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journalisme - Page 3

  • Les grands hommes de l'année

    Lu dans Time que Georges Bush avait été classé parmi les cent personnes les plus marquantes de l'année 2004.
    Pour un journal, unaniment respecté depuis bientôt 80 ans ''pour son professionnalisme'' comme on dit entre gens tendance, avouons que c'est un vrai record que d'avoir discerné que le président en question avait marqué, fortement pour le moins, l'année qui vient de s'écouler...en plus, pas à lui tout seul, semble-t-il, parmi 99 autres tout aussi marquantes.
    Pour ce qui est de marquer 2004, d'ailleurs, les Irakiens s'en sont aperçus.
    Sans avoir besoin de le découvrir dans Time magazine.

  • Sauvons la planète!

    Comme nous vous l’avions annoncé, il y a quelques semaines, va bientôt avoir lieu, quelque part en Prouvençaou, un…machin, une rencontre de la presse au cours de laquelle vont être débattus les problèmes du moment.
    Les grands, cela va de soi.
    Europe (c’est nouveau), Turquie (c’est nouveau), les journalistes qui prennent des risques à l’étranger (c’est nouveau) et puis et puis…eeeeuhh… peut-être le SMIC de ma copine caissière chez Tougratis?
    Ah non ? Pas çà voyons !
    Pourquoi ?C’est pas convenable ?
    Ecoutez hein ? Les petits trucs sociaux, ça va comme ça. Notre temps est compté vous comprenez…Et puis le machin, comme vous dites, qui organise, comporte dans ses rangs de hautes personnalités et de vos éminents confrères.
    Ouaie…Les confrères, comme le mot l’indique hein?
    Comment? Qu’est-ce qu’il a ce mot ? C’est dans le dictionnaire non?
    Justement, étymologiquement hein ?
    Bon, on s’arrête.
    Dans le panel des invités et drivers du machin, donc, un tas de journalistes de toutes les tailles mais toujours des grands. Aucun séminaire digne de ce nom, aucun forum interplanétaire ne s’aviserait d’inviter de journalistes de taille moyenne, voire normale, et, a fortiori, de journaliste tout court et encore moins de petit journaliste ou journaliste-animateur puisque maintenant…
    Et puis, à l’affiche, le petit format n’attire personne.
    D’ailleurs, comment savoir.
    A cette aune, il est vrai, on ne sait plus guère qui fait quoi et comment ou encore pourquoi, sans oublier à quoi ça peut bien servir.
    Exemple : depuis quelques temps, sur certaines ondes, se tient, tous les jours, une chronique d’une demi-journée, quasiment, tous les jours, et qui est animée par une ex-star du cinéma X qui vous y apprend, entre autres choses hautement culturelles, comment et pourquoi, ou pas, faire croître les dimensions de votre pénis.
    Comme la journaliste-animatrice en question est, en plus, membre active, si l’on ose, d’un mouvement politique tout neuf, l’espoir est permis à tous les malheureux, à tous les réprouvés, à tous les déshérités de la Terre de voir leurs vrais problèmes enfin résolus et être défendus comme tous les esclaves en rêvent depuis Spartacus au moins.
    On va, enfin, s’occuper de leur SMIC !
    Certes, certes, après, tout de même, que l’on se sera inquiété, à longueur de séminaires, des VRAIS problèmes, savoir, l’avenir, ni plus ni moins, de l’Humanité, de la planète tout entière. De la Terre quoi et, via la planète Mars, du système solaire et de la galaxie.
    Euh…pardon. Si vous permettez...
    Oui. Dites..
    La Terre, ne croyez-vous pas qu’il serait bon d’y reprendre pied de temps à autres ?
    Comment? Qu’est-ce à dire ?
    Eh bien oui monsieur, s’il vous plaît.
    Parce que les grands problèmes, les grands journalistes, les grandes solutions, la philosophie moi c’est pas mon, truc vous savez…
    Et je suis pas toute seule.
    Elle a raison ! Et moi monsieur, vous croyez pas que j’en ai ma claque, moi, de faire des ménages ?
    Et moi alors ? Avec mon vertigineux SMIC à 998 euros, avec mes deux gosses j’y arrive plus ! J’y suis d’ailleurs jamais arrivé !
    I moi Msio ? Ji soui crivi di crousi li tranchis. Por it piyi rien di to!
    Et moi cher monsieur, je comprends pas pourquoi l’Etat qui m’a toujours assuré de sa reconnaissance et de son attachement à veiller sur mes droits de retraité, rogne discrètement chaque année un peu plus sur mon seul moyen de subsistance.
    Et moi mon fwouaiw, y en a maw de baléyé l’ivew. Fwigowifié, jeeulé je suis. Et eeen plus, je cwèv de fin !
    Oh eh mon pote, et moi j’en ai ras la casquette de la taxe télé et des impôts locaux qui connaissent pas le régime minceur !

