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Nouvelle Orléans: Etat Providence et Libéralisme.

Pourquoi encore la Nouvelle Orléans ?

Rassurez-vous.

Non parce que ‘’ça’’ fait vendre, mais bien parce qu’à l’occasion de cette catastrophe, comme de toutes les autres de taille semblable, bien des choses apparaissent.

Ainsi, en temps de crise, le meilleur et le pire de l’humain viennent au jour disait on ne sait plus qui, en fait, nous dit l’expérience multimillénaire des victimes des crises en question.

Voyez les guerres : sous la pression des conflits, on retrouve toujours les collabos d’un côté, les résistants de l’autre. Ne jetez pas la pierre au ‘’marais’’ : ils ont déjà bien du mal à survivre pour faire un choix mais à l’occasion, la fracture se révèle là aussi.

Du moins dans un proche passé lorsque les cartes du Bien et du Mal n’étaient pas encore brouillées.

Du moins (bis) chez nous, en Europe, et encore…

Mais le principe reste vrai. Il émane tout simplement de la nature humaine.

Les crises, grandes ou petites, révèlent.

Crise hexagonale ? Quand l’économie bat de l’aile, les riches deviennent plus riches, les pauvres plus pauvres.

Crise locale ? Quand les éboueurs font grève, apparaissent les citoyens propres…et les cochons.

Crise de couple ? Quand l’un trompe l’autre, qui donne, qui prend ? Qui profite de la situation et qui en pâtit ? Qui prospère et qui dépérit ?

Crise personnelle ? Crise familiale ? Au travail ? Au feu rouge ? Pour une place de parking ?

La liste est longue mais systématiquement, la crise fait remonter ce qu’il peut y avoir de meilleur ou de pire dans l’être humain.

Mais aussi dans tout système.

Une bagnole fabriquée un lundi matin ? Pépins pour plus tard disaient les vieux de la vieille de Flins et de Billancourt.

Et une petite citadine poussée à fond sur l’autoroute rendra bien plus vite l’âme qu’une limousine grande routière taillée pour.

Kif kif pour la Nouvelle Orléans.

Un grand pays super super plein aux as, enfin pour 1,5% de la population, semblait bien pourtant ne jamais pouvoir vaciller.

La crise est là et l’on voit apparaître bien des choses.

Et pas que des plus belles.

Une cata arrive, une vraie de vrai, et les failles apparaissent, les manques se font jour, les lacunes deviennent des gouffres béants dans lesquels les plus faibles disparaissent.

C’est ce qui vient d’arriver là où monsieur Deubeliou va, non apprendre à se servir d’une pelle ou d’un balai, faut pas rigoler, mais tenter de redonner quelques couleurs à son image pas mal délavée par l’ouragan.

ETAT PROVIDENCE ET LIBERALISME

Qu’a révélé Kathryn ?

Que signifie l’ultralibéralisme auquel les USA veulent convertir un monde dont les patrons en salivent déjà ?

Simplement qu’en capitalisme pur et dur, chacun se débrouille.

Sur la base des critères qu’il s’est donnés et donne en exemple : rentabilité, efficacité, mais aussi oligarchies, monopoles, abus de pouvoir, corruption, éliminations, guerres et on en passe.

Critères de choc.

Car si chacun se débrouille, n’est-ce pas, eh bien chacun doit se débrouiller quoi qu’il arrive.

-Même en cas de catastrophe ?

-Même.

-Oui mais il y a des limites non ?

-Eh bien…euh…la Constitution des Etats-Unis n’en parle pas. Ni aucune autre d’ailleurs, même pas la russe ou encore moins chinoise vu que ces gens-là n’écrivent pas comme nous.

-Alors ? L’Etat ne peut-il, ne doit-il pas prendre le relais ?

-Oh, hé ! L’Etat Providence vous voulez dire ? Du genre à la française ? Pour aider les feignants, les incapables et les cocos ? Et la nécessité de la saine compétition pour la vie alors? Le darwinisme social vous n’avez pas entendu parler ? La lutte pour la vie ? The struggle for life ?

