Aucun ?
Ben oui, peut-être peut-être mais, comme toujours, en apparence seulement.
Rappelons donc en quelques mots, en quoi ces avatars (1) de notre civilisation judéo chrétienne en sont les archétypes, autrement dit, les symboles on ne peut plus précis, de ce qu’elle peut engendrer comme modèles, en meilleur…ou en pire et nous présenter comme des exemples typiques, archétypiques donc, de ce quelle prétend être: le Progrès à visage humain.
Ouf !
Bon...Compliqué, embrouillé, obscur, confus tout ça?
Allez, on explique.
Ainsi donc, le présentateur que la galaxie entière nous envie, s’en va bientôt, escorté, paraît-il disent les sondages, par des torrents de larmes versées par les ménagères de plus de 50 ans, à l’esprit pas souvent, et pas vraiment, critique.
Auteur d’une ribambelle de livres dont l’histoire littéraire ne gardera, c’est notre avis, guère plus de souvenirs que les lignes, pas vraiment immortelles, que nous leur accordons, notre demi-dieu en forme d’homme tronc (2), a donc été sacrifié sur l’autel de l’Audimat, ce qui montre bien que les temps changent puisque, après avoir été copieusement nourri des sacrifices et multiples dons des téléspectateurs et lecteurs épastrouillés par son ‘’grand professionnalisme’’, c’est au demi dieu en question d’être sacrifié à son tour, afin de céder la bone place à quelq'une qui se gavera au moins autant que lui sinon plus. Manger et puis être mangé, c'est la dure loi de l'ultralibéralisme journalistique à visage sinon humain du moins télégénique.
Ce qui démontre aussi qu’existe quelque part et quelquefois, une espèce de justice immanente.
A ceci près que ce sacrifice-là va coûter très cher aux millions de chers, aussi, admirateurs, puisque c’est eux qui vont payer, directement ou non, les indemnités de départ de ce présentateur doré et pas seulement sur tranches.
Car, non content d’empocher les sommes rondelettes auxquelles sa carte de presse lui donne droit, un mois de salaire brut par année de présence, notre très cher ami va empocher des sommes que lui seul …ou/et le système qui l’a engendré, estiment qu’il vaut, en l’occurrence…4 millions d’euros.
Ben oui quoi, quand on voit les scandaleux montants des parachutes dorés exigés par les copains médiatiques de notre homme (3), il a des exigences d’une très vertueuse modestie.
Les touchera, les touchera pas ?
Nous on pense qu’il les touchera et, peut-être, encore plus. Et qu’il s’en mettra, très probablement, encore un peu plus dans le gousset en pondant un nième bouquin. Bouquin où il contera les palpitantes péripéties qui auront marqué son déchirant départ, mais aussi les dures conditions de travail qu’il aura subies, durant son courageux combat trentenaire visant à faire éclater la vérité tous azimuts, au travers de ses commentaires et interviewes, tous très remarqués en ce qu’ils ont toujours mis à mal les puissants et pris la défense et réconforté le petit peuple.
Enfin pas tout à fait mais presque, puisqu’il a convenu, un jour, que les journalistes ‘’étaient là pour lisser l’information.’’.
AVANT LA MISE A MORT
Lisser ?
Lisez les journalistes sont chargés de faire disparaître tout ce qui peut déranger, déranger les puissants on s’en doute, et donner au populo son comptant quotidien de rêve et de promesses rassurantes et jamais tenues…c’est d’ailleurs pourquoi il faut les répéter sans cesse.
En clair : le travail du journaliste consiste à détourner l’attention de ses lecteurs des véritables problèmes, pendant qu’en hauts lieux, on les leur fabrique, concocte et accumule...pour leur affirmer crânement, campagne de pub à l'appui, qu'ils sont heureux, puisque leur pouvoir d'achat a augmenté et que leur avenir est radieux, même s'ils pensent, et surtout vivent, le contraire en râlant à perdre la voix.
