Ringardes, ringardes, c’est, d’ailleurs, un peu vite dit. Le restaurant borméen classé est, justement, très classieux, et les chambres-SdB dignes d’un 5, 6, voire dix étoiles. Une bâtisse militaire royale du XVII°, on a vu pire pour les week-ends bourgeois au chaud parmi les cigalous de la pinèdou.
Quant à la détente, certes, Cannes n’était pas loin mais bon, juste avant les législatives, aller se commettre avec ces individus dorés sur tranche, qui se parfument au N°5 du Dow Jones, risque d’éloigner quelques voix prolétaires. Et puis, dans l’expectative, il ne faut jurer de rien.
Au fait, Cannes, ça vous dit quoi vous ?
Pour nous, c’est plutôt tristounet, voire désolant ce machin plein de hochets et de paillettes.
Les plus pauvres viennent y rêver un brin, quémander au mieux un autographe, au pire, un parfum, une impression, un rêve d’avoir côtoyé les ‘’grands’’ et ‘’grandes’’ de ce monde…dont ils envient, à juste titre, la gloire et la fortune…
…alors que cette fortune est, justement…alimentée et grossie, ad vitam et nauseam, par tous ces pauvres-là, qui se paient ainsi un peu de rêve.
Afin de pouvoir supporter la réalité. On a les drogues qu’on peut…
Drogue n’est, d'ailleurs, pas un vain mot.
Habitués, mithridatisés à la bouffe cradingue des super marchés en général et des discounts en particulier, les hommes (mazette quel joli mot …) vont se nourrir la cervelle avec ce que vous savez : violence, sexe, mensonge, corruption, immoralité en tous genres. Toutes choses qui finissent par s’implanter comme autant de repères…moraux, dans le crâne du vulgum pecus.
A noter que ces succès sont très souvent couronnés à…Cannes justement comme des chefs d’œuvres dignes des palmes désormais très académiques.
Et il n’y a guère, bien sûr, que les medias ringards de notre espèce pour constater que toutes ces cochonneries finissent par donner ce que vous voyez au quotidien : violence, sexe, mensonge, corruption, immoralité en tous genres.
Et il n’y a que les psys et les medias qu’ils inspirent, pour nous affirmer que la réalité étant ce qu’elle est, il importe de nous faire voir ce à quoi ressemble notre société. C'est-à-dire du bien moche et du bien crade. Et que, de toutes façons, cela ne saurait, en aucun cas, nuire aux humains en général et aux enfants en particulier.
Finalement, ce sont les victimes elles-mêmes qui donnent vie aux armes qui les détruisent et à ceux qui savent su bien s'en servir.
Car, au fond, qui fait vivre ces divinités si enviées, sinon l’argent du prix des places de cinéma ou de stade ainsi que celui des magazines et des pubs bien sûr dont le coût se retrouve illico intégré au prix des produits qu’elle sert à promouvoir…prix payé par vous et moi.
Enfin vous, je vous ne le souhaite pas, car pour moi, cela fait belle lurette que je ne m’approvisionne plus que mini mini mini minimum dans les gondoles et autres temples de la consommation.
Ainsi donc, les petites gens font la fortune des grands qui savent si bien leur vendre du rêve.
César disait pas autre chose : ‘’Ce ne sont pas les dictateurs qui font les esclaves mais bien les esclaves qui font les dictateurs.’’
Et la démocratie, ultralibérale de surcroît, est d’ailleurs, elle aussi, maîtresse dans cet art de diriger les masses frustrées mais consentantes, ahuries, hypnotisées, gavées de promesses jamais tenues, de faux semblants, de mensonges puisqu’il faut bien dire le mot…
Oh certes, ce n’est évidemment pas sous l’excellente plume de nos confrères journalistes que l’on lira de tels commentaires.
C’est donc la raison pour laquelle on vous les livre.
TRAITRES AU BON ENDROIT AU BON MOMENT
Et les traîtrises direz-vous, quid des profondes et graves interrogations de nos élites politiques sur le sens réel ou caché de leur courageux combat pour…leurs électeurs, cela va sans dire?
Ces traîtrises vont avec les traîtres qui les engendrent: tout ce joli monde se porte très bien merci. On n'aura jamais autant vu de retourneurs de vestes patentés qui, toute honte bue, s’en sont allés à la soupe avec bien moins de vergogne qu’ils n’avaient d’appétit, afin de se dégoter une place auprès du maître du jour.
Pitoyable.
Et pas seulement dans le camp des politiques qui manient la dialectique et la sémantique comme personne, en nous prouvant, petit a petit b, que changer de camp au bon moment n’est qu’une manière de devenir, d’un seul coup, intelligent, clairvoyant, altruiste, aujourd’hui bien plus qu’hier…et bien moins que demain d’ailleurs, car on peut s’attendre à ce que, comme les girouettes, ou comme le vent lui-même, ils changent de sens en même temps que le pouvoir.
