l’autre’’, je finis par me dire qu’on ne pouvait, à la fois, prêcher l’amour chrétien et appuyer sur la gâchette, fut-ce pour convaincre les mécréants.

Puis, la lecture des histoires des guerres suscitées, encouragées, et bénies par les ecclésiastiques de tout poil, a fini par me convaincre que le changement que je vivais n’était qu’une apparence.

En fait, plus ça changeait et plus c'était tout pareil. Voire en pire.

250 COUPS/MINUTE

Aussi, lorsque l’autre jour, les petites lucarnes, sur trois chaînes en plus, m’ont permis d’admirer par le menu, comment Benoît XVI était défendu par des gardes du corps armés jusqu’aux dents de pistolets et revolvers Beretta, Colt, Mauser, Sigsauer à 15 coups et autres pistolets mitrailleurs Uzzi qui tirent 250 coups/minute, voire fusils mitrailleurs à bandes installés sur les toits environnants le parcours papal, mes vingt ans passés à user mes fonds de culottes dans des institutions religieuses sont remontés à la surface.

‘’Si Jésus revenait, me suis-je dit, accepterait-il d’être ainsi séparé de la foule, encensé comme un dieu, voire demi-dieu et protégé par des balaises à la gâchette sensible et prêts à étendre raides morts tout terroriste mais également tout fantaisiste qui se serait permis de faire quelque geste inquiétant ou pas, mais pouvant être considéré comme une menace par des durs entraînés à tirer sur tout ce qui bouge mais pas dans le sens prévu par le règlement?''.

Pourtant l’Histoire, profane mais catholique aussi, ne nous apprend-elle pas que Jésus a dit qu’il n’avait pas besoin d’hommes en armes, lui qui aurait pu demander à son père au ciel l’aide de ‘’douze légions d’anges’’, lorsque les gardes du Temple sont venus l’arrêter ?

Alors, au nom de quoi son successeur autoproclamé s’affranchit-il de cette ferme foi en la protection d’un Dieu qu’il dit représenter ?

Et puis, dites, notre Benoît XVI craindrait-il de se faire occire, en tant qu’exemple vivant de qu’il estime être ‘’la vraie foi’’, puisque, compte tenu de ses états de service, si un funeste attentat de ce calibre devait survenir, ne devrait-il pas, somme toutes, grimper tout droit au Paradis ?

Et à son, âge en plus ?

Et puis, un saint à la fois pape et martyr, ça vous pose une réputation digne de l’Histoire non ?

Enfin, ayant été élevé catholique ‘’à l’ancienne’’, j’ai du mal, selon les dogmes ‘’d’avant’’, à digérer qu’un pape conservateur, pro-messe en latin et rigoureux en Diable (oh pardon !) sur le dogme, accepte de copiner avec des dirigeants, certes représentants officiels de leur pays mais tout de même divorcés et suspects de ne rien trouver de choquant à changer de partenaire plutôt deux fois qu’une, ce qui est, tout de même, bigrement  suspect selon la loi catholique.

La politique exige, certes, d’avaler des couleuvres au milieu de certaines salades dites diplomatiques, mais nombre de consciences catholiques bon teint ont, elles aussi, eu plutôt de mal à avaler celles-ci.

Les sondages en ont fait foi. A droite en particulier où l’on ne badine pas encore aisément avec la généralisation de la bagatelle, étalée au grand jour en tout cas.

En dépit même du fait qu’elle devienne, depuis pas mal de temps, un vrai sport national dans lequel les Français excellent.

Tant ils en absolvent leurs édiles, dans le but évident de s’absoudre eux-mêmes des excès qu’ils commettent ou envisagent de perpétrer.

Mais bon.

Etre à la mode ne demande-t-il pas quelques remises en question ?

Et le retour au latin ne vaut-il pas une messe?

Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire comme sacrifices, pour conserver des clients lorsqu'on est pape?

Maurice CARON

 

 

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