    Et moi monsieur, je suis fatiguée fatiguée d’être caissière parce que chez Tougratis, moi, ils ne font pas de cadeau à moi !
    Oh collègueu ! Moi les parquemètreus qui marcheu jamèèès et lé PV pour 3 minuteus, ça commence a bienfèèreu heing ?
    Et moi…
    Bon écoutez, comme ma femme n’est pas là, moi j’ai ma lessive à faire. Et après j’ai à écrire des articles sérieux.
    Sur les grandes questions du moment : l’Europe, l’Irak, la Turquie, les problèmes de nos grands journalistes quoi…Les VRAIS problèmes.

  • L'interview du siècle

    L’interview du siècle ?
    Quest-ce que ça veut dire encore?
    Ben vous savez duquel on cause voyons.
    Ah bon?
    Oui ! C’est ça!
    Alors ? A ce qu’il paraît, Marc-O, JLD et on sait plus qui, vont jouer au journaliste ?
    Eh oui.
    D'ailleurs,il faut bien reconnaître que, en plus d’être copieusement payé, le travail en question n’est pas tuant.
    Tout de même....
    Les questions on les connaît, ce qu’il faut dire ou pas aussi.
    Les réponses, ben quoi les réponses ?
    On les connaît aussi voyons !
    Ah? Bon d'accord d'accord.
    Dites, vous ne voulez pas en plus, que l’indescriptible angoisse de l’inconnu paralyse l’interviewé non ?
    OK ok.
    Alors, et en face?
    En face? La voix du peuple. Enfin presque.
    Des mouflets sans couteau entre les dents, peut-être, on sait jamais ça fait people, en jean-string, ou alors si ça se trouve sans cravate parce que c’est la mode, bref, du répondant quoi. Pas chinoiseur, pas mégoteur, pas agressif, rien que du contradicteur normal.
    Contradicteur ?
    Enfin on verra.
    Des débordements, des dérapages possibles, voire quelques gros mots dont MOF a le merveilleux secret ?
    Pas sûr sûr. Mais bof! MOF s’arrangera pour expliquer à Claude que c’est ça qui fait peuple hein ?
    Ah, au fait, les journalisses politiques pros, eux, ont fait un ramdam pas possible.
    Et de couiner. Oui, c’est que du spectacle ! Et nous on est pas de la crotte ! Eux c’est rien que des présentateurs animateurs ! La mission sacrée de notre profession va être irrémédiablement souillée!
    Ah bon ? Parce qu’il n’y a pas de journalisses présentateurs-animateurs et qui, en plus, rechignent pas à faire des ménages chez Coca-Cola ou dans les 4 coins de l’Hexagone (qui en a six on sait on sait !) peut-être ?
    Et puis ça date que d’hier l’indignation commune et solennelle ? Parce qu’avant, et de puis pas mal de temps, ils n’existaient pas les MOF, BOF, JLD et même Poivre d’Arvor ?
    Et il n'y en a pas qui y vont ferme dans le spectacle de l'info?
    A croire, ma parole, qu'il n'y a qu'eux pour avoir le droit d'agiter des hochets devant le bon peuple aux yeux ronds et à la bouche ouverte.
    Arrêtez de faire rigoler, on a les lèvres gercées.
    Penchez-vous plutôt sur un des effets collatéraux de cet affrontement aussi historique que titanesque : il n’y a pas de femme parmi les intervieweurs ! Et la parité alors ?
    Ah mais !
    Il aura donc été si difficile de trouver une battante, une tigresse, une journaliste ou, même, une animatrice mais costaude, bien agressive, bien indépendante d’esprit pour, sinon mettre en danger, du moins en difficulté l’illustre interviewé ?
    Pourtant il n’en manque guère.
    Tenez, il nous en vient juste une à l’esprit. Qui, comme par hasard, va avoir du temps pour ça puisqu’elle va être…euhhh disons remerciée par TF1.
    Non non, pas virée. Ca c’est quand on ne touche pas d’indemnité et qu’on va à l’ANPE.
    Disons juste qu’elle s’en va très bientôt.
    Eh bien elle est libre. Pourquoi on ne l’a pas choisie ?
    Qui c’est ?
    Ben Claire Chazal voyons !
    Quoi quoi, elle n’a pas le profil ?
    Ah bon !
    C’est sûr ça ?
    Bon eh bien c’est triste.
    Excusez-nous.
    C’est de notre faute après tout.
    On n’a encore rien compris au journalisme.

