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Journalisme: élection, piège à quoi?

Et voilà !

Primo : préparez vous, ça va être bigrement long ce coup-ci, il y en a au moins trois mille pages...Si c’est trop long vous avez télé12346…

Deusio : la profession de journaliste est à la croisée des chemins.

Ou presque. Et même presque presque.

Car, en effet, à la croisée, elle s’y trouve tous les jours et aux quatre coins de la sphérique planète.

Et ce, par la grâce de la conscience des journalistes.

Du moins de ceux qui en ont une.

Et il y en a encore.

Heureusement.

Mais pour combien de temps ?

Y A LE FEU A LA PROFESSION

Cette année, nous allons voter une fois de plus, pour savoir qui va nous représenter (A) à la commission de la carte professionnelle.

Chacun devra y aller de son bulletin, à envoyer ou à remettre sans faute, avant le 17 mai, au 221 de la rue La Fayette, dans le 10°. Métro Jaurès ou Louis Blanc.

Et après ?

Eh bien il y en aura d’autres d’élections.

Espérons juste, sans y croire vraiment, que les représentants à la Commission ne seront pas totalement phagocytés par le système.

Cela signifierait que la si belle profession de journaliste (d’accord, d’accord, on divague mais on veut y croire encore) aura vécu.

Explication.

Tous les bulletins d’information des syndicats qui figurent dans le matériel de vote, en clair qui font la retape pour s’attirer le client, n’échappent pas à la règle.

CFDT, CFE-CGC, FO, CFTC, SNJ, SNJ-CGT, tout le monde promet et décide de défendre la profession, titulariser les intermittents, Cressards et autres CDD, et, surtout, surtout, défendre le droit imprescriptible de dire la vérité.

Il faut dire, pour moduler cet amour soudain pour la Vérité, que tous, représentants et syndiqués de base, sentent le vent de l’Histoire leur souffler dans les bronches.

Avec une force qui les fait tousser.

Concentrations, rachats, faillites, monopoles d’avant guerre reconstitués sous d’autres bannières ou sous les mêmes, bref ce n’est pas le glas qui sonne, mais le tocsin et ‘’Au feu les pompiers.’’

Il y a le feu et ça commence à sentir le roussi dans toutes les rédactions.

Y compris dans celles dont la conscience a été ignifugée, aseptisée et élastifiée depuis belle lurette.

Certes, la tactique des patrons de presse a évolué au fil du temps.

Du mien de temps, pour la faire fermer eux meutes de rouspéteurs mais surtout aux responsables syndicaux (dans mon canard CGC, CFDT, CGT, FO et SNJ), nos patrons les nommaient tous chefs de service les uns après les autres, y compris quand ils changeaient.

Ce qui a donné le jour au jeu des chaises musicales pour tous les petits chefs de syndicats qui voulaient avoir de l’avancement.

J’ai eu à ce propos, des prises de bec mémorables avec mes dignes représentants SNJ.

Je réclamais une déontologie locale, selon laquelle ne pourraient plus être représentants syndicaux que des journalistes de base, ceux qui avaient quelque chose à défendre…

Que n’avais-je pas dit là ?

En haut, ça a couiné de partout. On ne peut exclure quiconque, égalité pour tous, sur au ségrégationnisme, à la police de la pensée…

Même le PDG et, surtout le rédac-chef qui se cramponnait ferme à son fauteuil, ont fait chorus en faveur des petits chefs des deux côtés, syndicat et entreprise.

Raison majeure invoquée : c’était ‘’plus simple’’…

Authentique !

Plus simple pour ‘’eux’’, évidemment.

LES TEMPS ET LE TON CHANGENT

Depuis ces douceurs un peu exigeantes des petits chefs syndicaux, et les journalistes n’étant pas encore assez souples à leur égard, les barons de la politique et de l’industrie jugent plus commode et définitif de mettre un collier à tous ce qui écrit, ou parle, afin de mener le monde, et leur fortune personnelle, vers des lendemain dorés sur tranche.

Tout à fait dans l’esprit des ordonnances et du 49-3 : la presse devra, désormais et officiellement, être aux ordres.

Certes, jusqu’à présent, elle l’était aussi.

Officieusement.

Avec des apparences qui étaient sauves.

Mais désormais, fini de rire.

Ce qui fait que les journalistes s’inquiètent ferme.

Pas tous bien entendu.

Mais, de manière diffuse, ici et là, quelque part, petit à petit.

