Rassurez vous bonnes gens, l’émission ‘’Mots croisés’’ va vous donner la solution.
Enfin presque.
Si vous ne l’avez vu, elle (ne) valait (pas) le détour. (1)
Pourquoi ?
Tout d’abord, cette émission de notre sauveur tous azimuts, grand journaliste (quelle hauteur ?), grand reporter, grand homme enfin, (2) Yves CALVI, grand pourfendeur des problèmes sans solution, nous donne, toutes chaudes, celles après lesquelles le monde entier court pourtant à perdre haleine depuis des millénaires. Comme tant d’autres émissions avant elles, il est vrai, et comme tant d’autres le feront bien après évidemment.
Mais celle-ci, consacrée à un vrai de vrai problème, tel que le monde n’en a jamais connu, nous a quelque peu suffoqués.
En effet, après avoir écouté un tas d’éminences pas grises du tout mais fort brillantes, donner leurs points de vue, après avoir entendu résonner des kyrielles de chiffres et de sages sentences frappées au coin du bon sens néo conservateur écologique (ça existe et même prolifère depuis que l’écologie fait vendre), après donc avoir été quelque peu saoûlés d'évidences assénées avec un sérieux aussi roide que de mauvaise foi, nous avons extrait des débats, quelques enseignements dont nous vous donnons, grosso modo, le résumé en quelques lignes.
UN PAUVRE N’EST PAS RICHE (Vous le saviez ? n.d.l.r)
Ainsi donc, tous les sages intervenants ont fini par conclure, peu ou prou, que si rien n’est fait contre la pauvreté, toute autre solution tentant de résoudre le problème des émeutes de la faim est vouée à l’échec.
Ce qui est, avouons-le, d’une évidence à crever les yeux d’une taupe.
En effet, l'homme de la rue, vous, moi, ma concierge et même votre policier municipal favori, savent, d'évidence, que la principale sinon la seule cause de ces émeutes, -chez nous y compris bien que nous n’assistions pas encore à de batailles de rue à ce propos-, vient du fait que les prix augmentant et les moyens des pauvres étant et restant à vie quasiment nuls, lesdites émeutes n’ont pas fini de croître et d’embellir et les affamés de l’être plus encore.
Ce qui revient à dire que tant que les pauvres seront pauvres, ils crèveront de faim…puisqu’un pauvre…ne peut pas s’acheter de quoi manger puisque…il n’est pas riche…
Vous parlez d’une trouvaille…
Deux heures et demie de débat ? Tout ça pour ça ?
Ben oui.
Après d’interminables parlotes et d’expressions de bonnes intentions, les économistes distingués, les écologistes pétaradants et les politiques rassurants ont fini par découvrir que les riches font suer le burnous aux pauvres et se nourrissent de leur substance, en un mot, que le monde est divisé en riches et pauvres et que les premiers ne le seraient pas autant si les seconds l’étaient un peu moins.
Et vice versa.
Donc, si les riches se décident quelque peu à se gaver un peu moins, les pauvres pourront manger un peu plus.
Stupéfiant n'est-il pas?
Bon. Soyons bon prince, et acceptons cela comme simplement logique.
Certes, mais là…halte aux rêveurs.
On se heurte en effet au sacro saint dogme du système capitaliste qui veut, enfin qui dit, que si les riches empochent un peu moins, l’économie mondiale va s’écrouler.
On l’a vu avant 36, on l’a vu aussi juste avant le Grenelles premier du nom…
Or, que l'on sache, le passage à la semaine de 40 heures et les congés payés sous le Front Popu, et la semaine de 5 jours en 68, n’ont pas mis l’économie à genoux, mais ont réellement dopé le pouvoir d’achat et généré une grimpette du PNB qui a placé la France aux tous premiers rangs des économies mondiales. On a même appelé la dernière période les Trente Glorieuses. Vu qu'elles l'ont été, sinon pour tout le monde, du moins pour beaucoup.En Occident tout du moins évidemment.Et sur le dos du reste du monde.
Mais chez nous, et à titre d'exemple, suivant le raisonnement tout bête qui dit que si l’on donne des salaires plus confortables, disons seulement plus normaux, aux prolos à casquettes, ils se font non seulement un devoir de dépenser leur bonus pour se serrer moins la ceinture, mais, s’il en reste un peu, le plaisir de se payer quelques extras, alimentant ainsi, encore plus, une économie au souffle , justement, terriblement court ces temps-ci…
Mais, de toutes manières, ne rêvons pas.
La richesse ne rassasie pas le riche, m’a sentencieusement dit mon boulanger spécialiste du pain aux cinq céréales qui a multiplié ses prix de revient par... 5, évidemment, depuis qu’il a entendu à la télé que les marchands de matières premières augmentaient les leurs à s’en faire péter leurs coffres-forts.
Ce n’est donc pas demain que l’économie va repartir d’un bon pied, en se fondant sur une augmentation du pouvoir d’achat des plus pauvres.
Tiens, au fait, qui a dit qu’il serait élu sur ses promesses d’un vrai pouvoir d’achat ?
EXPERIENCE A MILLE EUROS
Pour se rendre compte de ce que signifie vivre pauvre, afin d’inciter les plus riches à changer quelque peu leurs manières de voir les choses et de résoudre ce genre de problèmes, il suffirait pourtant de quelques petites expériences toutes simples.