  • Conseiller présidentiel.

    J’aime bien rêver.
    D’ailleurs, les medias et tous nos grands chefs ne nous disent-ils pas que nous avons tous besoin de notre part de rêve ?
    Papa Noël, le Bachelor, les baisses d’impôts, la TNT, OM-PSG, Zidane, aaahhh ! Zidane, la tristesse princière monégasque, la nouvelle Mercédès, la solennelle communion…(Non je l’ai pas dit !), aaaahhh : tout ce rêve.
    Bon. Faut aller bosser lundi matin.
    Tiens, c’est aujourd’hui ?
    Dac. On y va.
    Pour parler d’un rêve.
    Ah non alors ! Décidément !
    Si si. Ste plaît. Juste 2 minutes !
    Bon allez faite vite ! Y a le chef qui attend !
    Ca va ça va, on va faire fissa.
    Bon. Vouzavez pas ouï, ce matin, sur une radio bougrement européenne ce qu’on y disait sur une quadra modèle qui a réussi ?
    On parlait de Claude Chirac. La fifille à son papa.
    Réussir à être la fille de son père c’est pas mal non ?
    Et puis le journalisse y disait qu’elle excellait à peaufiner l’image de marque de son pape à la télé, face aux medias, aux électeurs etc.
    Là, c’est plus coton. Pour arriver à émerger dans l’océan d’images dans lequel nous baignons, il faut être spécialiste de la brasse coulée.
    Ce que manifestement elle pratique bien.
    Disons, tout de même, qu’elle fait bien son boulot.
    Elle est pas mal payée non plus on pense.
    Mais là où le rêve s’enjolive c’est que, après…euh, enfin après, eh bien elle veut vivre la grande aventure en…Californie.
    Eh oui !
    Ma copine, caissière chez Inter, qui m’a commenté l’émission, m’a confié que ça lui avait drôlement plu cette histoire ? Vraie, vécue en plus.
    Parce que elle, ma copine, la Californie, elle, voudrait bien, s’y installer.
    Un jour. Mais pas pour le moment ; c’est pas trop possible.
    Son bonhomme, il a filé, ses deux mouflets, elle les fait garder comme elle peut, sa maman, elle est au chômage, et son papa, peuchère, ben il est mort.
    Quant à la bagnole qui tousse, la chasse qui fuit et l’évier qui se bouche, je vous dis pas.
    Alors la Californie, elle y pense, elle y pense.
    Mais bon, faute de ça, entendre qu’il y en a qui peuvent, c’est pas si mal.
    Elle se dit qu’un jour, on sait jamais, au Loto ou au quinté, hein ?
    Allez va.
    Ils sont pas si mauvais les journalistes.
    Ils font rêver.
    Et puis ça fait monter l’audimat.
    Logique : il y a nettement plus de caissières de supermarchés que de conseillères du président de la République.

