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Et la Hollande alors?

Pourquoi la Hollande, elle aussi, était-elle bigrement tentée par le NON ?
Evident non ?
Le pays est un des plus prospères, il a renforcé sa législation sur l’immigration après avoir vu ce que coûtait un certain laxisme aux relents humanistes en la matière.
Par ailleurs, il mène une politique de l’emploi assez similaire à celle régnant dans les pays scandinaves.
La situation économique y est donc satisfaisante.
Il n’a donc aucune envie de servir de plat de résistance aux hordes d’affamés des nouveaux entrants européens.
-Hordes d’affamés ?
-C’est un constat non ?
Bien sûr qu’il faut être européens.
Bien sûr qu’il ne faut pas laisser tomber les petits nouveaux.
Bien sûr qu’il faut les aider à grandir.
Mais pas au prix des légitimes avantages, - durement et chèrement -, acquis chez les plus anciens.
On ne voit pas au nom de quoi, de tels sacrifices devraient être acceptés, alors qu’ils sont imposés par les castes d’en haut aux foules d’en bas…
Au nom de l’Europe ?
Certes, certes, mais pas à la vitesse grand V.
Ne pas mettre la charrue avant les bœufs vous connaissez ?
Et habiller Pierre pour déshabiller Paul vous connaissez aussi ?
C’est bien ce qu’ont compris tous ceux qui se rendent compte, maintenant et peut-être un peu tard, qu’ils ont été roulés dans la farine à Maastricht et probablement bien avant, alors qu’à l’époque l’Europe leur semblait une notion aussi lointaine que l’idée de retraite au cours préparatoire.
Sûrement utile, puisque papa l’a dit mais tellement lointaine.
L’ennui est qu’aujourd’hui, il faut payer.
Cette phrase prononcée par le député polonais Bronislaw Geremek, est tout à fait édifiante à cet égard.
‘’(Cette Europe), regrette-t-il…que nous considérons comme un grand espoir, est ressentie en France comme un danger’’.(1).
Il peut parler d’espoir : l’intégration se fait à nos frais, pas aux siens.
Et son poste, et sa réélection, sont assurés : les subventions européennes lui gagneront les suffrages de ses électeurs.
Il peut, d’évidence, s’afficher francophile.
Sans risque aucun.
Mais à nos dépens.
Si l’Europe se faisait aux frais des Polonais, nous sommes prêts à parier que la petite phrase lui coûterait autrement plus à prononcer…si tant est qu’il l’estime sans risque.
Les Hollandais ne sont pas plus stupides que les Français.
Pourquoi estimeraient-ils indispensable de payer immédiatement les dégâts, prévisibles pourtant à l’époque, des décisions de parlementaires qui n’ont (peut-être ?) pas assez envisagé les risques encourus, non par eux mais par…leurs électeurs ?
On ne peut, dès lors, que mieux comprendre pourquoi nombre de pays ont préféré ne pas choisir la voie référendaire et faire entériner l’acceptation d’une Europe, plutôt à la va-vite, par des élus qui ne n’encourent, eux, que le risque d’être désavoués par leurs électorat.
C’est-à-dire peu de choses vu la longueur du temps qui passe entre deux élections.
Ailleurs, comme chez nous, c’est bien connu : les électeurs ont la mémoire courte…
Pas grave : le moment venu, une bonne campagne et de mirifiques promesses et c’est reparti…

(1). Dans Gazeta Wyborcza, cité par Courrier International N° 760

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