Pardonne-nous Zizou !
S’il te plaît !
Pardon pour avoir douté d’une quelconque responsabilité de ta part dans cette douloureuse affaire du coup de tête que tu donnas, légitimement bien sûr personne n’en doute, à un sale étranger, même pas immigré, qui a osé d’appeler du vilain nom de…euheuheuh…
-Du quoi déjà s’il vous plaît ?
-Ben on ne sait plus mais c’était sûrement quelque chose de raciste…
-Ah bon ? Et pourquoi ?
-Eh bien parce que le MRAP a décidé de porter plainte. C’est bien une preuve ça non ?
-Oui mais tant que notre Zizou adoré n’a pas dit lui-même quelle avait été l’insulte, plainte pour quoi exactement ?
-‘’…………’’
-Alors ?
-Oui mais c’est normal enfin de donner un coup de tête quand on vous insulte. Surtout quand on est un dieu du stade. On ne peut pas insulter Dieu lui-même impunément tout de même. C’est un blasphème non ?
-Bien sûr, si vous le voyez comme çà…
-C’est pourquoi nous demandons, nous devons demander pardon à Notre Dieu du ballon d’or…
-Ben justement il l’a pas eu parce qu’il avait déjà castagné un joueur à cette époque…
-Mais c’est qu’on ne l’avait pas compris. Et puis nous vivons une époque qui ne croit plus en Dieu, donc, les insultes de ce genre il faut bien les sanctionner. Et en premier lieu qui d’autre que Dieu lui-même pourrait le faire puisque personne ne le fait?
-Eh, oh ! Vous ne croyez pas que vous allez un peu loin là… ?
-Absolument pas. D’ailleurs il y a même des psychiatres qui l’ont dit. Un Dieu qui part à la retraite, détruit sa propre image de Dieu en faisant quelque chose de mal. C’est donc ce qu’il a fait. Par excès d’humilité. Pour laisser la place à d’autres dieux. Et pour signifier à tous les crédules qu’il n’est qu’un homme. D’ailleurs l’église catholique nous l’a dit.
-Eh ! Dites ! Vous ne croyez pas plutôt que sentant sa mort (footballistique mais pas publicitaire) prochaine, il savait qu’il ne risquait plus aucune sanction de la part de la FIFA. Et que, donc, il savait bien qu’il pouvait faire ce qu’il voulait sur le stade avec n’importe quel prétexte. D’autant qu’il en était à sa douzaine de cartons, rouges ou jaunes dans une carrière qui, l’accession à la place de Dieu venant avec l’ancienneté, aurait dû affiner et sa conscience, et son honnêteté, qualités premières, tout de même, que le vulgaire est en droit d’attendre de Dieu lui-même non ?
-Justement : Dieu n’a pas de comptes à rendre au vulgaire comme vous dites. C’est lui qui décide, c’est lui qui fait les lois. C’est lui qui juge, qui condamne, qui exécute. D’ailleurs, le premier magistrat de France, expert en matière de morale et de justice, n’a eu que des paroles de félicitations pour son homologue et quasi alter ego, second Dieu en France mais en fait Dieu numéro UN, c’est l’Audimat qui le dit. C’est pas la meilleure caution ça ? La plus excellentissime consécration ?
-Oui mais tout le monde en France, n’est pas tellement d’accord…
-Foutaises ! 60% des Français lui ont pardonné. Et 51% le comprennent.
-Oui mais cela veut dire que 40% ne lui ont pas pardonné et que 49% ne le comprennent pas non ?
-Vous semblez ignorer, cher monsieur, que nous sommes en démocratie et que la majorité a toujours raison !
-Mais non monsieur vous-mêmes, la majorité peut se mettre le doigt dans l’œil elle aussi. Et jusqu’au genou encore ! Voyez Hitler, il a bien été élu par une majorité d’Allemands de l’époque. Qui n’avaient donc, il est vrai, pas lu Mein Kampf ce qui leur aurait permis de voir pour quoi il votaient d’ailleurs. Et je ne parle pas des régimes ‘’démocratiques’’ où les présidents sont élus avec 99,9% des voix et de celui, démocratissime et exportateur de démocratie, où les machines électroniques ont porté au pouvoir un vainqueur qui avaient 12.000 voix de moins que le vaincu. Ni des contrées exotiques y compris la nôtre, dans laquelle les sondages tiendront bientôt lieu d’élections.
-Ouh là là ! Ce que vous êtes compliqué vous. On en était à la simple démocratie qui dirige le monde du foot, et vous nous plongez dans les méandres de la vie politique.
-Certes certes, mais puisque nous en sommes là, dans ce système démocratique, nous vous rappelons très cher que lorsqu’on parle de Dieu, et d’un Dieu qui décide, qui tranche et qui coupe, c’est plutôt de théocratie qu’on devrait parler.
-Stop ! Stop ! Là vous allez trop loin. C’est du racisme pur et simple ! Je vais de ce pas vous dénoncer à la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations.
-Ben vous pouvez y aller. Même, si vous voulez bien m’accepter sur votre vélo, on peut y aller ensemble.
-Ah bon ?
-Ben oui. Puisque vous m’avez convaincu. A force d’entendre les gazettes et les intelligents qui causent dans le poste, j’ai fini par comprendre que c’est vrai. Nous devrions tous demander pardon à notre Dieu du stade. Après tout, puisqu’il est Dieu, la seule pensée qu’il ait pu mal se conduire est déjà un blasphème. D’ailleurs, des journalistes ont dénoncé les vidéos qui ont enregistré le geste auguste de notre juge suprême. Ce procédé est inqualifiable. Tout ce que fait un Dieu pareil ne devrait même pas être filmé. Cela relève de la violation de la vie privée d’ailleurs.
-Vie privée ? Non mais vous rêvez ma parole ! Et les 60.000 spectateurs dans le stade ? Et les deux milliardissimes téléspectateurs du monde entier ?
-Eh bien ils n’avaient qu’à ne pas regarder ! Ou fermer les yeux !
-Quoi ? C’est vous qui rêvez dites là ! Et les annonceurs alors ? Comment faire de la pub si les gens ne regardent pas ?
-Vous n’avez rien compris à la publicité. Elle n’est faite que pour nous inciter à acheter en toute confiance. Les yeux fermés. D’ailleurs, monsieur Lévy, de Publicis, nous a bien dit que l’image de notre Dieu qui n’est plus sur la Stade mais qui est toujours sur la Terre, sera toujours porteuse de bien gras profits et que, donc, il pourra toujours vivre largement. Comme Dieu en France aurait dit je ne sais plus qui.
-Bon ! Ca suffit ! J’en ai marre de vos arguments à la godille. Je n’y comprends plus rien !
-Ah bon ? Vous aussi ?(1)
(1) Et vous ?