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Baccalauréat: bonheur, vérité...et ta soeur?

Ainsi donc, des milliards, enfin presque, de lycéens studieux, je m’en foutistes, prudents, poètes, stakhanovistes, fantaisistes, désespérés, bref, de tous caractères, tempéraments et opinions, ont planché sur un sujet fastoche mais hautement glissant : le bonheur peut-il être miscible dans la vérité. Et lycée de Versailles.

Comme nous n’avons plus l’âge de disserter comme il y a de ça, disons un quasi millénaire, de manière à faire plaisir aux examinateurs, nous nous ferons un plaisir à nous cette fois, de le faire, comme nous n’en avions pas tellement l’audace, mais bougrement envie, à cette époque, c’est-à-dire, enfin, en toute liberté.

 

Grave question donc que nous nous sommes posée : les correcteurs de l’EN ont-ils permis aux futurs crânes d’oeuf de donner leur opinion personnellement personnelle alors qu’on demande, et l’on va demander de plus en plus aux étudiants, depuis la maternelle jusqu’au poste d’instit et de prof agrégé, de penser dans le sens du vent ?

Pour notre part, contentons-nous de disserter comme nous aurions aimé le faire à l’époque.

 

Pourquoi ce parti pris revanchard de notre part ?

Simplement parce que cinquante ans après le Bacc, on sait, désormais, comment la société, en fait les classes possédantes (vulgaire pléonasme) formate les possédés (ils sont loin de savoir combien ils le sont), en vue de leur faire produire toujours plus, évidemment, pour leur exclusif bénéfice.

Donc, le sujet qui vient d’être proposé (et pas imposé vu qu’ils en avaient tout de même, ô merveille libertaire, trois au choix) aux jeunes cervelles pas encore assez finaudes pour voir le piège, nous paraît dégouliner d’une perversion néolibérale on ne peut plus crasse.

Assaisonnée d’une moralité rigoriste de bas étage pour le moins, elle, à pleurer.

Ainsi du bonheur.

Simple non ?

Quelque chose après quoi 15 milliards d’esclaves humains ont couru après, et courent encore, sans le trouver, quémandant à leurs maîtres le soin de leur enseigner la manière de courir mais pas de gagner, eh bien cette notion là, sur laquelle des lignées de philosophes scrofuleux ont usé leurs lunettes, on vous demande à vous, à 18 ans tout juste, de dire ce qu’il signifie et comment l’atteindre.

La recette quoi…

Sauveur du monde pour tout dire.

Pour la vérité, c’est pire.

Voire mieux encore.

Des foultitudes d’humanoïdes se tapent dessus depuis des millénaires pour faire adopter ‘’leurs’’ définitions sans arriver à se mettre d’accord, et on questionne des perdreaux de l’année pour savoir ce qu’ils en pensent.

Original non ?

Certes, un des nôtres nous a susurré, ce que nous avions tout de même flairé dès l’abord.

Que vu les histoires genre Clearstream et lycées d’Ile de France, pas claires du tout ou bien trop claires, vu que les élites concernées sont passées à la moulinette médiatique, mais juste ce qu’il faut pour ne pas les déranger, vu la manière, justement, des medias de pousser le bouchon pour mettre en appétit et faire monter l’audience mais surtout pas pour rassasier les convives, vu, enfin, toutes ces magouilles bien friquées, nos penseurs et moralisateurs de l’Education Nationale se sont donc permises de donner une leçon à ce qu’on appelle administrativement, leurs autorités de tutelle.

Voyez vous ça !

En montant, ce qui est gravissime, les jeunes futures élites, contre leurs futurs patrons dont, désormais, il importe de douter de la franchise et de l’Honneur (saluez).

Rigolo cette leçon de morale un rien subreptice. Les grands chefs de l’EN rejouent les hussards de la République. Le rêve…

Alors que, dans le même temps, ils acceptent sans barguigner, voire suscitent des diminutions d’effectifs.

Ce qui, les parents des ‘’djeuns’’ ne risquant guère de se bonifier avec le temps, nous prépare pas mal de banlieues qui flambent.

Vous vous souvenez ? Fermer une école c’est ouvrir une prison.

Leçon de morale pour le moins perverse : les maîtres à penser aux mains sales, vous apprenant à laver les vôtres.

Les concocteurs de programmes mal foutus de formation des maîtres à la godille, poussant malignement les benêts sortis de l’œuf à remettre en cause le Système.

Les pyromanes incitant les futurs pompiers à éteindre les incendies…

Si ce n’est pas pervers, qu’est-ce que c’est.

Au fait…

On n’a pas entendu les chroniqueurs universitaires, moralisateurs eux aussi, des radios qui nous formatent jour et nuit, donner leur avis sur cette opération de dégommage du système par ceux-là même qui le maintiennent en place.

SONDAGE NEOCONSERVATEUR

Mais, pervers comme nous-mêmes le sommes, nous avons vu autre chose dans cette épreuve soi disent sainement éducative.

Ce machin nous paraît ressembler à un petit méga sondage qui n’ose pas dire son nom mais qui tombe à pic.

Suivez le guide.

Les furieux ultralibéraux anglo-saxons en général et néocons amerlos en particulier, ne cessent de nous rebattre les oreilles, depuis surtout la dégringolade du mur de Berlin, (1) que les Européens en général mais surtout les Français en particulier, s’imaginent, ces sales prolos à casquette trente-sixards (2) qu’il est possible de vivre heureux en ignorant la vérité…économique.

Vous avez pigé ?

