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G 8! Davos, Porto Alegre, même combat?

Le G8 tenait ses assises à St Pétersbourg ces jours ci.

Rencontre au ‘’Sommet’’ des super crânes d’œuf de la planète, dont les buts et actions convergentes et conjointes concourent, on le sait, au bonheur présent, futur et éternel des hommes, il n’est, en réalité, qu’un avatar, une péripétie, un faux semblant dans la longue Histoire des prétentions des nomenklaturas nationales et internationales à diriger la Terre.

Il n’est qu’un faux semblant sociétal et, apparemment, humanitaire, qui trompe, il est vrai, les six milliards et demi de gogos.

Lesquels continuent à croire en l’impérieuse nécessité de recourir à ces hommes géniaux et providentiels pour continuer à vivre.

Enfant naturel de ses géniteurs du sommet de Davos, le G8 a, depuis quelques années, généré aussi, un opposant, l’anti-mondialisme de Porto Alegre, qui, hélas, ressemble de plus en plus à un pitoyable faire valoir.

En effet, si cette option-ci peut paraître représenter LA solution ultime face à la démolition programmée de la planète par le libéralisme hystérique, les deux tendances ne font, en fin de compte et consciemment ou non, qu’unir leurs forces en poursuivant un même but, le bonheur des humains en leur permettant d’avoir au lieu d’être.

Comment et pourquoi ?

Explication.

 

Nous avions évoqué, il y a quelques temps, le faux semblant, un de plus, que représentait la soudaine conversion du méga capitaliste Bill Gates, à la sauvegarde de l’Humanité, par le biais de sa fondation dotée par lui de 30 milliards de dollars. En attendant de léguer à la société humaine souffrante et gémissante, 95% de sa fortune -du moins l’a-t-il annoncé- en ayant, tout de même, assuré l’avenir de sa progéniture à l’aide d’une trentaine d’autres milliards qu’il lui aura laissés.

Une petite merveille cette Fondation !

30 milliards de dollars consacrés à la lutte contre la pauvreté, l’illettrisme, la maladie, la pénurie d’eau, le réchauffement de la planète, voire, la prolifération inopportune des arêtes dans les sardines, bref, Bill Gates, promu père Noël, costumé en Buzz l’Eclair, combat désormais le Mal à l’aide de l’arme dont il se sert lui-même pour détruire la planète…le dollar soi-même !

Belle conversion non ?

Reconversion plutôt.

Récup tout simplement.

Joli tour de passe-passe en fait.

Merveille de jésuitisme pour tout dire.

Tout bénéfice pour le capital à la grand papa.

RICHES BIENVEILLANTS

Un copain de Bill, Warren Buffett, autre milliardaire au grand cœur, ne s’y est pas trompé en abondant le capital de la Fondation Gates dont il a doublé le capital !

Hosanna !

Pour les gogos que nous sommes, les hommes voient enfin le bout du tunnel !

Riches et super riches viennent enfin au secours de l’Humanité !

Il était temps non ?

N’est-ce pas là une idée qu’elle est bonne ?

Et une réalisation qu’elle est sympathiquement humanitaire, voire, osons le mot, enfin chrétienne ?

Voire…

Certes, pour les bien pensants proches de Washington - ce qui fait vraiment beaucoup de monde dans la galaxie du dollar - ne voilà-t-il pas un bel exemple du rôle messianique du capitalisme judéo chrétien ?

Et, au passage, une bonne manière de faire de couper l’herbe, non OGM, sous le pied des anti-mondialistes de Porto Alegre qui prêchent un développement durable.

Coiffés au poteau ces pelés, ces galeux qui pensent récolter, pour leur combat, les contributions de la moitié de la planète !

Alors qu’avec son seul salaire mensuel, le patron de Microsoft peut payer des pompes solaires à eau à tous ces crève la soif du Sénégal, du Niger et de la Mauritanie réunis !

Donc, vifs et interminables applaudissements sur les bancs des medias qui encensent les généreux donateurs, pas très anonymes certes, mais si bons tout de même.

Encore qu’ils ne fassent que très simple, en se contentant de reproduire le geste traditionnel des riches à la sortie de la messe : l’aumône aux muets, sourds, bigleux et estropiés, geignants sur le parvis de la cathédrale.

Miracle du capitalisme inventif.

DEMOLIR, CONSTRUIRE, DEMOLIR, CONSTRUIRE…

Ces mirifiques super sauveurs de l’Humanité fabriquent donc chez eux, pour commencer, polluent comme il se doit, payent, mal, leurs employés, font et défont les lois et règlements puis, un jour, la morale les saisissant, délocalisent, créant ainsi du chômage, démolissant des vies voire des sociétés humaines, et vont recréer ailleurs.

D’autres emplois, bien sûr, mais aux conditions de travail pires qu’avant. Imposées avec la satisfaction du devoir judéo chrétien accompli, vu qu’ils ont fait œuvre pie en permettant aux malheureux de manger journellement deux bols de riz au lieu d’un seul.

Et surtout parce que en Chine, au Soudan ou en Somalie, le prix du bol de riz pèse bien peu sur le coût de l’heure de travail…

Sauver la planète de la misère se fait donc en créant des emplois, pas chers pour créer d’énormes profits, lesquels donnent de bonnes couleurs aux entreprises, puis, comme on trouvera toujours plus pauvres ailleurs, il suffit ensuite de délocaliser.

