Encore les ouacances ?
-D’abord pourquoi ce mot ridicule pour dire que vous avez pris des vacances comme tout le monde, enfin ceux qui le peuvent ?
-D’abord, chers amis, le ridicule est affaire de point de vue.
Et de tolérance mutuelle. Si vous lisez, allez- y de vos commentaires mais poliment et de manière structurée, argumentée, y compris à l’aide du dictionnaire si nécessaire.
Regardez les Anglais. Certes, ils consomment avec le thé pas mal de commentaires journalistiques nauséabonds au breakfast mais ils sont extrêmement tolérants : nous sommes des mangeurs de grenouilles, franchouillards, retardataires, trouillards et fainéants, mais ils ne nous ont pas encore envahis afin de nous faucher sous le nez les dernières fermettes encore invendues en Lozère ou en Périgord Noir. Et ils ne nous ont jamais demandé le remboursement des locations toujours impayées de nos soldats des Forces Françaises Libres en 40-45, ni réclamé d’indemnités pour tous les dommages sentimentaux causés aux naïves et blondes petites anglaises et à leurs multiples descendances à cheveux noirs depuis cette belle période.
Voilà pour la tolérance.
-Ca recommence… ?
-OK, OK, on y va.
Or donc, après la première ballade, nous en avons fait une seconde. A VTT celle-là.
Pour ceux qui savent, sur un Décathlon comme tout le monde dans le lotissement, et un Specialized que j’avais acheté il y a dix ans quand j’avais un peu plus d’argent…mais qui fonctionne d’ailleurs comme au premier jour. Et pas seulement parce que je ne m’en sers pas souvent.
-Vroum !! Direction un GR bien sûr.
Avec, comme mise en appétit, une piste pour tracteur en campagne, sur laquelle nous voyons débouler un quad. Enfin, un mini quad pour gosse de riche, qui, justement, est aux commandes.
Fluos partout, casque NASA, machoires serrées, pétaradant à tout berzingue, et regard en coulisse pour voir, au passage, si nous l’admirons comme il faut, les bras au ciel et agenouillés dans la poussière.
Surprise, il est suivi par papa maman en 4X4 pour veiller qu’il ne se fasse pas mal.
Brave mais pas téméraire.
Indiana Jones au berceau.
Une fois le silence et la poussière retombés, nous continuons, bravement, pour tomber sur une barrière.
Eh oui. Nous vous l’avions bien dit !
Les GR c’est bien mais les proprios connaissent mieux le droit de propriété que les droits de passage.
Et comme ils sont souvent copains avec les maires…
Et que l’IGN c’est loin…
Discussion polie, de notre côté, casque à la main.
‘’Pardon siouplait, c’est pas par là que passe, sur douze mètres cinquante, seulement c’est pas beaucoup, de votre terre, un certain sentier balisé par l’Institut Géographique National de Paris, France ?’’.
‘’Oui oui, jeunes gens, mais vous voyez il y a une barrière mais comme vous êtes polis, vous pouvez, mais pas la prochaine fois.’’
On s’est esbignés et comme des sentiers il y en a pas mal, on est allés ailleurs.
Mais ailleurs ça grimpait plus.
Et si monter en danseuse ça fait joli à la télé sur le bitume, et surtout au Tour de France, par contre, dans les sentiers pleins de caillasses, on vous fait pas un dessin…
Trois, quatre fois, pied à terre.
Pas du portage, encore, mais tout juste.
8 kilomètres et des poussières, village en vue, ouf !
On l’avait senti à l’avance. Pas la lavande, le thyng ou le romaring, mais un truc, du genre Chanel ou Mugler, bref, un machin de blondasse en vacances dans ces merveilleuses pierres de Provence qouâââ ! Et ça va loin ces odeurs, avec un petit mistralet en plus.
Un tour dans le centre, une vraie fontaine avec de la vraie eau, de vraies cartes postales, une vraie boulangerie qui vend LE vrai journal du Var et du vrai pétrole pour les lampes tempêtes - ça sentait même vraiment pas mal…- et des pinces à linge on sait pas pourquoi, mais bien commodes pour serrer les jeans côté pédalier sinon c’est OTB (1).
