La principale caractéristique de la conjoncture planétaire au fil des époques, a été, depuis une vingtaine d’années à maintes et diverses fois, interprétée, déchiffrée, décryptée.
Selon les époques, les ''ères'', on a discerné succsssivement dans la suite des systèmes en place, la fin de la domination dogmatique religieuse, puis l'avènement du siècle des Lumières et de la raison, suivi par celui du scientisme, du Progrès et de l’évolutionnisme, à qui succéda la libre pensée. Suivit la montée du laïcisme et la séparation des Eglises et des Etats, qui se concrétisa, enfin, par la mise au pas des religions par le marxisme et le capitalo-libéralisme notamment.
Plus récemment, dans sa ‘’fin de l’Histoire’’, Francis Fukuyama a voulu voir dans l’effondrement de l’URSS, l’arrêt de la saga humaine alimentée par les seules luttes politiques et militaires, voire, confusément philosophiques, voire religieuses.
Toutes ces interprétations n’étaient pas fausses mais très partiellement vraies.
Et quelques articles écrits par des journalistes très au fait, eux, de la chose religieuse, islamique en particulier, viennent nous fournir ce qu’ici nous considérons comme un début de solution au problème plein d’interrogations, que constituent les affrontements sanglants des forces de pouvoir et de leurs irréductibles opposants, dont font partie les terroristes.
En effet, comme le mentionne le N° 767 de Courrier International, les journaux arabes Asharq-Al-Awsat, Al-Hayat ou Elaph (En ligne), voient dans l’attentat de Londres, une manifestation du ‘’fascisme islamique’’ , seulement sous-tendu par la misère de pays arabes, mais avant tout, fondé sur une volonté absolue de conquérir LE pouvoir.
Le Daily Times de Lahore au Pakistan, cité par le même numéro, est plus précis encore lorsque, sous la plume de Miranda Husain, il écrit que ‘’ le ‘’projet’’ d’Al-Qaïda viserait à mettre à la tête de différentes nations, des individus qui, s’ils ne partagent pas intégralement l’idéologie de l’organisation, tout du moins ne contestent pas directement ses ambitions politiques.’’
D’où, en déduit notre confrère pakistanais, ‘’son but (qui) est de changer le système par la force’’.
En fait, de conquérir le pouvoir.
Bien vu !
A ceci près que cette lutte pour le pouvoir ne date pas d’hier et n’affecte pas seulement les islamistes et les démocraties.
Il est aussi vieux que les civilisations.
Le traces visibles de la lutte pour le pouvoir, en fait entre les pouvoirs religieux et laïc, on les trouve inscrites dans l’histoire sumérienne, grecque, égyptienne, romaine, orientale et occidentale, bref, les traces de lutte et la lutte elle-même sont universelles, jusqu’à nos jours.
Et les évènements majeurs qu’ont constitué, en France, la loi Combes, et dans le monde, les guerres de 14 et 39, la crise de 29 et l’éclosion du libéralisme et de tout ce qui a suivi, sont tous cousus de ce fil conducteur qu’est la lutte pour le pouvoir entre laïcs et religieux.
Il serait naïf de ne pas se souvenir que toutes les civilisations, sans exclusive aucune et même les plus ‘’primitives’’, sont fondées sur les religions.
Dès leur plus jeune âge, les humains, en totalité, sont ainsi modelés par la religion de leurs géniteurs.
Et ce qui devrait en théorie les réunir, l’altruisme que prétendent enseigner toutes les religions, n’est qu’égoïsme donné en fait en exemple par les ecclésiastiques de tous bords et avides de pouvoir.
Ainsi, a-t-on pu voir toutes les guerres, 14 et 39 en particulier, faites soit au nom de Dieu, soit avec son ‘’aide’’ aux dires, tout du moins, des laïcs avec qui les religieux faisaient cause commune...faute de mieux.
Catholicisme, protestantisme, orthodoxie, mais aussi hindouisme et autres bouddhisme, quoi qu’on en dise, ont tous, à un moment ou un autre de leur histoire, suivi le même schéma, mis en place et suivi par leurs dirigeants, assoiffés de pouvoir.
Aussi bien, rien d’étonnant au fait que l’islam, et aujourd’hui l’islamisme, aient suivi la même démarche.
TOUJOURS LA MEME HISTOIRE
Et il serait encore une fois puéril de penser que depuis la nuit des temps, le pouvoir sur les masses populaires n’ait pas été le perpétuel enjeu des laïcs et des religieux.
Qui va gouverner le monde ? That is the question.
Selon les lieux et les époques, les peuples furent donc gouvernés soit par les uns soit par les autres.
L’Histoire ne repasse pas les plats ?
Bien sûr que si. Et toujours de plus en plus réchauffés.
Et la malignité politique des dirigeants est telle que, la plupart du temps, sabre et goupillon, quand ils ne se combattent pas, font alliance, en coulisse ou pas, afin de se partager le pouvoir et, surtout, les avantages bien tangibles qui vont avec.
Mieux encore : nous avons, d’ailleurs, sous les yeux, nous disent les commentateurs, les agissements, à découvert désormais, du pouvoir américain où le laïc assume désormais ET le pouvoir temporel, ET une sorte de pouvoir religieux puisque.