Patrons voyous ?

Que non voyons !

Ils ont même le beau rôle : ils apportent des emplois et leur Fondation, des hôpitaux, des écoles, des routes, le bien-être, bref, le Paradis à domicile.

MONDIALISTES ET ANTI, MEME COMBAT ?

En face, que proposent les alter mondialistes ?

On vous le donne Emile ! Cela va de l’agreste retour à la lampe à huile aux transports à voiles solaires en passant par la planète en agriculture biologique et le retour au troc ! Une foultitude d’insanités pour tout économiste branché sur le CAC 40.

En réalité, une sorte de consensus se fait autour de la notion de développement durable.

Sous entendu, une quasi même société, avec grimpette visée du niveau de vie, mais en passant par des solutions alternatives, genre diesel à l’huile de colza, à l’éthanol de betterave ou de canne à sucre, électricité éolienne, agriculture intégrée, bref, la croissance propre.

Douce illusion !

Ils ne semblent guère se rendre compte ces braves alter mondialistes, qu’ils se dirigent, plus lentement mais tout aussi sûrement, vers le même but que leurs soi disants opposants néolibéraux.

Le seul terme de développement emporte, déjà, la notion d’un but à atteindre complètement à côté de la plaque.

En effet, de quoi ont vraiment besoin les hommes je vous le demande ?

De boire, de manger, de s’habiller, de se loger, de dormir en paix, d’avoir un contact avec la Nature, d’une famille qu’il et qui l’aime, d’un minimum de vie spirituelle et de contacts avec ses semblables.

Choses, très simples, en somme, que tout homme normal est fort capable de faire de ses dix doigts, pour peu qu’on le lui apprenne.

Bâtir une maison, couper un vêtements, cultiver un jardin…soigner aussi…

Ben oui ! Se soigner aussi.

Comment vos arrière, arrière grands parents ont-ils fait pour rester en bonne santé ?

Vous êtes là non ?

C’est bien la preuve qu’ils se débrouillaient bien mieux que vous, parce qu’avec bien moins de moyens et surtout de recours aux multiples décideurs, chefs et gourous qui, aujourd’hui, décident tous et tout à votre place.

Toutes ces choses indispensables à la vie, la plupart des populations qui peuplaient la planète il y a deux petits siècles, ont tout de même bien réussi à en bénéficier, dans la mesure, évidemment, où ils n’ont pas eu affaire à des dirigeants ou voisins ambitieux, ce qu’ils étaient presque tous hélas.

Alors ? Pourquoi rechercher à tout prix le développement ? Durable ou pas ?

A quelle fin ?

Au bénéfice de qui ?

Des employés ?

Des grands patrons ?

Il en est des maîtres de l’économie comme des chefs de guerre : il faut se battre pour eux contre leurs ennemis, sous peine de voir leurs dits ennemis vous faire disparaître…vous mais pas eux, les capitaux ayant l’intéressante capacité de voyager bien plus vite et bien plus loin que les smicards.

Leur maître mot ? Armons-nous et partez ! Battez-vous, pour nous, et puis, si ça déraille, débrouillez vous…

C’est ce qu’on appelle la citoyenneté des entreprises citoyennes.

Les guerres, toutes les guerres disait Clemenceau, sont faites par ceux qui ne les veulent pas et voulues par ceux qui ne les font pas.

Les guerres militaires mais aussi les économiques.

Nous en sommes donc arrivés, comme le dit fort intelligemment le philosophe slovène Slavoj Zizek (1) à un combat planétaire entre les libéraux communistes et les anarcho-altermondialistes.

Deux catégories d’économistes dont la démarche nous dirige, au mieux, vers une régression, au pire, vers une destruction de la société actuelle qui ne pourra résoudre le problème posé par la poursuite de deux buts incompatibles : le bonheur de l’homme en même temps que celui de notre économie.

D’autant que les libéraux communistes veulent faire le bien de l’Humanité en l’exploitant, tout en se donnant l’apparence d’une puissance bienveillante, amie du dialogue avec le petit peuple : du pur paternalisme façon 1890.

Tandis que les anarcho alter mondialistes, rêvent d’un autre développement, durable il est vrai, mais passant par une croissance aussi, axée sur le mieux-être, mais par le truchement d’un système où le profit, fut-il faible, n’en demeure pas moins le but premier, l’axe principal.

Comme l’autre, de toutes manières, quand bien même les libéraux communistes sont autrement plus pervers, avides, et immédiatement destructeurs dans leur démarche.

Quoi qu’il en soit, l’objectif à atteindre reste le bien-être.

Le bonheur…ou ce qu’on pense qu’il est.

Par les biens ? Par la consommation ?

De produits industriels ? Manufacturés ? Culturels ?

Acquérir ? En un mot, avoir ?

Avoir ?

Et être alors ?

Les ofres de Porto Alegre sont-elles si radicalement opposées à celles de Davos?

Eueueuhhh...

 

(1) Cité par La London Review of Book repris dans le N° 817 de Courrier International.

 

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