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VACANCES EN PROVENCE CHINOISE

 Eh…..oh ! Aout à novembre, ça fait un peu longuet pour des vacances d’été non ?

Ben oui quoi…. J’ai été un peu maladou entre-temps.

Absous quoi…

Alors, chose promise…

Bien sûr Arthur…le monde ne va pas mieux tourner une fois mes confidences faites sur le déroulement de mes vacances.

Tout juste afin de me rappeler, voire à vous rappeler, que tout à une fin, même et surtout les vacances mais, peut-être pas le monde lui-même mais…euh disons notre civilisation, ou plutôt ce que l’on dénomme ainsi.

Rassurez vous, la planète, peut-être pas…mais bon, on ne sait jamais…

Mais tout cela, vous le savez, aussi bien voire mieux que moi.

Alors ?

Quel intérêt d’en parler ?

Tout d’abord ça me permet de rigoler un brin, en me démystifiant à moi-même le côté ‘’tout le monde il est beau’’ que l’usage de la télévision veut à tout prix me donner de notre société.

Plus particulièrement à l’heure du paiement des taxes foncière, d’habitation et surtout de la redevance qui va avec.

Ensuite, de partager tout ça avec vous qui me faites l’honneur de me lire.

Non je ne blague pas.

A ce propos, vous en avez de la patience : une cinquantaine de visites par jour pour un papier écrit tous les mois alors qu’auparavant j’en écrivais un par semaine, au moins.

A croire que ce que je raconte vous intéresse…

Vous êtes biens bons allez.

Alors donc, ces ouacances ?

 Eh bien voilà, comme tous les ans, j’ai choisi le Var et en particulier le haut, pour le plaisir de voir…euh ben…personne ou presque si possible, de me chauffer au soleil mais pas trop tout de même et, je l’avoue, parce que dans ce coin les prix n’ont rien à voir avec ceux, délirants, pratiqués sur la Côte.

Où c’est ça ?, demanderons ceux qui cherchent et, en plus, s’expriment aussi mal que moi ?

Eueueuhhh…juste un tantinet au-dessus de Draguignan, quelque part aux limites du Var et des Basses Alpes, comme on disait avant.

Pas de précisions inopportunes. Des fois que vous vous précipiteriez à une cinquantaine pour vos prochaines vacances. Les autochtones ne me le pardonneraient pas.

Le site ? Pas trop d’eau, plein de soleil, des moutons autour de 6, non 7 maisons et 16 habitants, sans compter les chiens de bergers…et, eh oui, les 5 motocyclettes et autres quads que les touristes les plus intelligents de la terre, les Français, appellent des engins de sport, pour nous rappeler mecanico militari que le progrès est toujours à nos portes et, en prime, que ceux qui pilotent ces vacheries (pardon aux vaches) sont des sportifs.

Mais bon…vantardise, prétention et stupidité se disputent la place de première caractéristique du tempérament français.

J’exagère un peu quand même…

Mais c’es vrai, le silence de nos minuscules trois semaines de repos n’a été troublé que par, seulement, deux jours et demi de pétarades et exhibitions de 5 à 6 crétins (des Alpes dit-on) qui se sont imaginés que forcer sur les manettes, force d’autant l’admiration des indigènes calmement assis à la fraîche sur la place où ces cinglés passent et repassent dans l’espoir, heureusement vain, de voir à chaque passage, les habitants du cru s’agenouiller, en adoration éperdue de ces dieux modernes de la course. Course de feignants puisqu’à moteur et à roulettes.

Mais bon…les cadors et autres supermen ont fini par s’esbigner ailleurs, fatigués d’attendre les applaudissements qui s’obstinaient à ne jamais venir.

Exit les crétins.

LES TOURISTE, C’EST COMME LA GRIPPE.

Sur 20 et quelques jours, nous en avons eu quand même 17 à18 de sommeil emmitouflé de silence.

Pour le troubler, juste les sonnailles des moutons et encore, vers le soir pour voguer sur des nuits couleur du ciel d’en haut, un vrai bleu marine d’un bout à l’autre de l’horizon.

Nos jours ? Le bonheur. A part nous, pas un touriste en vue.

Ah ces touristes… !

On en a, quand même vus, un village et 254 virages plus loin. Un de ces micros villages tout fiérots de jouer à la ville en se gonflant d’estivants.

Cette engeance, m’a dit un berger chenu  et sec comme un tronc d’olivier, c’est comme la grippe : on a beau se faire vacciner, elle revient toujours.

Et si on n’en élimine pas vigoureusement les vraies causes, on ne s’en débarrasse jamais.

Et ce n’est pas demain la veille.

Pensez donc, il faut les cultiver, les chouchouter, ces touristes affirment nos distingués économistes.