Pas fatigant il est vrai, ces temps-ci.
En effet, passé le tour de force, ils en ont désormais pour cinq bonnes années à ne plus être obligés de se contorsionner pour cavaler dans le sens de l’Histoire…
Hélas, le ridicule ne tue pas plus que la traîtrise.
Le tout est de savoir trahir au bon instant et, bien entendu, de choisir le bon maître.
Etre au bon endroit au bon moment.
Il est vrai qu’au regard des pratiques économiques, sociales et politiques actuelles, le plus rapide donc le plus capable de s’adapter, est le seul à mériter de survivre.
La mode darwinienne n’a jamais été aussi bien portée.
Ca revient de plus en plus d’ailleurs.
Donc, vive Darwin !
Il n’est que de voir le train de vie de tous ceux qui mettent en œuvre l’adaptation sociale, voire carrément la mutation accélérée qui peut faire d’un looser un gagnant, pour se rendre compte combien ce génial guignol fait des émules parmi les nantis et ceux qui aspirent à l'être.
Tiens, un exemple croquignolet.
Un journaleux, de génie lui aussi, on dit de talent pour faire intello, nous a quelque peu interloqués par son habileté à nous convaincre de la finesse des arguments distillés à l’envi par lui et ses copains, artistes du retournement de veste.
On veut parler de MGB. Marc Georges Benamou, chroniqueur polyvalent et à géométrie variable qui fut, d’après lui évidemment, le plus fidèle et le plus cher confident de Tonton du temps de son vivant…et même au-delà.
En témoigne son bouquin, qui annonce, ‘’Ce que Mitterrand m’a dit’’…publié, évidemment, après la disparition de l’intéressé qui a eu le bon goût de disparaître assez tôt…afin que son biographe autoproclamé, ne risque pas d’être démenti…
On n’est, d’ailleurs, pas loin de penser que cet écrivain, remarquable et unique dépositaire des fantastiques et incroyables secrets mitterrandiens, va nous servir un de ces jours un argument du genre :’’S’IL était encore là, il me féliciterait sûrement d’avoir su reconnaître les vertus d’une adaptation aux circonstances et aux hommes qui savent être de droite et de gauche en même temps.’’
Car, on le rappelle, après avoir été ‘’de gauche’’, promis juré, cet honorable sage (et prudent), est désormais conseiller particulier de notre président actuel. Celui dont on pense assez sérieusement qu’il pourrait y avoir, à le fréquenter d'aussi près, quelque incompatibilité vu qu'il nous paraît être plutôt de droite mais bon…c’est une opinion toute personnelle.
En parlant de traîtres, nous n’aurons pas le mauvais goût de gloser sur la miraculeuse conversion du french doctor que l’on sait. Il a bien mérité, après toutes les humiliations subies parmi les siens, ceux de gauche bien sûr, de se trouver une nouvelle famille. Mais en ne reniant en rien, promis juré, aucune de ses idées que les socialistes n’avaient pas eu le discernement d’utiliser mieux, en faisant de lui un ministre…ou un candidat à la présidentielle.
Sa compagne va avoir du mal à suivre le train. Du moins côté de la conscience qu’on lui prête. (2)
En effet, après la compagne présentatrice du nouveau ministre de l’économie, la compagne présentatrice de l’actuel ministre de l’Intérieur, voilà-t-y pas qu’une autre vedette télévisuelle, se trouve, donc ainsi, compagne d’un ministre.
Ce qui devrait poser, du moins on le pense, quelque problème du point de vue de l’éthique journalistique. Quand bien même le journalisme des intéressées s’apparente plutôt à un travail réclamant autant de respect de la morale que celui des présentateurs et présentatrices de la météo.
Pour résumer, devant cette vague de désertions, à notre avis, mais qui ne sont que des adaptations, de l’avis des intéressés, nous remarquons, tout de même que si la mode darwinienne se porte bien, la sémantique, la dialectique et l’argutie, pour légitimer ces désorientants et graves changements de cap, ont de beaux jours devant elles.
Il est vrai que l’on ne dit plus trahir, l’on se contente de dire s’adapter. L’on ne prononce plus le mot traîtres, mais l’on susurre fidèles…fidèles à un autre évidemment.
Comme le disait Guitry, très méchamment et de manière machiste en diable ‘’Les femmes ne mentent pas, elles nous disent des vérités différentes.’’.
Il était non seulement méchant avec les femmes, mais en oubliait, un peu vite, les hommes qui n’ont rien à leur envier dans ce domaine.
L’ART DU FAYOTAGE
Cette subtile dialectique nous rappelle les premiers entretiens entre les syndicats et le président.
Les représentants, des prolétaires si l’on peut dire, sont tous ressortis heureux de leur première enrevue.
