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Nouvelle Orléans: quelle information?

La catastrophe de la Nouvelle Orléans n’a pas fini d’alimenter gazettes et commentaires.

Mais sûrement pas de séances d’autocritiques, dont auraient bien besoin les faiseurs d’opinion.

Car il s’agit bien, une fois encore, de ce à quoi nous assistons dès lors qu’un évènement catastrophique survient.

Encore que dans ce domaine, l’Humanité semble se mithridatiser à longueur de temps avec une volonté inébranlable et une sournoise satisfaction semble-t-il.

Plus il y en a, plus on s’y habitue.

Il est vrai que morbidité et masochisme sont les principes directeurs et édificateurs de l’éducation, du formatage des masses populaires qui avalent, acceptent, digèrent sans moufter tout ce que les medias leur proposent.

Leur imposent.

En effet, l’habituel choix proposé aux humains de tout poil n’a jamais changé: si vous n’aimez pas Charybde nous vous conseillons Scylla.

Et rien d’autre.

C’est la loi de l’information.

Qui vient donc de s’illustrer de bien belle manière.

On vous raconte.

QUELLE VERSION ?

Une certaine Karen, malheureuse victime de l’ouragan Kathryn, a été suivie par un caméraman, un homme de l’image (ouhaouhh !), un journaliste comme on dit, dans la recherche de sa fille disparue dans les flots et la tourmente.

Le distingué reporter a filmé Karen alors qu’elle se retrouvait dans une maison dans laquelle était censée se trouver sa fille.

Recherche, appels, re-appels puis un hurlement et un bruit confus présageant quelque chose d’extraordinaire : la séquence et son auteuir tenaient là son point fort !

Comment l’affaire se termina-t-elle ?

D’une manière exemplaire.

Comme nous le confiait hier France Culture : Télévision Suisse Romande (TSR), RTBF (Télé Belge), TF1, A2, M6, bref, une demi-douzaine de chaînes qui ont acheté le sujet, l’ont passé à l’antenne aussi sec.

…Mais de façon curieuse, pour le moins.

L’une a annoncé que la fille avait été retrouvée, vivante, l’autre qu’elle n’avait pas été retrouvée du tout (goûtez la différence), une troisième qu’on ne savait pas trop ce qui s’était passé bien que l’évènement soit émotionnellement très fort, enfin, une dernière disait qu’elle avait été enfin retrouvée !

Morte !

Hélas !

Pas mal comme information non ?

Bravo donc aux journalistes qui ont avec beaucoup de soins et de moyens, et une fois de plus, fait leur sale boulot non ?

Explication ?

Décryptage plutôt.

Le document, émotionnellement fort n’oublions pas c’est le secret d’un ‘’bon coup’’, a été filmé par un journaliste d’image (donc saluez !), qui a pris les éléments en vitesse (on le comprend), qui les a écrits, et a envoyé le tout, soit à une rédaction, soit à plusieurs, soit directo à une agence qui l’a re-distribuée largement à ses clients.

Les affaires c’est les affaires.

Mieux : les affaires avant tout.

En bout de chaîne, c’est-à-dire une fois le document arrivé dans les rédactions, la tâche de mettre le machin en forme a été confié à un ou plusieurs journalistes qui y ont été de leur savoir-faire pour construire un truc du genre, c’est bon ça coco…

Ils y ont été, pensez-vous, avec des pincettes et en marchant sur des œufs en possession de très peu de choses et en sachant qu’ils risquaient de se planter vu le large dispatching du document ?

Que nenni !

Les journalistes, ma brave dame, sont des gens comme vous et moi.

Ils ont des qualités, des défauts, des préférences, des goûts et des dégoûts, voire des haines solides, des émotions, des lubies aussi, même des idées fixes, et plus encore pas mal d’idées préconçues.

Des pressions aussi.

Le temps, l’audience, les chefs grands moyens et petits, la concurrence, la carrière, l’humeur du sous-chef de service, sans oublier l’image personnelle et la signature en fin de papier. Le pouvoir sur les foules. La gloire quoi.

Et même leur quart d’heure qui dure trente ans.

En principe jusqu’à la retraite.

Résultat ?

On a vu.

On arrange, on brode, on allonge, on coupe, on ajoute, on mélange, on fait fort, on invente quand il y a des trous, en tous cas, on se fait plaisir…

Oui mais, quid du respect de l’info, des téléspectateurs, et puis tout de même de Karen et de sa gosse, ainsi que de toutes les Karen potentielles, des humains à propos de qui l’on parle, sans leur en demander la permission mais pour sa petite gloriole perso ?

Ben…

Et on appelle ‘’ça’’ l’information!
CAMPS DE CONCENTRATION ?

‘’La différence entre la littérature et le journalisme c’est que la littérature n’est pas lue alors que le journalisme est illisible’’ disait Oscar Wilde qui tâtait de l’un et de l’autre.

Arnold Bennett a dit mieux : ‘’Les journalistes disent des choses qu’ils savent n’être pas vraies, mais assez longtemps et assez fort pour qu’elles le deviennent’’.

Marrant non ?

Mieux vaut en rire pour ne pas en pleurer.

