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Beaujolais nouveau: les funérailles

Le Beaujolais, naguère, c’était le Morgon, le Chiroubles, le Juliénas, le Moulin à Vent ou le Fleurie, les ‘’géants’’ d’une région où les plus petits avaient pour noms Côtes de Brouilly ou mieux Chénas, voire le microscopique Saint Amour et sa petite vingtaine d’hectares au goût d’été et d’automne tout à la fois.

C’était il y a pas si longtemps.

Et le bon temps.

Aujourd’hui, le Beaujolais ce n’est plus que le Beaujolais.

Nouveau tout juste.

Et il baisse la tête.

Funérailles !

Production habituelle ou quasiment, certes, mais ventes qui dégringolent.

La raison ?

Un producteur se désole : ‘’Il est fini le temps où les viticulteurs faisaient selon le terroir, la saison ou la récolte. Désormais, il faut savoir évoluer. Faire du vin au goût du client…’’( ???).

Vous avez bien entendu : ‘Faire du vin au goût du client.’’

Et c’est un viticulteur français de France qui dit ça !

Quid du goût du client ?

Eh bien il faut ‘’faire’’ du vin qui se laisse boire, gouleyant, qui flatte le palais, qui plaît au plus grand nombre, en fait, qui passe partout et en clair, qui fait vendre des millions de bouteilles dans les supermarchés, surtout outre Atlantique où le goût du vin est fabriqué, formé, formaté au goût de…Monsieur Parker.

Pour le plus grand plaisir de collectionneurs de fafiots.

Monsieur Parker ?

Du guide du même nom.

Sur lequel tous les Bordeaux, grands ou petits se sont alignés pour pouvoir continuer à vendre aux States.

Sinon gare !

Car l’origine de la mode est bien là.

Omniprésent, omniscient évidemment, cet exemple d’honnête objectivité, sans lien aucun, évidemment, avec une quelconque puissance viticole existante, a vendu, non, imposé le goût américain au reste du monde et le reste du monde des producteurs suit s’il veut ne pas mourir. (1)

Vous doutiez, vous que, en-dehors des USA il n’y avait aucun salut et aucune vérité possible ?

Ben maintenant vous le savez.

Y compris dans le picrate.

Vous en doutiez , vous que le nouveau prophète planétaire avait étendu ses compétences jusqu’au pinard, nous boulottant, par ci par là, le peu qui nous restait de nos spécialités, de nos fiertés bien gauloises ?

Ils n’ont pas hésité à nous faucher le Tour de France n’est-ce pas ?

Grâce aux miraculeux médicaments pour la toux et les hémorroïdes externes certes.

Et alors ?

Et les nôtres, de miraculés du rhume de cerveau et des malaises fondamentaux, comment faisaient-ils hein?

Tant que les médecins et les journalistes de l’Equipe et du Tour de France réunis n’y ont rien vu, où était le mal, on vous le demande ?

Que nous reste-t-il ?

Les parfums, la mode, mais on fait mieux et mois cher, enfin presque, à New-York ou à Tokyo.

Que restera-t-il alors nom de nom ?

La bouillabaisse ?

Ouais, mais ils ont aussi des poissons comme les nôtres en Floride.

Et puis la Floride, c’est le pays du frère de Dubia, le George qui dévore le monde tout cru.

Pas question.

Le cassoulet éventuellement, vu que ça se permet d’être bien gras mais que ça protège, paraît-il des crises cardiaques dont raffolent les cliniques amerloques ?

C’est à voir.

L’aïoli peut-être ?

Ecoutez, nous, l’an prochain, on se carapate dans le Haut Var où on va chercher.

On vous dira.

Mais il ne faudra pas le répéter à tout le monde.

Avec leur réseau Echelon, FBI et CIA auraient vite fait de nous taxer ce qui nous resterait de folklore gastronomique.

Et de les refiler à leurs copains des multinationales.*

Economie patriotique oblige.

Ce qui laissera pas de nous étonner d’ailleurs.

Ils nous fauchent toutes nos spécialités et se débrouillent pour être les champions de la malbouffe et des maladies qui en découlent.

C’est vrai, en fait : ils arrangent tout ça à leur manière et ça finit par leur empoisonner le tempérament.

Comme quoi, il y a bien une justice quelque part.

Peut-être bien, d’ailleurs, que ‘’W’’ n’est pas l’envoyé de Dieu sur la Terre après tout…

 

(1) Le DVD Mondovino de Jonathan Nossiter, un Américain en plus, rappelle opportunément aux Français que le vin ne se fabrique pas. Le viticulteur le fait, ou plutôt l'aide à se faire. Nuance...Au passage, le réalisateur oenologue vrai , dit son fait aux vins ''au goût Parker'', avec l'aide, d'ailleurs, de quelques ''Gaulois'', Britanniques ou Américains comme lui, qui défendent bec et ongles, le vin Français ''à l'ancienne'' aux Etats-Unis même. Beau combat à voir et à revoir. Ne serait-ce que pour prendre conscience de la manière dont le virus americum pervertii, infecte tout ce qu'il touche, des collines de San José jusqu'à celles du Queensland en Australie, en passant par le Chili, l'Arghentine  et l'Afrique du Sud  et, depuis peu, les pays européens de l'Est où on fait mieux encore, produits illicites à la clef.

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