Cet élément de croissance, cette engeance dirais-je, est indispensable à l’économie de la nation.

La preuve, ajoutent-ils, la France est le premier pays touristique du monde. L’Hexagone est un lieu de délices dont les touristes, étrangers surtout, envient les fromages les vins, les produits du terroir et les traditions paysannes.

Ils oublient probablement que c’est peut-être pour cela que notre pays est le champion du monde des fêtes folkloriques indigènes qui ne veulent plus rien dire.

C’est-à-dire bonnes pour les touristes justement.

En oubliant surtout, le fait que la désindustrialisation exponentielle aidant, la France est condamnée, à brève échéance, à ,n’être plus que ‘’ça’’, c’est-à-dire un parc à touristes, une réserve d’indiens quasiment, où les Chinois, nous dépassant désormais en matière de revenus, en sont déjà à nous tirer le portrait afin d’éduquer leurs mouflets en leur montrant le triste sort qui pend au nez de tous ceux qui seraient tentés un jour l’autre de devenir des colonisateurs comme nous l’avons été d’eux.

Ma seule consolation viendra, tout de même, du fait que, comme les nouveaux colonisateurs de l’Afrique et des Africains sont, justement, les Chinois, ce triste sort leur pend au nez à eux aussi.

Les néo-colonisés encore et toujours commencent à en avoir un peu marre des fils du Ciel qui leurs prêtent pas mal mais prennent beaucoup plus.

Ils risquent de faire savoir à leurs nouveaux amis leur manière d’apprécier la colonisation. Certes, beaucoup plus tard, vu leur population intarissable, mais tout arrive.

MADE IN CHINA FOR EVER

Alors donc? Et ces merveilles généreusement offertes aux touristes ? Ces paysages ? Ces produits du terroir ? Quid enfin de ces épastrouillantes distractions, ces activités ludiques, de détente, ce dépaysement, ce tourisme et, aussi…ses dégâts collatéraux ?

Eh bien, déjà, si les paysages et le silence se trouvent encore, en cherchant bien et avec les moyens idoines évidemment, les produits régionaux, eux, nous ont fait découvrir, une fois de plus,  que les produits chinois (encore et toujours) les ont définitivement remplacés. Ils ont acquis le label Provençal qui colle désormais à tous les produits que l’ont peut imaginer en commençant par les plus inutiles.

Et quand je dis colle…

Comme les ‘’ouvriers du monde’’ savent que les occidentaux se méfient de leur camelote, ils ont supprimé toutes les étiquettes mentionnant Made in China. Prudents…autant que nous pas assez…

Un échantillonnage ?

Commençons par LE objet. LE mythe. La Provence à lui tout seul : LA CI-GA-LE…

Vous savez, cette splendide, cette fabuleuse créature que le reste du pays, du monde et de la galaxie nous envient, la cigale de Provence, en céramique, en bois, voire en plastique véritable, est désormais originaire de…vous avez gagné, République Populaire de Chine.

Pas d’un excellent goût, il faut l’avouer, ces machins qui étaient fabriqués on ne sait pas très bien où, gardent un silence plastifié sur leur lieu de provenance mais, peut-être pour cacher l’inavouable, se mettent à chanter.

Parce que désormais, elles chantent. Et en chinois en plus. Et même, m’a-t-on dit, depuis plusieurs années. En retard sur le Progrès, c’est ma mauvaise habitude.

A quoi ressemble donc cet harmonieux cri-cri ?

Je ne sais pas le chinois mais, croyez moi, la musique qu’elles susurrent quand on les tourne ou qu’on appuie sur le bouton en dessous, ne fait pas très Provence de Daudet et encore moins de Mistral.

Mais, et les autres produits ‘’typiquement’’ provençaux ?

Les savons ‘’de Marseille’’, bien sûr, fabriqués en Tunisie (c’est vrai que ce n’est pas très loin) et, eh oui,…en Chine (ça l’est nettement plus) ; les bouquets de lavande en provenance…de Grèce ( il faut bien qu’ils comblent leurs dettes les pauvres) ; les nappes en tissu ou en plastique de Provence…issues des usines des environs de…Wou-han et de Tch’ang-cha (je ne sais pas où c’est mais sûrement pas dans l’Union Européenne).

D’ailleurs, il faut que je vous dise que le secret jusqu’ici bien gardé du lieu de confection, m’a été révélé par l’indiscrétion du vendeur qui a été chercher là-bas, ce qu’on pourrait trouver ici c’est vrai mais…’’ il faut bien nous comprendre mon bon monsieur, là-bas, ils travaillent, encore, pour…3 euros par jour...et pour les plus riches. ‘’

J’ai apprécié le ‘’encore’’ du commerçant qui semblait regretter à l’avance, une possible et future augmentation des aumônes consenties aux esclaves chinois, par rapport à leurs émoluments de l’an passé…

Les travailleurs français n’ont plus qu’à espérer que les revendications salariales, de plus en plus nombreuses, des fils du ciel seront assez vite entendues pour permettre à nos prix de revient français de redevenir compétitifs.