Kif kif le taureau qui s'échine à se battre contre ce qui l'attend, et qu'il attend confusément, et poursuit un leurre insaisissable avant sa mise à mort. Comme disait Bourdieu, ‘’les faits divers c’est pour faire diversion.’’ Faits divers, paillettes, vie par ‘’héros’’ interposés…vie virtuelle pour ne pas penser à la vie réelle, s'étourdir pour ne pas péter les plombs en fait.
Dur ?
Prouvez donc le contraire.
Et si vous êtes smicard, vous devez savoir de quoi qu'on cause....
Voilà voilà. Comme le disait un confrère américain (tout arrive), cité par serge Halimi, le journaliste ‘’doit réconforter les affligés et affliger ceux qui vivent dans le confort.’’
Doit ?
Devrait eh oui…
On ne pense pas vraiment que notre demi-dieu, bien nourri par ses millions d’admirateurs, dont pas mal d’affligés, les ait tous réconfortés en affligeant ceux qui vivent, très largement, dans le confort.
Mais il y a une justice immanente avons-nous dit.
Et qui prend forme, justement avec l’éviction de notre téméraire défenseur de la veuve et de l’orphelin, qui sera remplacé par une présentatrice, évidemment plus séduisante, plus apaisante, plus…réconfortante, -réconfortante pour qui on s’en doute-, donc plus propre à faire rêver le gogo et à lui dire que demain est un nouveau jour, plein d’espoir puisque c’est bien ce jour-là, demain donc, qu’on les rasera gratis.
LE HAUT CONTRE LE BAS
Ce renouvellement du petit personnel, les grincheux diront, certes, qu’il coïncide curieusement avec la disparition de la pub pour la télé publique, et que cette dernière va aller regonfler, comme par hasard, la bourse des télés privées, amies de tous les pouvoir et dont, hélas, les grandes qualités et l’objectivité sautent de moins en moins aux yeux des chers téléspectateurs pourtant pas difficiles et très peu regardants bien qu'ils soient censés regarder.
Et ils ajouteront, ces grincheux, que l’on ne peut que souhaiter que les journalistes, ceux du moins qui essaient de l’être au meilleur sens du terme, comprendront, enfin, que ce qui leur arrive était écrit dans la permanente compromission, voire complicité active, qu’il observaient avec la France d’en haut, que dis-je, le monde d’en haut, au grand dam de celle et de celui d’en-bas.
Le haut contre le bas. Rien de bien nouveau…
C’est, pourtant, inéluctable. Si les journalistes se sont conduits, peu ou prou -et plutôt prou que peu- comme les chiens de garde (4) du pouvoir économico-politique, le pouvoir, les pouvoirs, vont donc désormais leur faire comprendre que leur laisse, à ces grands prêtres de l’information objective, va être encore plus courte et leur collier nettement plus serré…
Et que, s’ils renâclent, ils ont intérêt à repérer fissa où se trouve la porte de sortie, vu que, du fait des concentrations médiatiques et de la rentabilité obligatoire, le monde de l’information, si l’on appelle ça comme ça, va avoir de moins en moins besoin de… courtisansSony nous a, récemment, montré que d'idi à quelques années, il serait possible d'expédier des robots caméras enregistreurs et commentateurs, qui feront un aussi bon boulot que les humains, et bien meilleur, en réalité, vu que les robots ne coûtent que le contrat de maintenance qui va avec, sans grève possible, qu'ils ne mangent ni ne boivent, et, surtout, qu'il n'y a aucun risque qu'ils y aillent de commentaires et de critiques autres que ceux qu'on leur aura programmés au préalable.
FEIGNANTS DE FRANCAIS
Et les 35 heures, direz-vous ?
