Hourra!
''Les augmentations de salaires sont, a-t-on dit, légitimes!''
Pour une découverte, c'en est une.
A croire que toutes les demandes, toutes les manifs, toutes les revendications, même les plus polies, ne l'étaient pas.
A croire qu'un SMICARD, absent de toutes les manifs en question, lorsqu'il réclame, s'il le fait, une augmentation de ses quelques mille euros, devrait plutôt se taire, lui qui, tout le monde le sait, n'est qu'un abominable profiteur du régime qui, devant sa télé dernier cri en grand écran, plat bien sûr, se complaît dans la paresse, le luxe, ses pantoufles, sa Corona et ses loukhoums sur son divan brodé.
A croire qu'avec ces confortables émoluments, il arrive à payer son loyer (pour...60 m2 et pas 600), ses impôts ( un peu mais tout de même), ses vêtements et ceux de sa progéniture, leur scolarité, la bouffe mensuelle, les assurances et les mutuelles, les frais de voiture, l'eau, le gaz et l'électricité...sans oublier tout ce qui lui restera pour aller se distraire follement et en dansant, au cinéma, avec des livres pour se cultiver et, pourquoi pas, en vacances à la neige puis à la campagne.
Un ministre, un député, un sénateur, un conseiller général, un maire, ont-ils essayé, ne serait-ce qu'un mois, de vivre à ce régime?
Oui mais, dira-t-on, toutes ces hautes autorités ont d'énormes responsabilités!
Ah bon?
Lesquelles?
Eh bien, tous les citoyens sont et doivent être responsables.
C'est juste. Le citoyen lambda est, lui, bien responsable, pénalement, civilement et financièrement. Il l'est devant le fisc, la police, la justice, son patron, son entourage, son assureur et son adversaire en cas d'accident.
C'est vrai. Par contre, si les dépenses, choix et investissements publics, avec l'argent de nos impôts, sont malheureux, entachés d'erreurs, voire malhonnêtes, qui paie la facture? Qui sont les responsables?
Personne bien sûr.
Mais si ballot! Il suffira d'augmenter les impôts!
Ce sont encore les citoyens lambda qui seront, donc, eux, les seuls responsables.
Alors où sont-elles ces responsabilités qui valent de tels salaires pour ceux qui n'en ont aucune de véritable responsabilité?
Ah oui! C'est vrai. Nos édiles sont responsables, disent-ils, devant les électeurs!
Sans rire? Avez-vous essayé de changer d'un iota la politique de votre ville si vous n'êtes ''que'' simple citoyen?
Et même: avez-vous tenté, seulement, de prendre connaissance de tout ce que vous avez le droit de savoir concernant les dépenses? Les affectations de crédits? Les embauches? Les frais de déplacements et de missions?
Et puis, soyons réalistes. Un an environ avant les échéances électorales, tout le monde voit fleurir dans la presse complaisante, elle l'est toujours, des comptes-rendus d'une foule d'inaugurations de premières pierres, de remises de décorations et de réunions, d'apéritifs, et de vins de l'amitié, de félicitations et d'autocongratulations: le bon peuple raffole de ces hochets pour adultes. Et il n'y a rien de mieux pour affiner une belle image de marque d'un candidat.
Et puis, les campagnes électorales, pleines de promesses, pour les futurs élus et les électeurs, sont indispensables pour affermir la foi de ces derniers, certains, ce coup-ci, que tout va changer...
Enfin c'est promis.
Quant aux PDG des grandes entreprises, voire aux haut et très haut fonctionnaires, leurs responsabilités sont tout aussi imaginaires. Aucun d'entre eux n'est responsable de ses propres erreurs sur ses propres deniers. Bien qu'à un certain niveau de rémunération, n'est-ce pas, on serait probablement plutôt solvable...
Mais non. Même si l'entreprise se porte mal, le congédiement s'accompagne de confortables compensations. Et d'un reclassement, public ou privé, d'autant plus rapide que le carnet d'adresses est plus épais.
Or donc, pour le petit et moyen peuple, les augmentations de salaires sont pour demain.
Comme celles des impôts et des prix en euros?
Comme le disait l'écriteau qui ornait certains salons de coiffure des années 30: ''Demain on rase gratis'. Lorsqu'on repassait, le lendemain et les jours d'après, le panneau était toujours à la même place.
Et portait toujours la même mention.
Ad vitam aeternam.
Quant à l'augmentation des retraites, mieux vaut n'en pas parler.
Après avoir passé 50 à 60 premières années de leur vie à tenter de vivre, les retraités passent, désormais, les quelques dernières à ne pas trop vite mourir.