Et apprécier à sa juste valeur ce que Chesterton lui-même disait sur les confrères, dans ‘’La Sagesse du père Brown’’ en 1914: ‘’Le journalisme consiste à dire que Lord Jim est mort à un tas de gens qui ne savaient même pas que Lord Jim existait.’’

Enfin, Winston Churchill, lui-même, qui avait un temps également fait ses armes dans le système déjà audiovisuel, notait, à propos de l’autonomie de l’Irlande, que même ‘’Le Times (LA référence pourtant. N.d.l.R!) ne dit rien, mais il lui faut trois colonnes pour le dire’’.

Pour notre part, nous pousserons le raisonnement un peu plus loin.

L’information est, depuis longtemps mais le mouvement se précise abominablement, synonyme désormais de désinformation, de pensée unique, de reflet totalement déformé de la réalité.

Certes, dans l’information écrite, parlée ou filmée, on pêche le tout venant de l’actualité : meurtres, crimes divers, annonces officielles, évènements courants, polémiques quelquefois pour la galerie, décisions et actes de pouvoir plus ou moins significatifs, orientations de la société, bref, le tout courant de la vie des vraies gens, mais aussi des autres...

Sous quelle forme ?

Brève, fruste, biaisée, ne donnant toujours qu’un son, celui de la cloche du pouvoir, quelquefois celle du contre pouvoir…si tant est qu’il y en ait un.

Forme généralisée commune à toutes les infos : tendance pensée unique, de l’extrême droite à l’extrême gauche, il est vrai, mais suivant une redondance étrange.

En effet, l’info formate le public qui finit par s’identifier, par ressembler à l’image qu’on donne de lui.

Voire à participer.

C’est d’ailleurs le constat de France Culture dont un journaliste, un bon, il y en a quelques uns, remarquait que même dans le cadre d’évènements les plus graves, les gens ont de plus en plus tendance à se présenter, à participer à part entière, comme de véritables acteurs de l’info, Star Ac et la télé réalité n’ayant pas arrangé les choses.

Besoin, délirant, d’être aimé, reconnu, connu, admiré ?

Pauvre pauvre Humanité…

Il reste que face à ce mensonge organisé qu’est devenu le système médiatique dans son ensemble, les hommes sont condamnés à la cécité complète, sauf à s’escrimer à chercher la vérité dans cette montagne de duplicité et de faux semblants.

En acceptant de passer pour original, pinailleur, voire déviant, en tout cas, marginal.

Le plus grave reste, aussi, que la population est prête à accepter n’importe quelle duperie.

Lorsque Goebbels disait à ses nazis de copains que pour diriger un peuple il fallait lui mentir, lui mentir, et lui mentir encore jusqu’à ce que le mensonge devienne LA vérité, il ne faisait qu’anticiper de 50 ans.

Nous y sommes.

Vous pensez peut-être que l’heure n’est plus aux pogroms ?

Vous semblez oublier, entre autres, et parmi les héros de l'espèce, la Pravda des années 50-60 et, plus récemment, la Radio des Mille collines.

Cette sanguinaire et méprisable voix et guide des tueurs Hutus.

Responsable directe de la mort de près d’un million de Tutsis.

Sous la houlette, ou avec l’accord, ou la complaisance passive, - toutes choses semblables -, du pouvoir politique, elle a menti, incité à la haine, poussé au meurtre.

Vous pensez peut-être que les medias français ne sont pas capables de ce genre d’exploit ?

Parce que vous croyez, aussi, que les Français, vous, moi, doutent de ce que disent les medias ?

50% de nos compatriotes font confiance dans les journaux écrits.

40%, ''seulement'', dans la télévision.

Ca fait tout de même beaucoup.

Si demain journaux et télés lancent des appels au boycott, à la mise à l’écart, et pourquoi pas à la disparition d’une partie de la population parce qu’elle a les cheveux roux, le nez de travers, une vilaine religion, ou le teint pas très blanc, voire des croyances et des manières de vivre qualifiées de néfastes, mauvaises, voire dangereuses, que feront nos concitoyens ?

Que ferez-vous vous-mêmes?

Milos Forman disait, il y a déjà 70 ans, qu’il était facile d’étiqueter un malade mental.

‘‘On considère la maladie mentale disait-il, comme l’incapacité à s’adapter à des règles de vie en constante évolution. On devient marginal.’’

C’est ainsi, malade mental, que les Soviétiques cataloguaient tous ceux qui ne s’adaptaient pas aux circonvolutions de leur pensée unique.

Pourquoi, puisque ces olibrius étaient minoritaires ?

Parce qu’ils étaient de bien mauvais exemples.

Pire, ils étaient des reproches vivants au système ‘’accepté’’ par tous.

C’est pourquoi les cliniques psychiatriques ne chômaient pas en ex-URSS.

La Guépéou, le NKVD, puis le MVD non plus.

Les juges moscoutaires encore moins.

Tout comme les camps de concentration.

C’est pour quand, dans les medias français, la prochaine campagne de sauvegarde nationale contre les ennemis de la Patrie ?

Et l'envoi dans les nouveaux asiles ou camps des marginaux qui dérangent?

D'autant qu'en périodes de crise, les boucs émissaires sont toujours bien utiles... 

 

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