Le journaliste américain Mark Schapiro, du journal The Nation, cité par le dernier numéro de Courrier International, nous rappelle, ou nous apprend, que quelques 30.000 produits chimiques nous imprègnent. On en trouve partout dans les produits les plus usuels, de la savonnette, aux peintures, en passant par les voitures, les aliments, les meubles, les détergents, les plastiques des jouets et les couches culottes. Bref, les consommateurs, les vrais gens, en sont...environnés, en mangent, en respirent, en sont clafis. Sans qu'aucune instance technique ou politique s'en soucie et en avertisse qui que ce soit. Il n'y a guère que ces fondus d'écolos et quelques associations de consommateurs qui s'en émeuvent. Peu de choses en fait.
Sauf, la directive REACH promue par la commission Environnement de l'UE, qui veut mettre de l'ordre dans tout çà en faisant obligation à tous les fabricants du monde de faire la preuve, a priori, que les produits qu'ils utilisent et mettent sur le marché ne sont pas dangereux avant de les mettre sur le marché.
L'article, qui, dans son titre, évoque l'affolement de l'industrie chimique américaine, souligne, de ce fait, que le lobbying y va de tous ses moyens pour contrer la directive en gestation jusqu'à s'immiscer carrément dans la politique européenne en faisant directement pression et de manière totalement illégale, sur les parlementaires du Vieux Continent avec les moyens qui lui sont propres ( si l'on peut dire).
Certes, le chargé d'affaires de l'UE en poste à Washington est rassurant sur le devenir de la directive, mais il n'empêche que les américains ont déja réussi à faire ajourner le vote européen et comptent, bien entendu, ne pas en rester là. La délicate guerre préventive vous connaissez?
Usons de quelques particularités de la langue française pour tenter d'expliquer le plan de bataille, ultra simple des lobbyistes en question.
Objectif à moyen terme: vendre (imposer) la soupe américaine au Vieux Continent.
But immédiat: que des élus, voire les élus européens servent...la soupe aux industriels chimistes étatsuniens.
Système employé: inviter ces élus...à la soupe!
Non, c'est pas drôle. Mais on essaye vaguement de rigoler avant de pleurer tout à fait.
Acheter certaines consciences, est un moyen vieux comme le monde. Auquel tous les élus, certes, n'adhèrent pas. Heureusement et du moins on peut l'espérer. Mais il y a lieu de se faire du souci: le ''Canard Enchaîné'', il y a quelques semaines, notait déja que sur les dizaines de milliers de produits chimiques existant depuis perpète sur le marché, certains, déja, risquaient, ou avaient déja, été effacés des listes...comme si ceux-là étaient moins nocifs que les autres.
Ceci dit, le même article soulignait que les experts estimaient le coût des mesures à prendre dans les industries chimiques, à des sommes quasi microscopique par rapport à leurs bénéfices. Pas de quoi les mener à la faillite.
Mais la course au profit, pardon à la profitabilité, et les dividendes à verser aux actionnaires, n'est-ce pas?
A propos: on comprend pourquoi certaines de nos grandes industries chimiques à nous se font une virginité de protecteurs de la Nature en sponsorisant des écologistes. Certes, parmi ces derniers, il y en a peut-être quelques vrais mais on en sait d'autres en peau de lapin véritable. En effet, il ne faut pas être très regardants sur la couleur et l'odeur d'un argent, lorsque d'un côté il pourrit la santé et l'avenir de l'Humanité et dans le plus grand secret, et de l'autre prétend la sauvegarder en lui montrant de belles images d'une Nature qui n'existera bientôt plus que sous cettte forme.