Ici nous ne croyons pas aux coïncidences.

Aussi, lorsque la liste noire des compagnies aériennes a été publiée, nous n’avons pas été étonnés de voir que le rapport de la catastrophe de Charm el Sheik était, enfin, rendu public …trois ans après.

Comme si, pour montrer que la compagnie en question méritait bien de ne pas figurer dans ladite, les très hautes autorités compétentes de là-bas, montraient, preuves à l’appui (leurs preuves en tous cas) que les pilotes locaux sont sans peur et surtout sans reproches.

Et que les clients n’ont pas à voler sur d’autres compagnies puisque l’accident est dû à des causes mécaniques. Au hasard comme qui dirait…

Donc, on a conclu. Un peu tard certes mais vous savez avec ces techniques de pointe…

Bien sûr, il faut du temps pour chercher, trouver, étudier, comprendre en un mot. Puis, déduire.

Mais, c’est là ou ça se corse.

Because les impératifs techniques doivent céder le pas à d’autres obligations nettement plus opportunistes, politiques et financières disons le mot.

Certes, on n’ira pas, ou rarement, jusqu’à mettre en doute voire montrer du doigt des défauts de conception genre porte de soute bricolée ou réacteur qui tourne de traviole. La maison Boeing n’aurait pas apprécié.

D’autant, qu’avec ses copains constructeurs, elle sait, tout de même, ce qu’il en coûte à un fabricant lorsqu’il s’oppose à une compagnie d’assurance obligée de raquer…principalement lorsque les victimes d’un crash sont des électeurs américains.

COMBIEN COUTE UN EUROPEEN ?

Tiens, au fait, vous saviez vous que la vie d’un citoyen américain valait entre 10 et 100 fois plus cher que celle d’un vulgaire humain d’une autre nationalité ?

D’après nos intelligentes gazettes, la vie d’un ricain coûte au bas mot 15 millions de dollars, alors que celle d’un européen ordinaire ne vaut que trois à quatre fois moins. Pour faire simple, se référer aux indemnisations consenties aux familles des morts de Lockerbie d’une part et du DC10 que vous savez de l’autre. Sans parler bien sûr toutes les catas aériennes russes, chinoises ou indiennes à la portée, elles, de toutes les bourses évidemment.

Encore heureux, d’ailleurs, les parents chinois, que les frais d’obsèques de leurs écrabouillés et calcinés ne soient pas à leur charge…

Fermons la parenthèse.

Cela dit, côté Egypte, le valeureux général aux commandes de l’avion englouti, était , il est vrai, décoré comme un arbre de Noël, mais parures et clinquants ne sont pas très commodes pour permettre à un bon commandant de bord de piloter à l’aise dans un cockpit plutôt étroit..

Quant à son co-pilote, jeunot frais émoulu et immensément respectueux du prestige et de la hiérarchie, il n’était pas non plus très à l’aise pour prendre le manche vu que l’échine obséquieusement courbée et le petit doigt sur la couture du pantalon ne sont pas non plus très recommandée pour driver un 150 tonnes en voltige.

Result ?

Le glorieux combattant de la guerre du kippour et le malheureux apprenti ont défuncté avec leur chargement d’aussi malheureux qu’eux, voire plus malheureux encore vu qu’on balade leurs familles, depuis des années, en leur racontant n’importe quoi pour ne pas payer.

Du moins pour payer le moins cher et le plus tard possible en gardant l’ honneur national sain et sauf.

CONSIDERABLE RESPECT

Car, souvenez-vous de l’avatar du Clém, l’honneur, c’est comme chez nous : SA-CRé !.

Au nom du respect des lois internationales en matière d’environnement et du fameux honneur national, les autorités locales avaient refusé le passage par le canal de Suez, du ‘’déchet’’ (1) métallique…Au nom de l’honneur national, l’argument massue était : non mais alors, pour qui vous nous prenez ?

Jusqu’au moment où, toute réflexion faite, et surtout tous comptes faits, il avait suffi d’une taxe supplémentaire bien chargée pour venir à bout d’un honneur décidément assez dérangeant mais pourtant bien commode.

Pourquoi ce parallèle hors de propos (que vous dites) ?

Ben tout simplement Fernand.

Que l’honneur national égyptien ne peut admettre qu’un glorieux général ait défailli au point, l’âge peut-être aidant, de subir une délocalisation spatiale qui lui a fait confondre virage à droite avec virage à gauche. Au décollage, et pendant plusieurs minutes, ça ne pardonne pas.

Tout ça veut dire aussi que le considérable respect et la jeunesse émouvante du gamin assis à la droite de son chef, lui avaient interdit de prendre le manche en constatant le naufrage imminent.

Un chef ne peut pas se tromper.

N’oublions pas, enfin, que si les fautes des pilotes sont bien avérées, l’assurance va dire niet à toute indemnisation et se retourner vers la compagnie, c’est-à-dire vers l’état Egyptien…

Ouille !

Honneur, argent, responsabilités, respect, honnêteté, impératifs politiques, bouououhh…ces ingrédients sont bien difficiles allez, à mélanger très harmonieusement.

On ne voudrait pas désespérer un peu plus les familles mais ils ont pas mal de souci à se faire.

Selon vous, au cours du marché actuel, salement soumis en la circonstance, aux influences politico-économiques franco-égypto-américaines, combien vaut la vie d’un européen ordinaire ?

Pas grand-chose ?

On vous le dit depuis des lustres : tout le monde devrait demander la nationalité américaine.

C’est, aujourd’hui, la seule façon de voler en paix.

Voler ?

Voler quoi ?

Et pas de jeu de mot aussi facile qu’inconvenant siouplaît.

(1) Avoir honte de l’ancien ‘’fleuron de la Marine Nationale’’, -comme disaient les medias extatiques-, au point de l’appeler déchet, suffit, à nos yeux, à qualifier les…qualificateurs.