Tout d’abord, parce qu’ils ont parlé, disent-ils, dans une ‘’atmosphère détendue’’. A croire que le commun des mortels serait habitué à considérer que les entretiens de ce genre ne peuvent se faire qu’à coups de pieds, de têtes et de poings, voire de chaises cassées et plus si manque flagrant d’affinités.
Merveille des merveilles qu’ils nous disent: ''l’atmosphère était détendue…''
Mieux encore, ils ont ajouté :'' ‘’on’’ nous a promis plein de choses qui nous rassurent.''
Mirifiques non ?
Désormais, et c’est nouveau, les promesses tiennent de lieu d’engagements irrévocables. Les syndicats changent drôlement aujourd'hui.
Comment s'étonner que les Français soient les moins syndiqués d'Europe?.
Cela me rappelle mes 40 années de syndicalisme journalistique.
Les quatre syndicats de mon canard étaient représentés par autant de zèbres qui, installés à la tête des camarades syndiqués, se retrouvaient, six mois plus tard…chefs de service.
Et y perdaient pas mal de leur verve revendicative évidemment.
Pour finir, après avoir les premiers levé le poing en l’air, par nous expliquer le bien fondé de ne pas faire la grève mais de discuter jusqu’à plus soif.
Pour s’entendre dire au bout du compte par le patron, que nos revendications, il s’en battait l’œil.
Moyennant quoi, après des mois de discutailleries inter syndicales, plus personne n’était d’accord et les chefs syndicaux étaient heureux d’avoir rempli leur contrat…patronal.
Les responsables SNJ, FO, CGC, évidemment, et même souvent le SNJ-CGT, ont fini par céder aux sirènes de…l’avancement au ‘’mérite’’.
En arguant simplement : ‘’Ce n’est pas parce qu’on est délégué syndical qu’il faut refuser l’avancement non ?’’.
C.Q.F.D.
Dans l’armée on appelait ça la cote d’amour.
Ou, plus sobrement, l’art de fayoter.
A ce propos un député de l’UMP, donc de l’écrasante majorité actuelle et annoncée, a quelque peu couiné contre l’assemblée godillot qu’annoncent les prochaines législatives et qui, dit-il, n’est pas assez représentative comme force de contradiction.
Manière de dire qu’avec tous les pouvoirs en main, le même parti, le même homme en fait et le président pour ne pas le nommer, n’aura plus de contre pouvoir en face de lui.
Alors que, un, la démocratie se caractérise justement par l’heureuse existence de ce contre pouvoir.
Et, deux, parce que le candidat actuel président nous a juré, la main sur le cœur, que la démocratie telle qu’elle allait être, serait cela : pouvoir limité par le contrepouvoir.
En foi de quoi, exemple parmi tant d’autres, le seul contrepouvoir face aux requins de l’électricité, le tarif service public EdF, va disparaître le 1° juillet prochain, pour ceux qui accepteront les tarifs alléchants des concurrents…et s’en mordront les doigts six mois après au vu de leurs factures qui grossiront avec le temps…et parce qu’ils ne pourront plus revenir en arrière et changer de fournisseur.
C’est ce qui s’appelle une saine concurrence en système néolibéral ardemment prôné par l’actuel pouvoir en place pour 5 ans, au moins.
Quid, donc, du contre pouvoir face aux géants distributeurs d'énergie?.
De toutes façons, le monopole du service public et son tarif acceptable sinon réduit, ne durera plus très longtemps.
On sera bientôt forcés d’aller dans le secteur privé où les ententes en douceur et en douce, se feront au nez et à la barbe d’un Etat de moins en moins Etat et moins contrôleur encore, faute de personnels et de moyens.
On passera d’un monopole d’Etat au monopole privé.
Beau progrès social non ?
Au fait, en parlant de démocratie.
L’actuel président a obtenu environ 53% des 80 et quelques pour cent de votants.
C’est-à-dire qu’il a été demandé, élu, par…45% environ de Français en âge de voter et…pas du tout demandé par…55% qui sont, de ce fait eh oui, une majorité de refuzniks.
45% pour contre 55% contre ?
Ben oui! Elu quand même.
Qu’on le veuille ou pas, c’est ça la démocratie.
(1) Dont le ‘’Canard Enchaîné’’ de cette semaine vient de nous dire, bordereaux à l’appui, que sinon lui, du moins ses distingués collaborateurs, ont de bien curieuses manières de tutoyer la loi dans ces pays de sauvages où ce grand chef ami des travailleurs fait de bien juteuses affaires.
(2) C’est cette dame qui avait fait un scoop ‘’à l’américaine’’ dont elle est encore très fière, en allant interviewer l’ex premier ministre du Shah dans sa prison la veille de sa mort. Beau scoop non ? Et plein de délicatesse pour un homme qui va être fusillé le lendemain. Ce qui n’a pas empêché notre reine des journalistes d’user et d’abuser de la formule bien connue : ‘’On ne tire pas sur les ambulances…’’.