Son Altesse Sérénissime le prince Albert de Monaco est papa. Pour la seconde fois. Au cas où l’accouchement aurait été difficile, il l’ aurait été, nettement moins que la reconnaissance puisque l’heureux papa, enfin heureux on l’espère vu le temps mis à le dire, vient seulement d’oser clamer fièrement à la face du monde que non seulement il sait gouverner mais qu’il sait, aussi, faire de petits Monégasques qui, comme chacun sait, se fabriquent comme les petits Suisses.(1)
Or donc Son Altesse Sérénissime est papa.
Et une fois de plus vu qu’il est déjà père d’un autre enfant, qu’il a, généreusement, conçue avec, n’ayons pas peur des mots et ne faisons pas dans l’exclusion aussi facile qu’inconvenante, une courageuse travailleuse, immigrée et fière de l’être, dans une compagnie aérienne.
Manière princièrement Monégasque donc de frayer démocratiquement avec le petit peuple, tellement en manque d’enseignements enrichissants, et ce sans esprit aucun de discrimination on le voit.
On ne sait si un troisième est en route, compte tenu du secret défense qui entoure ce genre d’opérations.
Secret que nous approuvons d’ailleurs, vu que les paparazzi ont toutes les peines du monde à photoser nos amis les princes et princesses de la planète en général et du Rocher en particulier, lesquel(le)s n’aiment rien tant que la discrétion, la modestie, voire l’humilité pleine de simplicité et de vraie noblesse.
L’anonymat en un mot.
On les comprend.
Et on les approuve.
On s’inquiète tout de même.
A force de se fabriquer de futurs successeurs, un dilemme va s’imposer à Son Altesse Sérénissime.
En effet, vu une certaine perte de confiance et de crédit dans leur quasi royauté qui, en secret, s’encanaille, il faut s’attendre à une saine, honnête et vengeresse réaction, voire une révolution de la part de la populace monégasque, amoureuse hélas forcenée, on le sait, de l’honnêteté, de la Grandeur, et de l’Honneur (saluez) qui s’attache ou devrait s’attacher à la personne des Hautes Personnalités (re-saluez).L'Immoralité ne passera pas!.
Alors ?
Eh bien pour éviter un tel pataquès et conserver à la fois son fauteuil et ses actions des Bains de Mer et autres multinationales associées, Son Altesse sérénissime, devra se débrouiller pour se confectionner, sur mesures, une, voire des Chambres introuvables.
A savoir des députés, sénateurs, et autres conseillers généraux et ministres, totalement dévoués à sa cause, quoi qu’il advienne et quel que puissent être les variétés de jeux choisies par le Prince pour meubler ses périodes d’ennuis, très fréquentes, on ne le dira jamais assez, sur un territoire national grand comme deux terrains de foot, sans les tribunes.
GENERATION SPONTANEE
C’est une solution mais elle comporte bien des risques.
Imaginez que députés et sénateurs, même élus de manière très vaguement démocratique, ne soient pas tous d’accord avec la vision très personnelle que SAS (pour faire court) a de la démocratie elle-même.
C’est la cata assurée.
Fini la princière gouvernance.
Finis les subsides à l’impécunieuse famille.
Finis les outrageants avantages fiscaux aux sociétés rocheuses.
Finie les histoires, toutes fausses bien sûr, des transferts de fonds plus blanchis que blancs.
Très conscients de ce problème, de ces sombres drames qui se trament à nos portes, ici, à la rédaction, nous avons décidé de faire profiter ce malheureux d’une solution toute prête.
Et efficace, vu l’expérience que nous avons ET des vies princières, ET de leurs grandes difficultés, ET de l’art et la manière dont notre bon cœur se plaît à traiter les grandes douleurs.
Certes, avoir tout plein de représentants du vrai peuple est tentant.
Mais,en ces temps de faveurs, même outrancières, faites aux peuples qui crient bêtement famine, il faut bien savoir lâcher du lest.
Sinon lestement, du moins de bonne grâce.
Autrement dit, donner cinq sous pour gagner une brique.
Ainsi, accepter des élus du peuple, certes, mais pour être sûr de conserver la main, les députés et sénateurs, notre Prince a bien montré qu’il était fort capable de s’en fabriquer tout seul, comme un supergrand de ce monde qu’il est.
Par conséquent, comme il en a déjà fabriqué deux, il peut s’en faire un tas d’autres. En se dépêchant un peu, d’ici une vingtaine d’années, il disposera non seulement de représentants entièrement dévoués à sa cause et à sa personne, mais en même temps, il pourra présenter à l’opinion publique, la république la plus jeune du monde.
Certes, petit problème, il faudra pousser les feux (2) pour finir par faire de Monaco une vraie de vraie démocratie, avec tous pleins de députés issus des gènes princiers.
Mais la devise des princes qui nous gouvernent n’est-elle pas ‘’Impossible n’est pas Français ?’’.
Et les Monégasques, même s’ils s’en défendent, ne le sont-ils pas aussi?
Et notre cher Albert n’a-t-il pas déjà prouvé qu’il savait faire ?
Et puis, dites, il existe des tâches infiniment plus tristes non ?
(1) En réalité, cette somptueuse blague trouvée dans la surprise de l’ami Toto, doit être énoncée à l’envers, donc ainsi : ‘’Vous savez comment on fait les petits Suisses ? Comme les petits français.’’(Rires mais bon, pas obligatoires). Les Monégasques étant heureusement bénéficiaires de la double nationalité, ils le sont aussi, Français. Mais ils préfèrent la première vu que les impôts, là-bas, sont nettement moins chers que leurs parkings qui, eux, sont TOUS payants. Même dans les rues. On se demande bien pourquoi.
(2) De l’amour coco ? Grosse rigolade dans l’assistance.