Difficile équilibre que celui que vont avoir à trouver, et à conserver, les Allemands.
Entre non seulement les 222 élus du SPD et les 226 des CDU-CSU mais aussi en comptant avec les trois autres partis (gauche, verts, FDP) qui totalisent tout de même 166 représentants qui donneront leurs voix à ceux qui les leur demanderont de la plus gentille manière…la tâche va être d’un délicat…
D’autant que le désaveu, la perte de confiance en fait, à l’égard des politiques de gauche et de droite, a conduit les ultralibéraux à en rabattre de leur volonté de démolir le système social allemand et les sociaux démocrates à se dire que, malgré leurs tailles sévères dans ce même système, ils n’ont pas perdu tous leurs partisans…sans pour autant que ces derniers leur fassent entièrement confiance…
Au travers de cet exemple majeur, eu égard à l’importance historique et économique de l’Allemagne réunifiée, il est désormais évident que la question qui prévaut et va prévaloir longtemps encore en centre-europe est bien celle qui consiste à savoir si le partage équitable des fruits économiques, sera encore bon ou pas pour l’économie, comme l’Allemagne elle-même nous l’a pourtant prouvé jusque là.
Et ce qui a été bon pour l’Allemagne a été, plus ou moins bien appliqué, bon pour l’Europe. Sauf qu’Outre Rhin les partenaires sociaux se sont toujours bien entendus, ce qui n’a pas été le cas dans des pays plus conflictuels tels que le nôtre.
Dommage, encore que s’il a permis l’émergence d’une classe moyenne relativement prospère, le dialogue social assez exemplaire qui a dominé les cinquante dernières années l’Europe occidentale, n’a servi en fait qu’à masquer le lent travail de récupération du pouvoir et des profits, accompli depuis la fin de la dernière guerre par le capital, un temps mis à mal par les mouvements ouvriers.
Après les années de crise 1929-1936, la guerre de 39-45 qui, le hasard faisant décidément bien les choses, a redonné vigueur à Wall Street, a vigoureusement remis l’argent en selle, le travail étant progressivement relégué au rang d’énergie animale, voire mécanique, et été considéré comme un simple moyen, l’amélioration de la condition humaine qui en est le but, disparaissant totalement du paysage social.
DARWINISME ECONOMIQUE
Cette notion est, d’ailleurs, elle aussi, appelée à disparaître, la vie sur Terre ne devant plus être bientôt que gouvernée suivant les strictes règles du darwinisme économique pur et dur, dans le cadre duquel les forts seuls auront le droit d’exister, les plus faibles ne jouissant de cette possibilité que le temps de ‘’prospérer’’ assez pour pouvoir servir de nourriture à leurs prédateurs et maîtres.
On le voit de mieux en mieux et de jour en jour, et les combats d’apparence politique entre le capital et le travail, ne sont en fait que des épiphénomènes émaillant la sempiternelle lutte pour le pouvoir que se livrent dominants et dominés.
Laquelle lutte n’est qu’un sous-produit de celle opposant, nous l’avons dit il y a quelques temps (1), la politique - en fait l’économie – et la religion.
Il est, d’ailleurs, fort intéressant, au fur et à mesure de la marche des évènements, de voir combien l’opposition du religieux et du politique devient, depuis quelques années, celle de la religion et du vrai pouvoir, celui de l’argent.
On en veut pour preuve un détail aussi verbal que révélateur, donné avant-hier par l’abbé Pierre au cours d’une interview.
Pressenti pour commenter la misère mondiale mais, aussi, française, il a dit, quasiment en ces termes : ‘’Il faudra voter pour ceux qui savent partager.’’
Fichtre, le vilain bolchevik !
‘’Mon curé chez les riches’’ devenu réalité?
Le monde politique, l’abbé, il connaît puisqu’il a été député.
Par conséquent, il ne sait que trop qui commande.
Comme on dit en Provence : ‘’Qui paie commande’’.
C’est simple non ?
Autrement dit, ce qui se passe en Allemagne n’est que le reflet de ce qui se passe ailleurs, avec plus ou moins d’éclat.
Riches vs pauvres, dominants vs dominés, capital vs travailleurs : rien de nouveau sous le soleil disait le roi Salomon, fort de son expérience de l’argent, qu’il ne savait où mettre, et de ses 300 femmes et 700 concubines qu’il pouvait loger mais dont il ne savait que faire…bon, passons...
Pour ce qui nous concerne on se demande s’il y aura encore assez de villages gaulois pour résister bien longtemps à ces fondus de Romains.
On en doute.
Tiens ! Encore une !
Mme Laurence Parisot nous a dit, une fois encore, que le SMIC était une institution d’un autre âge.
Pour une fois, elle a tout à fait raison.
Et plus même qu’elle ne le croit.
Exemple : essayez de vivre en couple avec un SMIC, vous m’en direz des nouvelles.
Quoi on fait une fixation?
Essayez on vous dit !
Vous vous rendrez vite compte que cette madame a raison.
L’actuel SMIC est carrément invivable ! Médiéval comme elle dit !
Il faut moderniser tout ça.
Et adapter le SMIC à notre mode de vie, et de prix, de façon à faire redémarrer la croissance, dont ont bien besoin les amis de Madame Parisot.
De toutes manières, il n’y a pas d’autres moyens.
Car si l’on attend que tous les travailleurs immigrés qui travaillent pour des nèfles, s’abstiennent d’expédier la majeure partie de leurs maigres salaires dans leurs pays d’origine, on risque d’attendre longtemps les…0,5% de croissance du PIB.
Et sans croissance, pas même de SMIC
Hélas, sans SMIC suffisant…pas de croissance.
Bouhhh ! Que c’est fatiguant le monde des affaires !
Et le monde politique donc…
(1)Voir notre numéro du 15/07/05