Tchernobyl, vingtième anniversaire.
Des centaines, des milliers, des dizaines de milliers de morts… ?
Des centaines de milliers peut-être, dans l’avenir en tous cas, consécutifs à l’atomique feu d’artifices ?
On ne sait pas exactement.
Ou l’on ne veut pas savoir.
-Qui c’est on ?
-Ben tous ceux qui se sentent, se savent plutôt morveux quelque part, et qui n’ont qu’une envie, que tout le monde oublie et que les morts en sursis se dépêchent de l’être pour tout de bon.
-Comment faire alors?
-Simple ! Comme moi quand, en ronchonnant, je balayais ma chambre d’ado: la poussière et les cochonneries diverses, tout ce qui gêne,…sous le tapis.
-Pas bête c’est vrai !
-Exemple : l’on n’a toujours pas entendu les explications et les éventuels pardons (sans rire) des responsables politiques aux plus hauts niveaux qui nous avaient assuré que le nuage s’était arrêté juste à la frontière, franco allemande, respectant ainsi les dispositions de l’espace Schengen nouvellement créé (85).
On aura la délicatesse de taire les noms des duettistes, élus du peuple, qui avaient ravi les yeux et les oreilles du petit peuple tout heureux du numéro de guignols qui l’avait tant rassuré.
De toutes manières, tout le monde les connaît. Il suffit de se replonger dans votre Quid favori en cherchant qui protégeait notre heureux pays à l’époque.
LA BONNE SOUSOUPE BIEN CHAUDE
Et les dégâts directs et indirects, à court, moyen et long terme ?
Et les dommages et intérêts, simplement en vertu de la simple loi de bon sens et humaine ‘’destructeur-payeur’’ ?
Sous le tapis on vous dit !
Et les bénéfices passés et prochains des principaux profiteurs de la filière nucléaire qui passe par Areva, Westinghouse (surtout) et AtomStroyExport (re-surtout) un tantinet, tout de même, responsables directs ou indirects des mauvais fonctionnements?
Sous le tapis eux aussi ?
-Eh, oh ! Pas exagérer tout de même !
Pas sous le tapis tout ça ! Les bénéfices font partie intégrante du PIB mondial.
Et l’économie planétaire alors ?
Et la croissance ?
Et l’american way of life?
Et le bien-être du petit peuple qui ne demande qu’à s’éclairer, se chauffer, manger sa bonne sousoupe bien chaude, son café brûlant, sa bière bien fraîche et son bic mac bien cuit hein?
Et les Droits de l’Homme qui en découlent alors ? Ils passent nécessairement par l’énergie nucléaire.
Il suffit de lire l’article du New York Times US reproduit dans le dernier numéro de Courrier International, pour y voir que les américains ont oublié la grande trouille de Three Miles Island où les yankees avaient craint un moment la fonte totale d’un de leurs machins nucléaires qui se serait enfoncé jusqu’en Chine.
Le fameux syndrome chinois vous vous souvenez ?
Joué dans un film suivant avec en vedette Jane Fonda qui a, il est vrai depuis, passé la barrière qui sépare la contestation famélique de la réplétion obèse.
Qu’elle a, d’ailleurs, fort bien soignée avec ses cours de stretching sur des airs guillerets.
Les dollars et la minceur.
Le beurre et l’argent du beurre.
LA RICHESSE PROPRE
C’est, d’ailleurs, ce que nous promettent les nucléairophiles.
La croissance sans la pollution.
C’est-y pas beau ça madame ?
Finies les fumées nauséabondes.
Terminé les mauvaises odeurs.
A pu les poussières cancérigènes.
Le paradis promis avec le nucléaire partout.
La richesse enfin propre et pour tous !
D’ailleurs, tout le monde en demande.
Donc, les Américains, surtout des campagnes, où le chômage existe de façon tyrès gênante, et qui préfèrent bosser nucléaire que pas bosser du tout.
Et puis les Chinois qui ont une gigantesque soif de consommation. Certes, on comprend les plus pauvres d'entre eux, soit, environ, un petit milliard et 200 millions puisqu'on peut estimer à un gros cent millions ceux qui se vautrent dans la soie. Néanmoins, les foultitude des autres n'aura de cesse que lorsque...ben jamais en fait. puisque, comme chez nous, ils en voudront toujours plus.
Donc, hardi petit ! A fond le pied sur l'accélérateur nucléaire puisque cette énergie étant la plus ''propre'', pour le moment, et la ''moins chère'' (pour le moment aussi), on va pas se gêner. L'ennui est que la part du nucléaire est minime pour ce qui est de la consomation d'enérgie. En priorité, pour ce qui concerne les transports, privés évidemement, mais aussi collectifs. Alors, quand les Chinois s'arrêteront-ils de s'équiper en Tchernobyls possibles? Mao seul le sait.
-Peut-être mais, dites, et les déchets alors? Et la survie quasi éternelle des polluants radioactifs ? Et les deux à cinq mille milliards de dollars pour les démantèlements, dont personne ne sait exactement combien ils coûteront et s’ils seront possibles mais aucune importance puisque c’est nos arrière-petits enfants qui s’en chargeront ?
-Pffuitt ! Pas de problèmes ! Alors çà, oui, sous le tapis ! Vous n’allez pas vous mettre à évoquer des problèmes futurs alors que ce sont les présents qu’il faut résoudre non ?
-Ah bon ! Mais, dites, si ça pète avant ? Parce qu’avec quelque chose comme 600 à 700 centrales actuelles et à venir dans les cinq ans réparties sur toute la planète, avec, donc, des incidents statistiquement prévisibles vu la prolifération, et avec, la possibilité en cas de gros pépin genre Tchernobyl, de voir s’envoler à chaque fois l’équivalent de 200 à 400 pollutions de type Hiroshima, vous ne pensez pas que les risques sont grands ?
-Pfffuitt ! Croyez-vous qu’il soit réaliste de parler de dangers qui n’existent pas alors qu’il sera bien temps de s’en occuper lorsqu’ils seront là ?
-Alors sous le tapis tout ça aussi ?
-Rien à voir jeune homme ! Tout est affaire de choix : ou vous revenez à la lampe à huile, au chauffage au bois et à la marche à pied, ou c’est l’eau chaude et le gaz à tous les étages, la bagnole pour aller chercher vos clopes et la bouffe au Lidl de la zone industrielle, et la télé quatre heures par jour. Avouez, tout de même, qu’il n’y a guère à hésiter. D’ailleurs, un référendum vous le prouverait vite fait non ?
-C’est vrai que vu comme ça…Mais vous ne pensez pas que les medias ...les journalistes ...non… ? Ils ne vont pas se mettre à couiner ici et là ?
-Vous plaisantez ! Sans nucléaires, pas de courant, sans courant, pas de journaux, sans journaux pas de journalistes, donc pas d’informations, donc pas de commentaires si rassurants concernant la si agréable vie que nous procurent, que vous procurent, à vous aussi, la mondialisation et la richesse entrepreneuriale créatrices d’emplois donc de bien-être.
-Pffffouououhh ! Là j’avoue que vous m’en bouchez un coin. Je crois que je vais réfléchir. Mais dites, sous le tapis là, à force d’en mettre des trucs, où ça va aller tout ça… ?
-…..