On peut toujours rêver.

Car, en fait d’égalisation, c’est par le bas qu’elle fonctionne désormais.

Dans les années qui viennent, les Chinois vont gagner plus (si l’on peut dire) et les Français moins (et là, c’est vraiment le mot).

PATE D’ALOUETTE

D’autres trouvailles provençalo-exotiques ?

De splendides et affriolants pâtés de grives en boîtes aux étiquettes arborant un fier ‘’grives : 6,5% !’’

Je raffole de ces 0,5%.

Royal !

Ca me rappelle  cette blague de la dernière guerre à propos de ce charcutier malin qui confectionnait une spécialité baptisée  pâté d’alouette avec, sur l’étiquette, ‘’moitié-moitié viande d’alouette, viande de cheval, épices…

Lorsque, vu la rareté de ces petits oiseaux même à l’époque, les gendarmes chargés alors du contrôle du commerce lui ont demandé des explications, il a répondu gentiment, ‘’Ben oui, je le fais moitié moitié, un cheval, une alouette’’….

Encore, dans la situation de l’époque, ne s’agissait-il de que bestioles françaises.

Alors, provenance des grives ai-je demandé ?

Comme j’ai dit que je connaissais un peu ces histoires, le charcutier m’a confié, mezzo voce, ‘’Oh, vous savez, maintenant ici, il n’y en a plus guère…’’.

Je n’ai osé imaginer la provenance des grives. En effet, je me souviens que du temps de Mao le Grand, le guide suprême avait initié une campagne de massacres de tous les oiseaux de Chine sous prétexte qu’ils boulottaient les récoltes…

Des fois qu’ils en aient mis au frais pour les famines possibles…

Comme pour les figatellis corses, trouvés dans deux charcuteries du coin et qui, paraît-il, sont bien ‘’amoureusement’’ et ‘’artisanalement’’ (C’est sur l’étiquette) confectionnés en Corse, ce qui est (assez) vrai, mais avec des cochons…eh oui, chinois….Ce que désormais tout le monde sait fort bien, y compris le service des fraudes.

Lequel, avec son malheureux contrôleur du coin, non armé en plus ce qui peut être mortellement imprudent, est théoriquement chargé de veiller à l’honnêteté des produits ‘’locaux’’, fabriqués et mis en vente par des professionnels qui ne badinent pas avec ceux qui oseraient mettre en doute leur intégrité commerciale.

Bigre ?

Ben oui, mais moins que ce que j’ai appris il y a quelques mois, comme vous, savoir que les ‘’fournisseurs du monde’’ donnent à téter à leurs bébés, du lait ‘’amélioré’’ à la mélanine, ce fameux produit autrefois appelé…Formica et réduit en poudre pour enrichir le lait en ‘’protéines ‘’…

Sans oublier les pesticides, engrais chimiques et autres OGM et  cochonneries, aujourd’hui interdits aux USA et en Europe (mais pas toujours en France)…et qui participent, hardi petit, à la plus belle croissance économique de tous les temps… la chinoise.

Ayant besoin de sauce tomate et me méfiant de celles d’un magasin , garanties du pays (sans dire lequel) j’ai évité d’en acheter en me rappelant qu’avant de venir, j’étais tombé sur un article mentionnant que la majeure partie des tomates vendues en Europe viennent…de Chine, où les documents informant les entrepreneurs des lois sur la protection, du consommateurs, quand elles existent, servent surtout à caler les pieds de table.

Je n’ai donc rien acheté, surtout pas du poulet fumé et moins encore du jambon ‘’recette provençale’’ qui ne me disait rien qui vaille vu que si la recette est (peut-être) de par ici, on peut fabriquer ça, ‘’à la mode de’’, n’importe où sur la planète…

Kif-kif le champagne, le camembert, le cassoulet toulousain, et, pourquoi pas, la bouillabaisse en ‘’véritable pot de verre’’ (pour ce que ça change…) qui trônait  fièrement sur les étagères du…’’petit artisan’’ local.

A L’ EST TOUJOURS DU NOUVEAU

Je n’ose même pas imaginer d’où peuvent bien arriver les (même ou presque) produits vendus en grandes surfaces…

Le miel par exemple. Celui qui affichait lavande ne m’a guère inspiré : ouvert, outre qu’il sentait surtout l’odeur de plastique du pot, son goût fleurait bon la pharmacie.