En fait, il ne s’agit pas des 35 heures mais des…60 heures, voire 65 ou 70 que, à Bruxelles, les députés ont décidé d’autoriser dans les entreprises, puisque les Européens, nous le serinent assez les Américains et les Chinois et tous leurs copains bien pensants français, sont des feignants invétérés, et qu’il urge de les faire enfin bosser pour que notre économie puisse, tout de même, retrouver des couleurs , vu que malgré les incantations de nos responsables économiques, notre taux de croissance tend à s’accroître… négativement.
Ben oui : 60 heures, c’est pas la mer à boire allez. Des générations d’esclaves ont travaillé à ce rythme durant des siècles, et en particulier au XIX°, et notre économie ne s’est jamais si bien portée que grâce à ces horaires d’une logique ultralibérale absolue.
60 heures : les journalistes en sont toujours aux 35 évidemment et le seront probablement encore longtemps mais, comme la menace ne sera pas pointée vers leur colonne vertébrale, mais seulement si elle est assez souple pour éviter d’irriter les tireurs, ils ne se sont guère répandus sur ce retour aux conditions de travail du Moyen Age.
Pas plus, d’ailleurs, que nos courageux vrais socialistes n’ont daigné se saisir de la question, tout heureux de la mise en place par la droite, d’un esclavage millénaire bien efficace et bien rentable et pour lequel ils pourront plaider non coupable, au cas, assez invraisemblable où ils reviendraient aux affaires.
60 heures de travail ? 65 heures ? Payées au SMIC chinois ?
Pourquoi en parler puisqu’il s’agit là d’un sujet qui ne concerne pas les journalistes, socialistes ou pas...et que l'affaire est dans le sac. il suffira d'une bonne concertation avec les représentants syndicaux, qui accepteront une demi mesure -qui ne gênera pas trop les représentants syndicaux- et la décision finale viendra, comme on a commencé à le voir, dans un sens diamétralement opposé à ce qui aura été conclu. La concertation sociale c'est simple: on discute largement, on se concerte, on confronte les points de vue puis...le décideur décide, comme il a de toutes manières décidé depuis bien longtemps.
Dites moi, maintenant, vous croyez, vous, qu’on va pleurer sur le sort des journalistes (sic) qui couinent sur la mainmise du privé sur l’information, mainmise qu’ils ont ardemment travaillé à mettre en place ?
Cette mise au pas des appétits de presse des groupes économiques avait, pourtant été interdite par les strictes lois issues de la Résistance, afin d'encadrer radios et journaux...et journalistes, et qui ont suivi la fin de la guerre de 39-45. Et ce, afin d’empêcher que l’information ne devienne la propriété des pouvoirs financiers, économiques ou idéologiques quelconques...avec tous les excès que l'on a pu voir par le passé...et que l'on voit, de nouveau, de nos jours: compromissions, complicité, corruption, désinformation.
On voit, cinquante ans plus tard, ce qu’il en reste.
Quant on entend, en plus, certains de nos chefs suprêmes se réclamer de l’héritage du général de Gaulle…
Il a de quoi, le brave homme, se retourner dans sa tombe, même s’il a passablement…dominé le problème avec l’ORTF.
SEMAINE DE 60 HEURES POUR LES DEPUTES?
Et l’Europe direz-vous ?
On y est, en plein.
Les Irlandais ont dit non, mais tout est mis en œuvre pour leur faire dire oui, à eux, mais plus sûrement encore à leurs députés.
Lesquels n’ont plus guère d’irlandais que le nom.
Désormais, le simple qualificatif de députés européens leur va bien mieux. En effet, ils partagent cette caractéristique avec tous les élus de tous pays : ils ont en commun d’excellents salaires mais aucun des problèmes vécus au quotidien par ceux qui les ont mis en place et qui ont, eux, et en commun vraiment entre eux et entre autres soucis, un pouvoir d’achat déclinant qu'une campagne de pub télévisée va nous démontrer, petit a petit b, qu'heureux nous sommes, puisque ce mirifique pouvoir d'achat a monté et pas descendu comme tous les smicards (plus 9 centimes d'augmentation de l'heure les veinards) le couinent à tous les vents.