Pourquoi nos ministres, nos députés, toutes nos élites qui nous prêchent la nécessité de faire des économies, n’essaient-ils pas de vivre avec, je ne sais pas moi, un, voire allez, deux SMIC par mois ?Juste six mois allez...c'est pas la mer à boire après tout. Il y a des patrons italiens qui ont fait une expérience de ce genre en se mettant à vivre avec les mêmes salaires, et dans les mêmes conditions durant un an, que leurs salariés les plus en bas de l'échelle. Au bout de l'expérience, ils...les ont tous largement augmentés...
Ce genre d'expérience est aisément reproductible en France.
Afin de permettre à nos décideurs de comprendre par eux-mêmes ce que le mot économies veut vraiment dire.
Et de se rendre compte aussi que dès qu’un pauvre est augmenté si peu que ce soit, il se dépêche de réinjecter ses super gains pharaoniques dans le circuit économique, alimentant, même si peu que ce soit, le taux de croissance de l’économie nationale.
Et puis afin de donner l’exemple mille sabords !
Parce que, dites, si les officiers se camouflent en permanence derrière leurs soldats durant les guerres, cela n’incite guère ces derniers à aller se faire trouer la paillasse en démontrant leur ardent patriotisme.
Car si la nation doit se mettre au régime, pourquoi faudrait-il que seuls les pauvres s’y mettent?
Et soient obligés d’aider les plus pauvres qu’eux, comme c’est aujourd’hui le cas ?
Ce sont pourtant bien les mots E-GA-LI-TE et FRA-TER-NI-TE qui sont inscrits au fronton des bâtiments publics non ?
OBESITE: MALADIE DE PAUVRES
Pour en terminer avec la pauvreté dans le monde, une charmante intervenante, membre d’une ONG a fait remarquer que le nombre des pauvres allait en diminuant.
De 1 milliard qu’ils étaient, sur 4 milliards d’habitants, il y a vingt ans, ils ne sont ‘’plus que’’ 700 à 800 millions aujourd’hui sur 6,3 milliards d’humains.
D’accord, 200 millions de gagnés en vingt ans, c’est peu mais bon, contentons-nous en.
Par contre, ce que cette toute charmante a oublié de préciser, c’est l’augmentation du nombre de pauvres dans les pays dits riches.(3)
De plus, si de nombreux Occidentaux paraissent bien nourris, que dire des obèses, dont on sait fort bien à leur propos que l’obésité est une maladie de…pauvres.
Certes, si les malheureux africains en sont réduits à se sustenter avec 1.000 calories par jour, le régime des Français pauvres, avec 1.500 ou même 2.000 calories, générées par des aliments de mauvaise qualité, ne leur garantit sûrement pas la bonne santé mais plutôt la maladie, les douleurs qui en découlent, les problèmes financiers qui vont avec, bref, la vie infernale que les pauvres dans nos pays se voient contraints d’assumer pour que les profits des plus riches puissent augmenter sans fin.
Certes, Jean ZIEGLER, pourfendeur honnête du capitalisme a précisé que pour les Africains ou Indiens, il s’agissait d’une question de vie ou de mort quasi immédiate…alors que nous, hein, l'on ne meurt pas d'un coup des saloperies que nos hyper nous font boulotter.
Mais vu la situation misérable de santé dans laquelle les Occidentaux pauvres sont condamnés à vivre, ou survivre, on finit par se demander quel est l’état le plus désirable : mourir de faim en quelques mois ou passer l’arme à gauche en quelques années ?
De toutes manières l’issue est strictement la même.
Nos dirigeants amoureux de la richesse nous tiennent donc ce langage : ‘’Estimez-vous heureux, nous disent-ils, car vous au moins, vous avez à manger alors que les autres n’ont rien.’’
En d’autres termes, ‘’Soyez heureux, vous êtes unijambistes alors que les autres sont culs de jatte.’’.
Vous parlez d’une consolation.
Heureusement pour nous, tous nos dirigeants, économistes, politiques, présidents directeurs généraux et autres journalistes nous promettent que tout est fait pour que les solutions soient trouvées au plus tôt, portent leurs fruits juste après, et que, après-demain, voire au pire le jour d’après, nous vivions, vous le savez bien, dans le Paradis sur la Terre.
Ca fait deux mille, cinq mille ans, voire bien plus encore que l’on entend toujours les mêmes promesses...et que l'on attend toujours les solutions.
Alors ? Ces bonnes âmes ?
Comme dirait un certain Monsieur Lagardère, ces dirigeants du monde, sont-ils incompétents ou malhonnêtes ?
Eh là...vous n'avez pas honte non? Qui a dit les deux mon adjudant?
(1)Question de choix…
(2) Sans oublier grand intervieweur présidentiel.
(3)Riches pour qui d’ailleurs?
Commentaires
A ce sujet, un paradoxe me frappe de plus en plus année après année : plus nous avons les moyens - entre autre technologique - de résoudre les problemes humains comme la faim, plus nous semblons incapable d'être en mesure de les résoudre.
Pour ma part c'est la certitude que Dieu finira par régler lui même cette situation qui me permet de garder le moral !
@micalement,
Steve