Ah oui, j’oubliais les photos des cartes postales fleuries. Elles, ne peuvent avoir été prises qu’ici, évidemment, encore que…

Mais d’où proviennent-elles ?

Jusqu’ici, dans les années passées, deux marques de fabrique, obstinément  domiciliées sur la Côte, faisaient imprimer…eh oui, en Italie où fleurissaient les emplois occupés par des familles entières enfants compris, payées évidemment avec le seul salaire du papa.

Patatras, ce pays européen tout de même, se voit damer le pion en matière d’impression et de coût, par…la Tchéquie qui l’est aussi européenne, avant de l’être bientôt par la Chine ou l’Inde qui s’équipe à vitesse grand V.

A croire que plus on va vers l’Est, plus il y a toujours du nouveau, en matière de baisse des coûts de fabrication.

En effet, une variante annonciatrice de changements a été constatée cette année. Alors que, depuis quelques années, les tissus chinois avaient tenté une timide entrée sur le marché, cet été, ils ont été remplacés par une vague de produits indiens, vendus par de faux et fausses baba cool, qui nous ont parlé des conditions de travail de là-bas avec presque des sanglots dans la voix mais en ne disant rien des prix auxquels ils ont acheté leurs marchandises aux patrons locaux qui valent ni plus ni moins que les autres en matière de sentiments humains et de traitement de leurs esclaves.

Si les coûts chinois étaient abominablement bas, dorénavant, les indiens sont encore moins chers.

Comme quoi, s’il arrive toujours plus en matière de salaires patronaux, on trouvera toujours moins pour ceux des ouvriers.

La mondialisation enrichissante pour la planète et la moralisation du capitalisme sont bien parties.

Bon, ben…tout ça a commencé à me fatiguer et je n’ai fait qu’une simple incursion sur ces marchés de Provence naguère chantés par Bécaud.

S’il avait su le pôvre…

Moi qui croyais m’éloigner de la civilisation et de ses horreurs…

Nous sommes donc revenus à notre programme.

Nous avons mangé ce que nous avons trouvé, juste à côté chez la dame qui nous héberge, nous avons bu l’eau de la fontaine,nous avons marché, nous avons dormi, nous avons joué à nous coucher et à nous lever avec le soleil…

Je mens un peu car, nous avons aussi regardé la télé…

Pour y voir et revoir l’horreur quotidienne.

Non pas tellement celle des évènements eux-mêmes mais de la manière dont on nous les présentait.

LA CERTITUDE

Enfin, on a, tout de même, ‘’fermé le poste.’’

Et nous sommes partis, à pied ou à vélo, voir à quoi ressemble, encore, un arbre, des arbres, des fleurs, des moutons, des chèvres et leurs fromages, un chien patou qui m’a pris pour un touriste ouaiiie… et puis la rivière, le thym et la farigoulette comme on dit, avec le soleil par-dessus, le vent du soir et quelques couchers de soleil bien plus beaux qu’à Hollywood et complètement gratuits.

Miammm ! C’était bien bon tout ça.

Tout ça ? Eh oui ! Une des dernières certitudes de l’Homme bourré d’incertitudes, de questions, d’ignorances, idées fausses, l’Homme éparpillé, dispersé, explosé, que nous sommes tous.

Heureuse cette certitude de voir, de savoir, de toucher du doigt ce qui le fait vivre l’Homme, ce qui est sa vie, de comprendre en direct, où tout  commence et où tout finit, en un mot, d’où il vient et, bien sûr, où il va.

Compliqué tout ça ?

Long à écrire et tellement court à vivre.

Comme toutes vacances.

A prolonger sans modération.

Sauf que j’ai prolongé au fond de mon lit.

Malade d’après les vacances.

Drôle de statut.

Mais ça va mieux.

Prêt pour en raconter quelques autres. Notamment à propos du capitalisme désormais moral.

Vous ne le saviez pas ?

Je vous raconterai.

Il y a de quoi dire.

Maurice CARON

 

 

Commentaires

  • bien contente de vous retrouver, vous nous manquiez.

  • Il ne faut pas généraliser non plus ;-). Pas mal de production effectivement est délocalisée dans certaines activités...mais pas toutes. Il reste de bons artisans en Provence !

  • Combien collègue? Et dans quels domaines? Et à quels prix? Et de quelle (vraie) qualité? Et jusqu'à quand?
    On regarde ensemble?
    Allez va.
    Amitiés.
    MC ...qui aime la Provence, son pays, la Terre et tout ce qu'il y a dessus... mais qui ne la cochonne pas.
    Ce qui fait pas mal mais ça se rétrécit à vue d’œil, de nez, de papilles...et de santé.
    Tout le contraire du portefeuille des actionnaires.
    Je sais de quoi je cause.
    A+

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