Parce que la vérité économique, vu la place médiatique qu’elle occupe aujourd’hui on n’en saurait parler d’une autre de nos jours, gouverne et gouvernera seule nos vies, présentement, et dans les années à venir, c’est-à-dire éternellement si vous voyez ce qu’on veut dire.

Et interdit à tout ringard, réac, retardataire et autre pépé moralisateur de piper mot sous peine de se voir expédié illico dans un mouroir démagogiquement correct.

Si vous comprenez bien, cette grande question universitaire signifiera, évidemment, que si vous voulez le bonheur, braves gens, eh bien il vous faudra vous plier aux lois du si chrétien oncle Sam et de tous ses copains. Lesquels vous apprendront si vous ne le savez pas encore, que les pauvres doivent être de plus en plus pauvres afin que les riches soient de plus en plus riches.(3)

Le bonheur là-dedans ?

Comme, de nos jours, il signifie bagnoles, maisons, barcasses à 100 briques (d’euros), châteaux, piscines, louchées de caviar, actions en stocks, p’tites pépées, et soirées de gala tous les jours, le prolo à casquette que vous êtes en est à des années lumière.

C’est encore loin le bonheur ? Tais toi, rame.

Faut qu’il se fasse une raison : le bonheur, c’est travailler, et si possible sans se reposer vu qu’avec le chômage, mieux vaut ne pas partir trop longtemps en vacances sous peine de retrouver sa place occupée au retour.

Et s’il le veut vraiment, il apprendra que la vérité, la dure réalité économique, s’accommode fort bien d’une horreur ancienne qui n’a plus cours que dans quelques vocabulaires syndicaux, nous avons nommé, le MEN-SONGE.

Désormais, personne n’utilisera ce mot puisqu’il n’existera plus qu’une chose qui vaille : la Vé-RI-Té.

Eh oui.

Mentir à ses employés, à ses actionnaires, au peuple, à sa femme et à ses gosses, à ses voisins, à la Sécu, aux journalistes, au percepteur, à soi même aussi, n’est plus un défaut mais une nécessité vitale.

Le mensonge EST la Vérité.

Imaginez un peu si tous les humains se mettaient à se dire la vérité modèle 1870, voire, an 90 de notre ère ? Ce serait la guerre non ?

‘’Mais C’EST la guerre !’’ dirons les simplets (4)

La guerre larvée, perverse, dissimulée, avec ses coups bas, ses abus, sa violence, ses assassinats et pas seulement des idées, des humains aussi…

Nous vivons un temps de PAIX ?

Certes, par rapport à ce qui se passait à Verdun ou Varsovie un et deux, et aujourd’hui au Soudan en Irak et en Afghanistan, il n’y a pas outrageusement photo.

Mais oser dire que nous vivons en paix avec nos semblables, c’est un peu tutoyer la…Vérité non ?

Paix ?

Non-guerre tout au plus. Et encore, puisque la guerre vous y partez tous, tous les matins, en tentant, grâce à votre autoradio, de penser à autre chose qu’à la chemise pas nette, à la varicelle du fiston, aux chaussettes qui grattent, à pépé et mémé qu’on ne voit jamais, au café qui augmente, au chef qui braille, au loto qui perd-gagne et…perd, aux factures en retard et à la fin du mois qui s’arrête le 12.

Alors la Vérité là-dedans, ça fait doucement rigoler.

C’est donc bien de vérité économique, de dure réalité sur quoi il fallait faire plancher nos chères têtes blondes, brunes, rousses, lisses et crépues ou rasées.

Les copies vont-elles toutes être balancées au broyeur agréé Education Nationale ou serviront-elles à alimenter gratis l’institut de sondage de madame Laurence Parisot qui usera des résultats pour démontrer à ses camarades syndiqués du MEDEF que ces jeunes, qui se permettent peut-être encore de penser à leur manière, c’est-à-dire à la Vérité et au Bonheur personnels, décidément, il faut leur apprendre que hors l’Organisation Mondiale du Commerce, pas de salut ! (5)

La Vérité c’est le fric.

Le bonheur, c’est ce qui va avec.

Rompez.

Sinon, gare à la répression.

Armée, désolés.

Mais avec armes non létales évidemment.

Nous sommes en démocratie tout de même...

  

(1)       Juste une parenthèse qui nous a fait nous boyauter ici. Vous vous souvenez de Kennedy à Berlin ? Lorsque, face au mur de la Honte, il a dit ‘’Ich bin ein berliner’’ pour encourager les Berlinois à tenir le coup, il n’a pas du tout dit ‘’je suis un berlinois’’. Traduit en berlinois d’origine, cela signifiait ‘’je suis un…beignet’’. Vu que ein berliner s’applique à une petite pâtisserie portant ce nom. Il aurait dû dire ‘’ich bin berliner’’ tout court. Bon, c’était juste pour la rigolade. Les Berlinois ont corrigé d’eux-mêmes.

(2)       Oui, ce n’est pas très joli, mais c’est l’équivalent façon front popu de 36, des soixanthuitards.

(3)       Emprunté, mais à peine, à Louis de Funès dans ‘’La Folie des Grandeurs’’.

(4)       Celui-là, on l’a emprunté au gamin du film Monsieur Batignolles…

(5)       La ‘’Canard Enchaîné’’ nous a appris, il y a quelques jours, comment cette dame donneuse de leçon ultralibérales de société(s) savait bien gérer l’entreprise que lui avait léguée son gentil papa. Habitant Paris, entre autres sites de villégiatures, elle rendait visite deux fois par an à la boîte qui la faisait vivre. Où elle arrivait en Maserati. Ce qui est superclass par rapport à de vulgaires Mercedes évidemment. Depuis, la boîte a coulé.

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