  • Journalisme: No future

    Lu sur le site de FLJ, le commentaire, pour le moins désabusé, fait par un journaliste américain sur la profession, sa profession.
    Nous en citons, ici, quelques lignes. Version, sinon expurgée, du moins notablement raccourcie:
    ''Nous sommes les outils obéissants des puissants et des riches qui tirent les ficelles dans les coulisses. Nos talents, nos facultés et nos vies appartiennent à ces hommes. Nous sommes des prostituées de l'intellect. Tout cela vous le savez aussi bien que moi!''.
    Il s'adressait, ce journaliste, à ses collègues au cours d'un banquet - çà mange un journaliste, autant qu'il mange bien - qui était offert à son club, de journalistes, par on ne sait quel généreux sponsor. Cette largesse d'on ne sait plus qui, n'empêchait pas notre collègue de rester lucide pour ce qui était de son travail, de sa situation, de son avenir.
    Sombre, manifestement.
    Cet avenir, nous y sommes. En effet, le journaliste, c'était John Swinton (1). Le repas se déroulait à New-York et c'était le 25 septembre...1880. Il y a 124 ans!
    Alors?
    Vous pensez que ''çà'' a beaucoup changé depuis?
    Certes, les journalistes sont toujours honnis par tout ceux qui, de près ou de loin, ont le pouvoir. Et ils le payent cher. Surtout, d'ailleurs, en ce moment, les journalistes, héroïques, pauvres, souvent bénévoles, des pays d'Afrique mais aussi de tous ceux où la dictature armée tient lieu de démocratie.
    Nos journalistes à nous connaissent également un sort analogue. Dans les pays éloignés s'entend. On le voit avec notre malheureuse consoeur actuellement torturée par l'angoisse et on ne sait trop quoi de pire, parce qu'elle est simplement journaliste. Mais qu'aussi, parce que son enlèvement tient lieu de moyen de pression pour obtenir...allez savoir quoi.
    Il est, cependant, une erreur d'évaluation à ne pas commettre.
    L'arbre ne doit pas cacher la forêt.
    Si elle, et nos autres confrères, risquent leur peau en Irak ou dans les pays en guerre ou en troubles politiques, tous les journalistes, au quotidien, dans les pays riches, risquent, au minimum, leur place, et au maximum, de gros gros ennuis, voire plus, s'il leur vient à l'idée, seulement, de dépasser la ligne jaune de la bien-pensance (2). De la pensée unique. Résultat:l'ordre bien pensant règne...un peu partout dans les pays prospères.
    Ce qui veut simplement dire que s'il y a des horreurs à dénoncer outre-frontières, elles sont, ces horreurs, bien exotiques, donc plus aisées à faire connaître. Moins dérangeantes...chez nous.
    Les pouvoirs locaux sont bien loin là-bas.
    Donc, moins à craindre pour ce qui est des interventions et censures possibles sur les articles paraissant ici.
    Et puis, il est plus vendeur de faire s'apitoyer les lecteurs et téléspectateurs sur les abominations, bien visibles, de la guerre meurtrière au canon et à l'explosif, plutôt que sur celles, bien cachées, moins sanglantes mais tout aussi destructrices de notre système social, politique et économique.
    Ces horreurs, les nôtres, sont moins visibles. Mais bien présentes. La misère qui n'ose pas dire son nom. La gêne, la pauvreté, l'humiliation de millions de, comme disaient les nazis, ''untermenschen'', sous-hommes et sous-femmes qui ne méritent même pas qu'on en parle, n'est-ce pas?
    En effet. Ne sont-ils pas heureux, tout de même, ces gens-là de vivre dans une nation si riche? Où ils peuvent s'alimenter en pitance au rabais dans les discounts et s'abrutir devant les télépitreries de bas étage?
    Du pain et des jeux. Panem et circences. Cà remonte à loin.
    N'est-ce pas le bonheur de vivre heureux dans un pays occidental prospère tel que le nôtre?
    C'est vrai. On ne peut pas faire pleurer Margot en ressassant les difficultés à vivre dans notre pays de un à deux millions d'hommes et surtout de femmes, qui ont la si mirifique chance de percevoir tous les mois le vertigineux SMIC de 950 euros par mois!
    Et qui vivent, somme toute, très normalement. Avec des salaires, on l'a dit, considérables.
    Qui ont de quoi faire rêver tous les Angolais, Maliens, Sahraouis, bref, tous les Africains, Chinois et Indiens de la terre, dont ces largesses feraient, dans leurs pays, de vrais nababs!
    Alors? Eh bien, c'est très simple. Dans notre pays à nous, il n'y a donc pas d'avenir pour le journalisme puisqu'il n'y a rien à dire de vraiment spectaculaire. CQFD.
    Pour ''faire'' du journalisme, pour pouvoir dire, il faut faire dans l'exotisme. Aller voir ailleurs ce qui ne va pas. Puisque chez nous tout, ou quasiment, va si bien.
    No future le journalisme?

    (1):Cité dans Labor's Untold Story e Richerd O.Boyer et Herbert M. Morais. NY 1955/1979)
    (2)Au fait, il y a belle lurette que les lignes jaunes sont peintes en blanc hein? Alors...