Plus ça descend dans l’échelle des salaires, plus ça tremblote.

Les 2.000/3.000 euros mensuels ne se font pas vraiment de mouron. Conscience rigoureuse et scrupuleuse honnêteté ont du mal, hélas, à prospérer dans les jeunes têtes aujourd’hui.

Et puis les plus juvéniles ne voient pas bien venir les coups, ou s’imaginent s’en tirer chacun à sa manière.

Et au-delà des 10.000 à 50.000 euros ?

Pas de problème.

On navigue dans des sphères où les carnets d’adresses remplacent avantageusement les fichiers de l’ANPE.

Par contre, entre 4.000 et 8.000 mensuels, ça craint un peu plus.

Mais pas trop, en somme.

On trouve dans cette catégorie, pas mal de quinqua qui n’ont pas beaucoup de réserves, ni d’amis bien placés mais, dont l’avenir de la profession n’est pas LE problème existentiel majeur.

Et qui calculent déjà leurs prochaines indemnités de licenciement pour clause de conscience (1).

Mais, si les mesures drastiques qui s’annoncent, que va dire le grand public qui nous honore encore de sa confiance mes aïeux ?

On va perdre la figure en plus ?

RECONFORTER LES AFFLIGES

Au fait !

Vous avez dit clause de quoi ? De conscience ?

Justement on allait en parler.

Vous vous souvenez de ce que disait le confrère yankee cité par Serge Halimi et dont nous vous avions parlé je ne sais plus quand (2) ?

‘’Nous devions réconforter les affligés et affliger ceux qui vivent dans le confort. Nous avons failli à notre mission.’’

Vous vous souvenez ?

Bien.

Ce qui signifie ?

Eh bien que comme nous le disions donc à l’occasion du dernier avatar de France Soir, si les collègues du canard en question avaient un peu mieux fait leur boulot…

S’ils s’étaient souvenus qu’un journaliste entre dans la carrière en se disant qu’il va tout faire pour changer le monde…sans que le monde le change lui et les grands principes de chevalier blanc qu’il a encore parce qu’il a 20 ans…

S’ils avaient tous et tout fait pour çà…

S’ils avaient compris, même si entre nous ils le savent, qu’ils sont la voix de ceux qui n’en ont pas…

Et qu’il leur faut parler plus des malheurs des infortunés que des fortunes des nantis…

Du peuple et pas des people…

On ne veut pas démolir la profession, mais juste rappeler un peu aux confrères qu’ils n’en seraient pas là s’ils s’étaient battus un peu plus, voire autant, pour rechercher et dire la vérité, que pour garder leur fauteuil et monter dans l’échelle des salaires.

S’ils avaient contribué à affermir leurs syndicats et à veiller à limiter les appétits de leurs représentants.

S’ils avaient fait le ménage chez eux en rappelant aux journalistes les devoirs qu’ils ont à l’égard, en premier lieu, de leurs…lecteurs…

Car cela aussi a largement contribué, et continue à contribuer à la décrédibilisation et à la dégringolade, lente mais sûre, de la PQR et de la presse en général, parlée, visuelle ou écrite.

Et ce quoi qu’en disent les ‘’chiffres’’ officiels.

A qui l’on fait dire ce que l’on veut.

Ne serait-ce que pour légitimer les tarifs publicitaires qui préfèrent les confortables audiences …

Dans la profession, tous le savent : il est plus difficile de gagner un lecteur que d’en perdre vingt.

D’autant qu’un lecteur déçu vote silencieusement. Avec ses pieds...

Idem pour un électeur qui l’est tout autant. Déçu…

Et ces temps-ci, il y en a pas mal.

L’HEURE DU CHOIX

La profession crie à l’aide ?

Que ne s’est-elle crédibilisée, aidée elle-même, depuis la fin de la dernière guerre ?

La mondialisation signifie la crise et la crise divise le monde en riches et pauvres.

Voulant se situer, ou se croyant, à l’abri des riches, les journalistes vont apprendre qu’il leur sera effectivement possible de rester dans leur camp.

A condition, cette fois, d’obéir sans discuter.

Ce qu’ils font certes déjà mais mezzo voce.

Faire le bon choix aujourd’hui…difficile.

Choisir de monter dans le wagon des privilégiés ou rester sur le quai avec les pouilleux ?

On ne croit guère au sauvetage du petit peuple par une levée de boucliers de journalistes soudain conscients de leur responsabilité morale à l’égard des petits.