Bible en main, l’Ordre US s’impose à la planète entière.
Il ne faut, dès lors, pas s’étonner qu’en face, l’Islam, du moins sa partie la plus radicale, réponde avec les mêmes arguments…sinon les mêmes moyens mais avec le même genre de violence.
Certes, l’Islam se veut religion pacificatrice et l’on peut donner acte à la majorité des musulmans de préférer la paix à la guerre.
Encore que certaines sourates incitent à la disparition des infidèles tout de même…On est loin du ‘’aimez-vous les uns les autres ‘’ du Christ qui en a donné un exemple unique.
Néanmoins, ce ne serait que pur angélisme que d’ignorer que, quelque part, dans les consciences de populations, modelées dès l’enfance par des religions et des religieux, ne naissent pas certaines ‘’compensations’’ enthousiastes et revanchardes à l’annonce de déboires US, comme on l’a vu avec les débordements de joie populaire et moyen orientale, qui ont accompagné le drame des tours jumelles.
Débordements que l’on comprend : mais la pauvreté endémique des pays arabes et les actions violentes dont certains sont victimes ne résolvent rien et n’ont, hélas, qu’un résultat : attiser les affrontements présents et à venir.
D’autant que bien des pays africains, tout aussi voire bien plus, pauvres, n’ont pas la même démarche ‘’compensatoire’’ à l’égard des quelques riches occidentaux, pourtant tout aussi coupables de la misère africaine.
Il reste de tout cela que le seul problème sous tendant les guerres et autres luttes politiques du passé, du présent et, malheureusement, de l’avenir, ne sont et ne seront que des manifestations mille fois recommencées, de la sempiternelle lutte pour le pouvoir.
Et toutes les lamentations des religieux les plus ‘’civilisés’’, qui n’en finissent jamais d’en appeler, en vain, à la paix, seraient seulement dérisoires si elles n’étaient pas aussi hypocrites.
A ce niveau, toutes les religions sans exception, ont toujours suivi le même chemin, eu la même démarche, poursuivi le même but.
Où est-il le temps où un fauteur de guerre était, automatiquement, excommunié au nom de la morale d’amour d’autrui, professée par le dogme ?
Encore que dans pareils cas, le fautif était, en fait, coupable, d’avoir fait la guerre sans l’accord des autorités religieuses en place…
Prêcher la paix est une chose.
En donner l’exemple en est une autre.
EN FINIR ?
Aussi bien, la lutte pour le pouvoir jetant, désormais, le masque, et s’affichant sur la place publique, on ne donne pas beaucoup de chance au religieux face au laïc.
Certes, les islamistes ont compris qu’aux exhortations enflammées, il fallait désormais ajouter la kalachnikov et le Semtex. Comme disait, n’est-ce pas, Staline, ‘’Le Vatican, combien de divisions…?’’
Cependant, si les orthodoxes serbes ont su ‘’génocider’’ sans trop de risques les musulmans à Srebrenica et ailleurs, si les popes ont mis en place un système économico politique très matérialiste, compère du pouvoir russe, si les Hindous sont si voisins de la direction des affaires par partis nationalistes interposés et si l’esprit confuciano-bouddhiste chinois reprend du poil de la bête, on voit mal les catholiques reprendre les armes, quand bien même ils l’ont amplement fait jusqu’à aujourd’hui et quand bien même toutes les religions dites chrétiennes ont mis largement la main à la pâte sanglante des deux plus grandes guerres qu’a connues l’Humanité.
Et, que l’on sache, les industries d’armement n’appartiennent pas, encore, aux ‘’grandes’’ religions. A part que leurs patrons, sinon leurs actionnaires, vont tous ou presque à la messe ou à l’office.
Aujourd’hui, la propriété du pouvoir semble donc inaccessible aux religieux qui se doivent d’afficher une façade discrète, désintéressée et altruiste, mais n’ont toujours pas digéré leur éviction du trône suprême par la démocratie peu partageuse.
Il ne faut, d’ailleurs, pas voir dans la fort médiatique lutte contre les sectes, - excellente recette journalistique dans certains pays dont le nôtre -, autre chose qu’une manière bien à elle que les Eglises ont d’écraser tout ce qui oserait leur prendre une part, même microscopique, de ce pouvoir.
Accessoirement, ce n’est pas une coïncidence si les associations anti-sectes françaises et européennes, sont majoritairement composées de ‘’croyants’’. Ils s’en défendent, d’ailleurs, comme s’ils en avaient honte, alors que leurs fondateurs, cadres et structures dissimulent très mal leurs attaches et leurs amitiés. Le pouvoir laïc qui les protège trouvant là une façon de calmer les appétits religieux qu’il subventionne, par ailleurs, de multiples manières.
Néanmoins, si les religions n’ont pas su se faire une raison, mais que le pouvoir civil, lui, n’a pas, mais alors pas du tout, l’intention de leur céder la place, il va bien falloir conclure.
Voilà voilà.
La ‘’Fin de l’Histoire’’, et pas celle de Fukuyama, s’annonce désormais clairement.
Religion vs démocratie.
Certes, dans tout combat, il y a une phase, des phases, d’approche, d’observation, d’escarmouches.
Mais il faut bien en finir un jour.
Ce jour nous semble très proche.
Ca risque fort de ne pas être triste.