Visite des ruines.
C’est des ruines.
Petite balade dans les rues fraîches.
On trouve du bon miel et du pollen séché à froid. Très très bon.
Ah, les braves petites zabeilles…
Ici il n’y a pas trop de Roundup ni d’autres machins toxiques. Enfin pas trop.
Einstein a dit que le jour où il n’y aurait plus d’abeilles, l’Humanité n’aurait plus que quelques années à vivre.
Le dernier Science et Vie a dit qu’il s’était un peu gouré. S’il n’y avait plus d’abeilles l’Humanité ne disparaîtrait pas tout de suite mais aurait encore un peu plus longtemps à vivre malgré un Environnement gravement mis à mal.
Humanité a pas mouru tout suite ? Qui c’est qui fait risette à Du Pont de Nemours ?
On se console comme on peut.
Allez. On pense à autre chose et on mange des fruits, très bon pour ne pas boire et doper la machine aux sucres plus malins, moins encrassants et plus rapides que les pastas.
On redescend et, au passage, un coup de flotte au déboucher d’une petite source, claire, fraîche, sympathique, souriante, qui sort d’un petit tuyau qui émerge d’une jolie plaque de mousse au pied d’un abre.
Madame s’avance pour en prendre dans la main, commence à boire puis…pouaaaahhhh !
C’était l’exutoire des cuisines de l’hôtel restaurant, de luxe SVP, 50 mètres plus haut.
Rien qu’à l’odeur…
Claire, fraîche, souriante…ouais, ben mon vieux !
On a tout de même appris que les cochonneries des restaus des riches puaient autant que celles des pauvres.
Juste avant de repartir, une plaque signalant les fours banals où nos ancêtres et les vôtres, faisaient cuire leurs pains en chœur et en cadence en chantant des trucs devenus depuis folkloriques.
L’inscription dit : ‘’Les fours banals donnaient lieu à des perceptions de taxes dues aux seigneurs des lieux pour les dépenses de chauffage occasionnées par la cuisson.’’
Chouette ! Désormais, nous sommes en République. Plus de taxes aux seigneurs des lieux !
Pour le chauffage et la cuisson on paye seulement aux pétroliers ou à EdF.
Ca change non ? Un vrai bonheur !
Allez ! Reprise du GR.
Encore un motard, crossman fluo lui aussi, qui déboule, euh plutôt, qui y va mollo mollo, pour ne pas abîmer sa pétrolette - et parce que manifestement il a la trouille – et descend moins vite que nous qui sommes follement grisés par le vent de la course démente qui…,non, qui ne se termine pas dans les cailloux parce qu’on freine avant et qu’on redescend tranquillou nous aussi. On a une excuse : nos engins à nous n’ont pas de suspensions hein…De vrais pros…
Reprise d’un bout de route goudronnée bordée de barrières de sécurité en joli bois d’arbre…
On regarde de près parce qu’on fouine partout pour se faire des vacances enrichies de nombreux souvenirs.
Tiens ? C’est du bois devant, mais derrière, c’est de l’acier de chez acier.
Plus costaud. Enfin assez pour retenir une bagnole de touristes baladeuse.
Ah funérailles !
Si on ne fait plus confiance au bois maintenant.
Et qu’on camoufle la méfiance en planquant les barrières d’acier derrière…
Au virage, un feu rouge.
Parce que la route est trop étroite pour avoir deux voies.
Mais comme c’est dimanche, le feu est éteint.
C’est bien la peine !
Et deux intelligents arrivent, en sens opposés, et aucun ne veut céder le passage.
On croyait être à la campagne et on se retrouve en pleine civilisation…
Pleine de surprises cette balade.
Bon.
Allez dodo pour ce soir.
Au fait. Vous ne nous avez toujours pas dit comment écailler les sardines sans s’en mettre partout.
Alors ?
(1). Over The Bar. Signifie à peu près, par-dessus le guidon. Dans le langage VTT que nous pratiquons, journal du VTT à l’appui , c’est l’élégante figure qu’on arrive à réaliser quand on se prend le bas du pantalon dans les dents du pédalier. Un dessin ?