Déjà sans beaucoup de voix mais bientôt totalement muette, la plèbe est condamnée.

Et les journalistes, du moins ceux qui auront fait le ‘’bon choix’’, sauvés…tant qu’ils accepteront de plier l’échine.

Dans les temps passés, pour attirer ou détourner l’attention du bon peuple, il existait deux manières.

Celle des bateleurs, des comiques troupiers de l’époque, chargés de divertir les foules en leur racontant des fadaises et en les occupant avec des farces de pétomanes.

Et puis, il y avait les pamphlétaires.

Qui, à coups de billets vengeurs, brocardaient les grands en soulignant vertement leurs turpitudes et leurs méfaits.

Il reste de nos jours, beaucoup trop d’histrions et bien peu de pamphlétaires.

Si les journalistes veulent survivre, il leur faut choisir.

La vérité ou la sécurité.

Le pain sec ou le confit d’oie me souffle notre gastronome maison.

C’est un peu çà.

ENTRE CHIEN ET LOUP

Vous souvenez aussi ?

Dis moi qui tu hantes (tu fréquentes) je te dirai qui tu es.

Qui fréquente les grands de ce monde ?

Et appuie leurs exigences ?

Et qui fréquente le petit peuple ?

Et prend sa défense ?

Tiens ça me rappelle la fable de La Fontaine, du chien et du loup.

Le chien vantait au loup sa gamelle bien pleine et sa niche douillette, en soulignant à son interlocuteur que la vie, certes libre mais sauvage, le condamnait au froid et à la faim.

‘’C’est vrai, répondit ce dernier, mais je n’ai pas envie de coucher dans une niche quand je regarde ton cou. Si tu n’y a plus de poils, c’est à cause du collier que tu portes depuis si longtemps.’’

Que préfère un journaliste à votre avis ?

La vie sauvage ou la niche ? 

Et le collier ? Quelle longueur de laisse ?

Que dire à ceux qui pensent que les élections prochaines vont changer quelque chose ?

Qu’il nous paraît évident qu’elles ne sont qu’un piège.

Un faux semblant.

La vie de la profession ne va pas dépendre de ce seul scrutin.

Mais de l’attitude à venir permanente de ceux qui prétendre être nos nouveaux guides alors que la majorité d’entre eux ne sont que les nouveaux chiens de garde (3) du capital et de la mondialisation.

Il serait rassurant pour beaucoup de voir leurs représentants élus.

Qu’est-ce qui changera vraiment ?

Tous ceux qui ont été élus avant la crise qui s’annonce, sont présents.

Or, dans la façon d’être et d’agir des journalistes actuels, rien ne change.

LES JOURNALISTES ET LEUR BOUC EMISSAIRE

Une anecdote pour finir ?

Vous savez quelle attitude les journalistes, je dis bien, TOUS les journalistes, de France bien sûr, observent à l’égard des…Témoins de Jéhovah ?

Encore ceux-là ?

Ben oui encore eux. Simplement parce que notre expérience quarantenaire nous permet et de dire et de prouver qu’ils sont bien l’archétype des boucs émissaires d’un système qui a grand besoin de monstruosités à inventer pour faire croire à sa propre vertu.

TOUS les journaux, TOUS les journalistes de France, ont calomnié, inventé, calomnient encore et toujours, sous-entendent, insinuent, à partir de…rien du tout.

La preuve.

Ces malheureux existent en France depuis plus d’un siècle et, d’un seul coup d’un seul, à la naissance de l’ADEFI et du rapport des RG, ça y est !

Les Témoins deviennent des assassins, des prévaricateurs, des bourreaux d’enfants, des hypocrites, des doucereux sanguinaires, voire des pédophiles !

Et en avant les medias !

Qui montent à la Une chaque pas de travers qu’ils peuvent leur attribuer et dont ils font leurs choux gras.

En oubliant, toujours en Une, de rappeler, avec insistance, la religion, catholique, protestante, juive ou musulmane des assassins, violeurs, pédophiles et autres escrocs que notre société compte par centaines de milliers.

Curieux non ?

En outre, bien qu’existant, tranquillement, depuis un siècle, les diverses et multiples associations qui les regroupent n’ont jamais été interdites.

Encore plus curieux.

Pourtant, toute bonne démocratie devrait se défendre avec la plus grande vigueur, en interdisant, en emprisonnant, voire en éliminant ces monstrueux dangers publics, du moins présentés comme tels par l’unanimité des medias sur la foi de rapports parlementaires et policiers.