-Oui mais les faibles, les pauvres, les rien du tout ?

-Eh bien ils n’avaient qu’à prévoir avant…?

Et voilà. Le refus, le rejet de l’Etat Providence amène là.

Car de deux choses l’une, soit notre raisonnement est faux mais alors il va falloir trouver une explication à l’impéritie mortelle d’un puissance industrielle et économique fantastique mais qui est infoutue de résoudre un problème de 100 milliards de dollars alors qu’elle arrive à tenir le coup, et à dominer de la tête et des épaules l’économie mondiale, en accroissant pourtant chaque jour le trou sans fond de ses dépenses militaires et de sa dette publique et privée, d’à peu près la même somme !

Où alors, notre raisonnement est juste et la richesse ne se partageant surtout pas en pays libéral, et encore moins ultra libéral, eh bien les pauvres, les noirs, bref, tous les rien et moins que rien n’ont que ce qu’ils méritent.

Logique ultralibérale : pas question de voler à leur secours. Ils n’ont qu’à payer. Ou s’assurer quoi !

Assurer leur santé, leur maison, leur bagnole, s’assurer sur la vie évidemment.

Il y a d’excellentes compagnies pour cela !

-Oui mais quand la catastrophe passe les bornes du raisonnable ?

-Tout est affaire d’appréciation cher monsieur.

-Et d’image de marque, peut-être non ? En particulier de celui qui en a besoin vu que les élections ça finit un jour par arriver hmmm ?

-Ca se discute…

Tout ce verbiage pour dire que finalement, l’abomination de la Nouvelle Orléans est d’une logique imparable dans un monde qui suit la même de logique.

Si chacun est seul comptable de lui-même et des siens devant la vie, la société ou le destin, l’Etat Providence n’a évidemment pas lieu d’être.

Sauf, peut-être, que la dénomination en question est pour le moins partiale.

Appeler ainsi un Etat qui s’occupe des siens, une démocratie tiens par exemple, c’est lui faire un bien mauvais procès d’intention.

L’Etat n’a pas pour tâche de nourrir les fainéants qui comptent sur la Providence et non sur le travail commun.

La démocratie, puisque démocratie il y a, c’est le gouvernement du peuple pour le peuple non ? Ou alors, il nous faut retourner chez l’orthophoniste ?

Et si vous voulez qu’un gouvernement du peuple pour le peuple, ne s’occupe pas du peuple, il va vous falloir bien nous préparer l’explication.

Ou, peut-être, faire vos valises pour aller porter ailleurs votre bonne parole et vos riches idées.

Car l’on ne voit pas comment un état qui dit veiller au bien-être du peuple, de tout le peuple, se mettrait à faire autre chose alors qu’il a reçu le pouvoir dans ce but.

Sauf, évidemment, à confisquer ce même pouvoir pour n’en faire bénéficier que le monarque et ses conseillers chargés de l’aider dans une tâche tellement énorme, paraît-il, qu’il devient impossible de réaliser les promesses qui ont servi, pourtant, à leur donner ce pouvoir-là.

Ce qui vient de se passer remet en selle l’utilité de la mission, non de l’Etat-Providence, mais simplement de l’Etat.

Tout simplement parce que l’Etat, en l’occurrence ici l’idée même de la démocratie, implique une re-distribution des avantages matériels au nom de principes fondateurs qui ont pour nom, Egalité, Fraternité, Liberté, tout de même…

Aux Etats-Unis comme en France ou ailleurs.

Alors que l’ultralibéralisme, lui, ne concède aux hommes que les droits qu’ils sont capables de se donner à eux-mêmes.

A coup de savoir-faire peut-être mais surtout, sans morale commune, sans morale tout court, à force de manœuvres du genre tous les coups sont permis.

La loi de la jungle ?

On y est.

Les discours humanitaires, séances de promotion télévisée et autres simagrées, ne masqueront plus très longtemps la brutalité des actes.

On peut tromper tout le monde un certain temps.

Ou un peu de monde très longtemps.

Mais l’on ne peut pas tromper tout le monde tout le temps.

 

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