Le bon docteur Coué ne faisait pas autrement en nous apprenant qu'à force de dire voire de brailler bien fort, ''Je ne suis pas malade'' tout au long de la journée, on finissait par se retrouver en bonne santé. Aphone peut-être mais tout regaillardi..
60 heures pour les députés européens ?
Vous rigolez non ?
Leur taux d’absentéisme à Bruxelles est tel, qu’une petite étude, dont plus personne ne parle, avait abouti, il y a un an et demi environ, à proposer de suspendre leurs émoluments…au prorata de leurs heures de présence.
Mais bon…
Mieux vaut passer sous silence...ce que n'a pas fait notre bon ministre, monsieur Xavier BERTRAND, qui a confié à une charmante intervieweuse de Canal+, bien connue pour son indépendance et sa hargne à faire connaître la vérité, que lui, ministre d'Etat, se levait à ...six heures du matin, pour aller bosser.
Splendide exploit non?
Sauf qu'il y a entre 3 et 6 millions de Français qui en font tout autant, et qu'une bonne partie d'entre eux passent deux à trois heures dans les transports publics ou privés et ne sont pas payés pour...en tous cas s'ils le sont, c'est ou ce sera à hauteur de cinquante à cent fois moins qu'un ministre qui ne se déplace, lui, qu'en voiture de fonction.
Cela dit, la journaliste(sic), courageuse mais pas téméraire, n'a pas osé non plus demander à son ministre pourquoi il lui était récemment advenu un énorme trou de mémoire qui l'avait poussé lors d'une récente séance de concertation sociale, à accepter certaines conditions en discutant avec les représentants syndicaux et, à signer exactement le contraire, une fois rentré au bureau.
Archétypes que tous ceux-là ?
Pas qu’un peu.
On résume ?
Etre député européen signifie-il qu’on représente vraiment mieux le peuple et les intérêts des électeurs dont on est au plus près ? Et être député d’ailleurs ? (5)
Et être ministre sinifie-t-il affirmer voire signer tout un jour et son contraire le lendemain?
Et les salaires des journalistes sont-ils mérités au prorata de leur ardeur à remplir la mission de réel contrepouvoir qu’ils sont censés accomplir?
Enfin, les directives européennes sont-elles, telles qu’on nous les vante, la meilleure, la seule manière d’accéder au plus tôt au paradis de la démocratie, savoir, une meilleure vie pour tout les individus de tous peuples ?
A vous de répondre.
Et bon courage..
(1) Les avatars sont non seulement des changements de situation plus ou moins catastrophiques mais également les noms utilisés par les hindous anciens pour désigner leurs dieux et demi-dieux.
(2) Afin de garder intacte son aura de grandeur et de respectabilité, il ne serait pas logique qu’un demi dieu puisse être vu en entier. Et puis vu, aussi, le peu d’importance de l’offrande redevance qui ne peut permettre à n'importe quel contribuable de bas étage venu, d'accéder au privilège de l'image du dieu au complet.
(3) Hasard ? La police et la justice sont, quand même, pas si mal faites. Des mises en examen pour faux, usage de faux et recels viennent d’être annoncés et touchent un ancien grand patron de télé, bénéficiaire de somptueux avantages, et qui avait signé de curieux justificatifs antidatés permettant à ses copains à lui d’être…licenciés, avec vingt fois plus en poche. Une quarantaine de millions d’euros chacun. Chouette non ? Le hic: d’une manière ou d’une autre, c’est, aussi, la redevance, donc vous et moi qui payons..et la pub aussi, que nous payons encore...
(4) Relire ou lire à ce propos l’ouvrage de Serge Halimi qui porte ce titre, aux éditions Raisons d’agir.
(5) Allez va, on vous l’accorde : il y en a, on en connaît, qui se dévouent vraiment. Et de tous bords encore. Mais, hélas, ils ne sont pas légion.