Pourquoi ne le fait-elle pas ?

Mais pourquoi alors, se contente-t-elle d’insulter, d’insinuer, de calomnier par medias interposés, sur la base de preuves toutes aussi foireuses les unes que les autres et d’incidents quelquefois réels mais superbement montés en épingle ?

Bizarre non ?

CRETINS LES ANGLAIS ?

D’autant qu’en Italie, ils sont reconnus comme association caritative de même qu’en Angleterre où, en plus, ils sont subventionnés par l’Etat.

Re-bizarre non ?,

On est bien d’accord. La presse de caniveau britannique ne fait pas honneur à la profession. Pour le moins.

Toutefois, il n’y a pas, là-bas, que des crétins.

Ne parlons pas des USA où, si l’on n’a pas inventé la poudre mais drôlement perfectionné l’art de s’en servir, les enquêtes financières et/ou de moralité sont autrement plus pointilleuses que dans l’Hexagone.

Ils y sont une religion comme tant d’autres. Et jamais suspecte de quoi que ce soit, après y avoir été amplement persécutée.

Alors ?

Pourquoi nous défendons ces gens-là ?

Nous n’en sommes pas les représentants, tant s’en faut. Mais ils nous paraissent bien être l’exemple parfait d’une société qui part en vrille, au plan moral en premier lieu, et qui veut trouver des responsables commodes de tous les malaises ambiants.

Comme cela s’est passé dans l’Allemagne nazie, où ils ont étrenné les camps, en Russie, où ils les ont testés plus souvent qu’à leur tour, et dans tous les pays où les religions dominantes vautrées dans leurs magouilles, se sentaient gênées aux entournures par des zèbres qui avaient le culot de leur donner des leçons de morale.

Non seulement la Russie mais également la Georgie, le Malawi, le Canada et les Etats-Unis dans les années 20 à 60, les dictatures sud-américaines genre Cuba, jusqu’à ces derniers temps, voire Singapour, dictature économique vouée aux cultes divers des ancêtres chinois.

Champions du monde des persécutions qu’ils sont.

Qui a parlé de tout ça ?

Qui a cherché la vérité et l’a dite ?

Alors, la défense de la Vérité par les journalistes et leurs syndicats ?

Permettez moi de rigoler.

Un peu tard pour s’en préoccuper.

Trop tard.

Au fait, et à ce propos, vous pensez vous que le monde dans lequel nous vivons se plaît à persécuter en priorité les menteurs, les magouilleurs, les véreux, les exploiteurs, les hypocrites, les guignols divers, les voleurs, les gangsters et les dangers publics, jusqu’à les faire disparaître de la surface de la planète ?

Et que ce même monde donne en exemple et privilégie les gens honnêtes, monogames, hétéros convaincus, fidèles en couples, et qui réprouvent l’adultère, le vol, le mensonge, le matérialisme, la drogue, le tabac et l’alcoolisme?

Réfléchissez et donnez-nous la réponse.

On fera suivre.

Et fidèles à notre proverbiale élégance, nous n’insisterons pas sur les dérives crapoteuses de la Grande Presse (quelle taille ?), dans les multiples affaires Outreau, Grégory et autres Bérégovoy

Bon.

Je me calme.

Je vais manger mes navets, mes carottes et ma salade.

Pour ne pas se brouiller la cervelle, un bon journaliste doit veiller à ne pas se surcharger l’estomac.

Je vous rassure. Ce n’est pas un principe sectaire.

L’Académie de Médecine qui veille très religieusement (Mais ce n’est évidemment pas une secte) sur notre santé, m’a dit qu’il fallait manger cinq fruits et/ou légumes tous les jours.

J’exécute.

 

(A)Il n’y aura même pas de retraités représentés, eux dont la retraite ne bouge pas alors que le coût de la vie…pas de vagues par trop sociales en ces temps de dette à bientôt mille milliards…

(1)Un mois brut par année de présence. Faites le compte. Pour 25 ans de boîte entre 3.000 et 5.000 euros, multipliés par 25 voire 30 ou plus, ça fait pas mal non ?

(2) Ecoutez, si vous êtes un fidèle, ce dont nous vous félicitons et dont vous ne pouvez que vous féliciter, cherchez donc dans les archives.

(3) Titre du bouquin de Serge Halimi que nous vous recommandons. Aux éditions Liber Raisons d’agir. 4,60 euros. Trois francs six sous quoi…

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